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Olivier Morel, juriste en droit public sur la Côte d’Azur

Publié le 3 mai 2021

Membre de l’association « Zaïeuls Réunion », ce Saint-Josephois maintient des liens forts avec son île, qui n’a jamais quitté son coeur et ses pensées. Portrait.


Pouvez-vous vous présenter ?

Olivier Morel, 29 ans, je suis originaire de la ville de Saint-Joseph, dans le Sud Sauvage, où ma famille est installée depuis plusieurs générations. J’ai grandi dans une famille où les notions de partage, de respect, de sincérité et de générosité sont omniprésentes et je remercie mes parents pour l’éducation et l’amour qu’ils m’ont donné. De par leurs professions, agriculteur pour mon père et ATSEM, pour ma mère, mes parents nous ont transmis à moi et à ma sœur, les valeurs du travail et du sacrifice mais surtout, ils nous ont toujours poussé à poursuivre nos rêves. Pour ma part, je garde le souvenir d’une enfance heureuse et épanouie, le lien avec ma famille est donc primordial pour mon épanouissement et mon bien-être.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

Durant mon adolescence, j’ai toujours su que je souhaitais m’envoler, à ma majorité, vers d’autres horizons pour me responsabiliser, gagner en autonomie et surtout pour découvrir le monde. C’est pourquoi, dès l’obtention de mon baccalauréat en 2010, je me suis envolé pour la ville de Lyon afin de poursuivre mes études supérieures dans une licence en droit et en sciences politiques.

Racontez-nous vos débuts en métropole ?

À mon arrivée à Lyon, l’une des anecdotes les plus marquantes était la rencontre avec la famille de mon père qu’il n’avait pas vu depuis des années alors que ma mère et moi ne les connaissions pas à l’époque. Ma mère m’avait accompagné pour m’installer dans ma nouvelle ville étudiante et à la sortie du terminal de l’aéroport de Saint-Exupéry, la famille de mon père nous attendait avec des pancartes où étaient inscrits nos noms respectifs. C’était assez drôle à vivre mais cette première rencontre m’a permis de tisser un véritable lien avec cette famille éloignée qui est devenue au fil des années, une véritable famille de cœur et un pilier pour moi dans ma nouvelle vie métropolitaine.


Cette nouvelle vie métropolitaine, à tout juste 18 ans, a été à contre-courant de tout ce que j’ai connu à la Réunion, puisque j’y ai découvert de nouveaux modes de vie, des nouveaux moyens de transports (tramways, métros, TGV), les grands centres commerciaux, les différentes saisons qui s’enchaînent et surtout le véritable « hiver » avec ses températures glaciales. Pour autant, je garde un très bon souvenir de mes premiers pas dans ma vie étudiante métropolitaine. À Lyon, j’ai apprécié cette ville cosmopolite et très ouverte d’esprit. La Ville des Lumières est restée gravée dans mon cœur et les gens que j’ai croisés dans mon parcours ont toujours été très avenants, gentils et généreux à mon égard. J’y ai surtout rencontré des personnes formidables à la fac avec qui j’ai tissé de véritables liens amicaux.

Et ensuite ?

Sur le plan académique, je suis titulaire d’une licence en droit et sciences politiques ainsi que d’un Master 2 en droit public, spécialité services et politiques publics. Après mon premier poste en tant que Responsable des assemblées, des assurances et de la gestion immobilière, dans une commune de l’Est lyonnais dénommée « Chassieu », j’ai décidé de changer de région en 2019, après neuf ans passés sur Lyon pour découvrir la vie sur la Côte d’Azur et ses alentours.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je suis juriste spécialisé en droit public pour le compte de la Commune de Saint-Laurent-du-Var, dans les Alpes-Maritimes. J’ai notamment pour missions de gérer les contentieux, de préparer les conseils municipaux, de sécuriser les actes juridiques de la collectivité, de traiter certains dossiers fonciers, de gérer la réglementation relative aux débits de boissons, aux périls et aux taxis, ou encore de répondre aux questions juridiques émanant des autres services.


Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses
habitants ?

La Côte d’Azur est une région où il fait bon vivre, avec des températures idéales, la mer et la montagne à proximité qui me rappellent mon île natale. Mais contrairement à Lyon, il m’est apparu un peu plus difficile, à quelques exceptions près, de tisser des liens amicaux avec les azuréens en dehors du travail.

Quels sont vos projets ?

En dehors de mon environnement professionnel, je me suis récemment investi dans une toute jeune association réunionnaise nommée « ZAIEULS RÉUNION » qui a pour ambition de promouvoir, de défendre et de sauvegarder la culture et l’identité réunionnaise à travers différentes thématiques (généalogie, musique, littérature, histoire, gastronomie, etc...). En tant que jeunes, je pense que nous devons également être acteur de notre avenir et surtout, nous devons préserver notre savoir-vivre et nos traditions qui font la fierté de notre ile au-delà de nos frontières.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Comme tout créole qui se respecte, je suis bien évidemment attaché à ma culture et l’identité réunionnaise. Lorsque je suis arrivé en métropole, mes parents et tous mes proches m’ont offert des présents pour mon installation comme des marmites en fonte « pou faire un bon ti rougail saucisses ou un bon carry poulet » comme à la maison, des vannes, des posters, des objets décoratifs en tous genres mais aussi de la vanille, du rhum, etc. La plupart de ces objets sont encore aujourd’hui en ma possession car ils ont pour moi une véritable valeur sentimentale. Lorsque je retourne au pays, je reviens toujours très chargé avec des confitures, des charcuteries, des bonbons miels et cravates et surtout avec TV Bars offerts par différents membres de ma famille.


Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la
Réunion ?

Je sais que je rentrerai chez moi, un jour, dès que l’opportunité se présentera, et ce, dans l’optique de faire profiter mon île de toute l’expertise que j’ai pu acquérir en métropole dans le cadre de mon emploi. La crise sanitaire du covid 19 a bouleversé mes plans quant à au choix de mon lieu de vie mais aussi rappelé l’importance de la famille... surtout lorsqu’on se retrouve à 10 000 km de ses proches. Pour moi, revenir habiter à la Réunion est une opportunité à saisir, car on a quand même un cadre de vie idéal pour s’épanouir et fonder une vie de famille.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

En arrivant à Lyon, j’ai eu la surprise de découvrir que la communauté réunionnaise y était très implantée. J’ai eu l’occasion de tisser des liens amicaux avec certaines personnes grâce aux différentes soirées créoles organisées dans la région. J’y ai rencontré d’autres réunionnais et réunionnaises, qui comme moi, ont tenté l’aventure de la mobilité mais aussi, des compatriotes antillais et guyanais lorsque j’étais à la fac de droit. Nous avions tissé un lien indéfectible puisque de par nos origines ultramarines car nous avions de nombreuses similitudes dans nos modes de vie, dans notre culture, etc. Aujourd’hui encore, ces personnes font toujours partie de mon cercle d’ami(e)s intimes.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Depuis mon arrivée en métropole, je me suis rendu compte que j’avais eu de la chance de grandir dans un endroit comme la Réunion, avec ses couleurs, ses montagnes, son soleil, ses plages, sa gastronomie mais surtout son art de vivre où les notions de tolérance et de respect sont ancrées dans nos gênes. Ce qui me manque aussi, c’est le contact avec la famille car lorsque j’étais étudiant, je voyais certains de mes camarades de promo se préparer pour retourner chez eux le week-end. Or, je n’avais pas cette opportunité. Mais avec le recul, ce manque a forgé mon caractère et m’a permis d’apprécier davantage les retrouvailles avec mes proches lorsque je rentre en vacances au « péi ».


Je ne serais pas arrivé là si je n’avais pas eu le soutien indéfectible de mes proches dans la réalisation de mes objectifs et si je n’avais pas fait preuve d’audace, de persévérance et de curiosité. Comme dit créole, « P’tit hache y coupe gros bois ».


Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

L’expérience de la mobilité m’a beaucoup apporté, notamment en matière d’ouverture d’esprit, de responsabilité et de dépassement de soi. La mobilité est une expérience qui nous permet également de mieux nous connaître et de se forger un mental d’acier pour surmonter l’éloignement avec la famille. Cette expérience a donc été pour moi très positive et je ne peux qu’encourager les jeunes Réunionnais et Réunionnaises à s’ouvrir au monde et à franchir, s’ils le souhaitent, le pas de la mobilité.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion
 ?

Je suis de très près l’actualité socio-économique de la Réunion via les réseaux sociaux et les différents médias et force est de constater que notre île s’est bien développée au fil des années. Cependant, le nombre de chômeurs, notamment chez les jeunes et le taux de pauvreté demeurent encore trop importants par rapport aux statistiques de la métropole. Par ailleurs, avec notre croissance démographique qui est l’une des plus fortes en Outre-mer, nos acteurs locaux, qu’ils soient économiques ou politiques, ont encore du mal à résorber les défis quotidiens que rencontrent les Réunionnais : en matière de logements, de politiques publiques de santé, d’offres d’emploi, etc. Pour ma part, je pense qu’on devrait encourager davantage les initiatives locales (implantation et développement des « start-up », privilégier les circuits courts avec les agriculteurs, soutien financiers aux commerçants et artisans, ainsi qu’aux TPE, etc.) tout en privilégiant un aménagement durable et raisonné de nos micro-régions afin de conserver nos traditions et notre mode de vie créole.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Lorsque j’étais à Lyon, les gens avaient une certaine connaissance de l’île et de sa géographie, même si j’avais encore souvent le droit à des amalgames du genre « Ah oui, la Réunion c’est à côté de la Martinique c’est ça ? » ou bien, à des raccourcis du genre « Ah oui la Réunion, Dimitri PAYET et Guillaume HOARAU ! ». Mais dans l’ensemble, on va dire que la forte présence de la communauté réunionnaise à Lyon a quand même permis à bon nombre de personnes de mieux connaître la Réunion, sa culture, sa gastronomie, son art de vivre au lieu de la caricaturer à une simple « carte postale sous les Tropiques ».

Plus récemment, dans la région Niçoise, j’étais surpris de voir que mes collègues avaient plutôt une bonne connaissance de la Réunion et j’ai eu l’occasion de leur faire découvrir la gastronomie de notre île qu’ils ont appréciée. Nous allions également, avant les restrictions sanitaires, chez Jacqueline et Didier qui tiennent la « Case à Samoussa » à Nice et qui ont toujours été très accueillants et généreux avec leurs clients. D’ailleurs, « le band’ plats zot i propose la ramène à mwin directement la caz avec l’odeur des rougails et des épices. Mi sentais à mwin comme à la caz ».


+ d’infos sur https://zaieuls.fr / www.facebook.com/zaieuls

Zaïeuls a pour but de préserver la mémoire, la tradition, la culture, les savoirs, l’histoire et la langue réunionnaise. L’association propose plusieurs services :
- Création d’arbre généalogique et aide à la recherche.
- Culture et découverte de la tradition réunionnaise.
- Partage de la mémoire et des savoirs.

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