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Olivier Ramalingom, un kréopolitain de retour sur l’île

Publié le 20 juin 2022

Né à Paris de parents réunionnais, cet ex sportif de haut niveau a créé sa marque de vêtements recyclés et à base de bambou : Orun Island. Il raconte son parcours et le lien qu’il a toujours gardé avec la Réunion dans cette interview « spécial retour ».


Pouvez-vous vous présenter ?

Olivier Ramalingom. Je suis né à Paris en 1965 de famille réunionnaise, mes parents étant venus en métropole pour travailler. J’ai fait mes études en région parisienne, avant de partir dans le Sud de la France pour des raisons sportives. Diplômé en électronique, spécialisé dans les télécommunications, j’ai plus de 15 ans d’expérience en tant que directeur en France et à l’étranger. J’ai parcouru la métropole sur des missions de management qui m’ont amené au Gabon, au Mali et enfin à la Réunion.

Quelle part a eu la Réunion dans votre enfance ?

Ayant grandi en banlieue parisienne, j’ai toujours été considéré comme un immigré venu d’Afrique. Du côté de la Réunion, je suis un « kréopolitain », un Réunionnais qui vient de métropole. Mais à la maison, mes parents avaient pour habitude de mettre du séga tous les week-ends. La chanson de Michel Admette « La route en corniche » m’a toujours suivi, et j’ai beaucoup d’émotion quand j’entends les vielles ritournelles de mon enfance : Ti fleur fanée, Toué lé jolie, …

Football américain à Aix en Provence

Avez-vous eu des contacts avec des Réunionnais ?

Oui, j’ai toujours revendiqué mes origines et j’ai eu des contacts avec mes compatriotes tout au long de ma vie. Une anecdote : j’ai sympathisé avec Jackson Richardson à l’époque où il jouait à l’OM Vitrolles. Nous avions le même président de club, lui en handball et moi en football américain à Aix en Provence. A ce titre, je crois bien que je suis le premier international d’origine réunionnaise (le seul ?) dans cette discipline a avoir été sélectionné pour un camp NFL (ligie américaine de foot US).

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

C’est la conjonction d’une opportunité professionnelle, du besoin de venir m’occuper de mes parents et de l’envie de vivre enfin sur ma terre d’origine. Embauché en 2015 dans une entreprise de réseaux et de fibre optique, j’ai bénéficié des avantages du fait d’être muté sur l’île dans un modèle « expatrié ».

Quelques modèles de la marque Orun Island

Avez-vous eu des difficultés professionnelles à vous réinstaller ?

Les difficultés ont été en termes de logistique car les délais d’approvisionnement sont très long, administratif (là aussi c’est très long !), et de ressources et formation car le marché était naissant et en plein développement sur la Réunion. Le marché du travail est très compliqué sur l’île ; le réseau local professionnel et familial a une importance capitale, même si dans mon cas, mon origine réunionnaise ne m’a pas aidé à trouver un poste .

Parlez-nous de la marque que vous avez créée en 2018, Orun Island.

J’avais envie de montrer le potentiel environnemental, culturel et sportif de la Réunion, ce terrain de jeu terre & mer, ce volcan du bout du monde … Les designs, inspirés de la nature environnante et des couleurs naturelles de l’île, sont créés artisanalement à la Réunion. La démarche est éco-responsable ; les vêtements sportifs sont fabriqués à partir de fibres naturelles telles que le bambou ou en plastique reconditionné. Nous assurons également la personnalisation (création d’un visuel sublimé) avec des designs individualisés, réalisés pour les entreprises, les clubs ou les évènements. 

Marjolaine Pierré, triathlète, ambassadrice Orun Island

Quels sont vos projets ?

Je suis momentanément à Paris pour développer la marque en métropole. Mon projet est de mettre en lumière la Réunion, méconnue par rapport aux îles « soeurs » telles que les Seychelles et Maurice, comme une île d’aventure, en développant une marque distribuée à l’international. Je souhaite également accompagner les sportifs dans le changement des modes de consommation avec des équipements adaptés aux sports mais aussi au respect de l’environnement.

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

Le bilan est forcément positif car sans cette expérience, je n’aurais sans doute pas pu revenir à la Réunion pour créer ma société. Mon regard sur la Réunion est plein de bienveillance, j’essaye à mon échelle de participer à la préservation de ce territoire.

Collection fibres de bambou "anti UV " designée en collaboration avec Kélonia

Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

Si je n’ai pas eu la chance de connaitre ce que peut être une douce enfance sur l’île, je suis heureux que ma fille puisse vivre cette expérience : parler créole et être au plus près de sa culture. Tout comme mon fils, joueur de Ligue 2 de football, lui aussi très attaché à l’île et qui vient régulièrement dès qu’il peut pendant la trêve. Ici, on ne ressent pas l’excitation et les angoisses de la métropole. A la Réunion, les gens sont tolérants (religions), accueillants et il y fait bon vivre.

Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous souhaiteraient rentrer sur l’île ?

Après une bonne formation et un bonne expérience, tout est envisageable. Mais il est préférable de venir avec un contrat ou un projet professionnel bien réfléchi car la vie est très chère à la Réunion.


+ d’infos sur : https://orun.shop/ / www.facebook.com/ORUNISLAND
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La blogueuse réunionnaise Chloé (Le monde de Chloé)
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