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Omaïdo : elle a créé une marque de soins réfrigérés à base de produits réunionnais

Publié le 16 juin 2022

Curcuma, géranium, letchi… quand Marina Féat-Gultzgoff monte son projet de cosmétiques péi, elle a pour objectif de valoriser les plantes de la Réunion et de l’Océan Indien, mais aussi d’y ajouter une part d’innovation. Le résultat : la 1ère marque française de soins de beauté réfrigérés a débuté sa commercialisation en mai 2022, avec des premiers succès*. Interview de cette chef d’entreprise dionysienne, rentrée sur l’île après avoir fait ses armes en lobbying à Bruxelles.
* La crème hydratante éclat d’OMAÏDO figure dans la sélection de TOP SANTE « Les 3 gestes essentiels du matin pour avoir une belle peau » (06/2022)


Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Marina Féat-Gultzgoff, j’ai 40 ans, je suis d’origine dionysienne, et je suis diplômée de Sciences Po Strasbourg. Depuis trois ans, je travaille à mon projet entrepreneurial qui a pris vie il y a quelques semaines : les cosmétiques réfrigérés Omaïdo !

Racontez-nous votre parcours de mobilité.

Comme beaucoup de Réunionnais, j’ai quitté l’île après le bac et j’ai passé cinq années à Strasbourg pour suivre des études de sciences politiques et un DESS en affaires européennes. Lors de mes études j’ai eu la chance de passer une année ERASMUS à Berlin... une expérience extraordinaire ! Puis j’ai démarré ma vie professionnelle à Bruxelles, où j’ai travaillé dans un cabinet de conseil et de défense des socioprofessionnels ultramarins. Un rêve pour moi de pouvoir allier ma passion des affaires européennes et l’amour de l’outre-mer…

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

Je suis rentrée à la Réunion en 2008, pour plusieurs raisons. D’abord le climat bruxellois pesait beaucoup sur mon moral ! Et puis j’avais envie, après quatre années à côtoyer les hautes sphères parisiennes et bruxelloises, de me rendre utile sur le terrain, de participer au développement des outremers au plus près des enjeux locaux, et de faire bénéficier aux acteurs locaux de mon expérience communautaire. Et enfin, je dois être honnête, mon mari, qui est un Lyonnais pur jus, ne m’a pas laissé le choix : c’était la Réunion, et aucun autre territoire ultramarin. Une fois n’est pas coutume, il a eu le dernier mot !

Formulation des produits en laboratoire, à la Réunion

Avez-vous préparé votre retour d’une façon spécifique ?

Quand mon mari et moi avons eu tous les deux des offres d’emplois qui correspondaient à nos envies et à nos valeurs, nous avons mis nos affaires dans un container, et avons posé nos valises à La Réunion. Ayant mes parents sur l’île, le retour a été plus simple. Nous avons rapidement trouvé un logement en location dans un premier temps, le temps de voir si nous avions pris la bonne décision. Et puis au bout de 18 mois, nous étions tous les deux convaincus que nous avions envie de faire un bout de chemin à la Réunion, et nous avons acheté à la Possession.

Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

Je me souviens d’un mélange d’excitation et d’appréhension. Après m’être envolée du nid à à peine 18 ans, et après avoir parcouru l’Europe et les territoires ultramarins sur tous les continents, je craignais de me sentir à l’étroit à la Réunion, de m’ennuyer, personnellement et professionnellement. La condition sine qua non de notre installation était de trouver deux postes qui nous permettraient de garder cette ouverture sur Paris et Bruxelles. Nous avons eu la chance de les trouver ! Et à titre personnel, j’ai eu le plaisir de retrouver des amis du collège et du lycée, et puis très rapidement nous avons reconstitué un cercle d’amis proches.

Qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

Après avoir passé quatre années à parcourir les outremers français, de la Guyane à Wallis et Futuna, en passant par les Antilles et la Calédonie, je me suis rendue compte plus que jamais que la Réunion était une terre de projets, avec un dynamisme incomparable ! Mais ce qui m’a le plus changé, c’est le « tout voiture », même si je sais que c’est en train de bouger doucement. A Bruxelles, Berlin, Strasbourg, je n’avais pas besoin de voiture, je faisais tout à vélo ou en transport en commun. En arrivant à la Réunion, je me suis rendue compte que je devais prendre ma voiture même pour aller acheter du pain.


Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Après avoir passé dix ans à la tête d’une grande interprofession agricole réunionnaise, je développe depuis trois ans une gamme de produits cosmétiques innovants car réfrigérés, aux formules 100% d’origine naturelle et composés de matières premières de La Réunion et de l’Océan Indien. Ma volonté était de valoriser les plantes de la Réunion et de l’Océan Indien, et d’accompagner les producteurs dans leur développement et structuration, tout en proposant aux consommateurs une alternative aux produits cosmétiques conventionnels : Omaïdo propose des soins 100% d’origine naturelle, sans conservateurs synthétiques, efficaces du fait de la préservation par le froid des actifs, et très sensoriels du fait de la sensation de froid sur la peau.

Quelle est la part d’innovation dans ce projet ?

L’innovation au cœur d’Omaïdo réside dans le fait de préserver les actifs sensibles tels que la curcumine, les vitamines, les antioxydants durant toutes les étapes de production et de commercialisation. Aucune matière première n’est chauffée lors de la phase de formulation pour ne dégrader aucun élément essentiel. Une chaine du froid totale est respectée de la sortie de production jusqu’au consommateur final pour garantir une efficacité optimale. Enfin, les packagings sont en verre brun pharmaceutique, ultra protecteurs pour les formules.

En quoi la Réunion est-elle une source d’inspiration ?

La Réunion est plus qu’une source d’inspiration, ça a été le moteur de mon projet ! La nature réunionnaise m’inspire au quotidien. Nous avons la chance d’avoir une île avec une flore d’une richesse incroyable. J’avais envie de faire découvrir ces trésors au plus grand nombre, dans le respect de la terre qui m’a vue grandir et qui m’a nourrie. Ce projet n’aurait aucun sens sans les producteurs locaux avec lesquels je travaille main dans la main depuis le début, et qui partagent les mêmes valeurs que moi : le respect de la terre, des hommes et de la nature. J’apprends chaque jour à leur contact, et chaque fois que j’ai un petit coup de blues, j’enfile mes bottes et je monte les voir dans leurs champs. C’est une reconnexion indispensable pour moi, une manière peut être aussi de garder les pieds sur terre, de prendre du recul et de revenir à l’essentiel.

A Grand-Coude pour travailler avec les producteurs de géranium sur la structuration et le développement de leur filière. J’ai eu le plaisir de leur présenter les prototypes de mes produits ! Quelle fierté après ces années de travail de pouvoir leur faire essayer mes produits, et de leur expliquer que la matière première numéro 1 dans l’ensemble de la gamme était leur hydrolat de géranium Bourbon ! Cela donne du sens. A mon projet. Mais aussi à leur travail.

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ? Que vous a-t-elle apporté ?

Je n’en serais pas là aujourd’hui si je n’avais pas eu le courage, après mon bac, de partir avec une valise et une cocotte à riz (très important la cocotte à riz !). Mon expérience de mobilité m’a tout appris ! et c’est pour cela que je suis revenue plus forte à l’Ile de la Réunion, avec un sentiment de pouvoir apporter quelque chose à mon territoire. Je conseille à tout Réunionnais qui en a les moyens de vivre une expérience en dehors de l’ile. C’est extrêmement important à titre personnel mais aussi professionnel, et ça permet aussi de savoir pourquoi on souhaite rentrer vivre à la Réunion. L’ouverture sur l’extérieur est encore plus importante je pense avec le contexte insulaire.

Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

Une vraie satisfaction de pouvoir contribuer au développement de mon île et d’apporter ma petite pierre à l’édifice. Ma déception, peut être de constater parfois une tendance au repli sur soi des Réunionnais alors que je suis convaincue que nous avons tous à gagner à être plus ouverts sur l’extérieur.


Ma première gamme, Curcumine Glow, se compose de quatre produits de soins pour la peau, formulés principalement à base d’hydrolat de géranium bourbon bio, de curcuma bio de la Réunion, d’huile essentielle d’ylang de Mayotte, et d’huiles végétales précieuses de Madagascar. Je suis en négociation avec un groupe pharmaceutique pour implanter la gamme à la Réunion dans les prochains mois. J’ai hâte ! En attendant, les Réunionnais basés à Paris et en Ile de France peuvent d’ores et déjà découvrir la gamme Omaïdo et se faire livrer à domicile avec respect de la chaine du froid en commandant sur le site internet www.omaido.fr

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