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Pascal Armoudom, directeur dans un cabinet de conseil en stratégie

Publié le 30 avril 2006

A 35 ans, Pascal est directeur -spécialisé Grande Consommation/Distribution- dans un cabinet de conseil en stratégie international, A.T. Kearney. Basé à Paris, il a eu la chance de mener en six ans une quinzaine de missions pour de grands groupes en Europe, aux Etats-Unis et parfois en Asie. Auparavant, il avait travaillé dans le marketing chez Procter & Gamble.

Pascal Armoudom
"Grâce au brassage culturel que nous avons connu, nous sommes complètement à même de comprendre et nous intégrer à la mondialisation".

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Mes parents sont originaires de l’Ouest de l’île (Saint Paul, La Saline) mais j’ai essentiellement vécu à Saint-Denis. Comme beaucoup de Réunionnais de souche, mes grands-parents ont vécu une partie de leur existence dans des conditions très modestes. Ils ont su par la suite encourager leurs enfants à faire des études de second cycle. J’ai ainsi grandi moi-même dans un environnement où je n’ai manqué de rien, sans que l’on puisse parler d’abondance".

Dans quelles conditions avez-vous quitté la Réunion ?

"Adolescent, je projetais de faire des études supérieures de commerce ou d’ingénieur. Comme beaucoup à ce moment-là (fin des années 80), il m’est apparu incontournable de devoir poursuivre mes études en Métropole et m’éloigner de ma famille, de la chaleur des Réunionnais et bien sûr des beaux paysages ensoleillés. J’ai eu par la suite la possibilité de m’installer à nouveau de manière durable dans l’île, mais je n’y ai pas vraiment trouvé des possibilités d’évolution comparables. J’ai donc fait le même choix difficile à deux reprises".

Quel a été votre parcours ?

"Je suis progressivement remonté ’vers le nord’ : baccalauréat et classes préparatoires à Montpellier, premières années d’études à Lyon, service national chez Peugeot en... Allemagne, pour finalement me stabiliser à la latitude parisienne. J’ai eu la chance de retrouver de la famille et des amis réunionnais tout au long de ce parcours, avec à chaque fois les carrys, le punch et les histoires de Thierry Jardinot pour faire passer le mal du pays".

Pascal Armoudom
La mission de Pascal consiste à gèrer des équipes internationales et à formuler des recommandations pour les directions générales de grands groupes.

Quels sont vos projets ?

"Je compte rester encore au moins une dizaine d’années en Europe, avant peut-être de remettre les voiles vers l’Océan Indien, qui sait ? En attendant, je reviens passer quelques semaines environ une fois par an dans cette belle région du monde".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Le caractère unique au monde de la Réunion, cela reste pour moi la coexistence harmonieuse sur un si petit territoire de ces différentes cultures et religions. Bien sûr, il y a des des tensions latentes, mais n’est-ce pas un moindre mal ? Je n’ai pas vu au cours de mes voyages un seul territoire où la tolérance et le mélange entre les cultures étaient aussi grands. Mes camarades de collège ou de lycée étaient ’malabars, zoreils, caf’, chinois ou zarab’, et cela ne nous posait aucun problème : au contraire, nous avions l’habitude d’évoquer les caricatures sur chacune de nos ethnies pour mieux en rire. Les Réunionnais doivent à tout prix préserver cela, pour pouvoir le faire partager avec les citoyens du monde entier ! "

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Bien qu’il adore son petit bout de caillou, et le soleil qui le réchauffe, le jeune Réunionnais doit aller au contact des autres, découvrir, ’dompter’ ces régions qui peuvent lui sembler a priori hostiles, pour éventuellement revenir ensuite, mais avec un autre regard... Et aussi pour contribuer à mieux faire connaître la Réunion. Cela nous éviterait à terme de dire aux Anglais ou aux Allemands que la Réunion ’is an island close to Mauritius’."

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"J’ai eu la possibilité de côtoyer de près des créateurs et des PME à la Réunion. Je leur ai trouvé une énergie impressionnante. Un bond fantastique a été fait au cours des trente dernières années : auto-suffisance en fruits et légumes, développement de l’import substitution, enrichissement des possibilités de formation au niveau local, et ce malgré des handicaps bien connus. Néanmoins, nous pourrions faire plus pour faire de l’ultra-périphéricité une plus grande chance. Viser d’être la ’base arrière’ de l’industrie française dans la Région, pour conquérir certains marchés, en Afrique du Sud par exemple... Mieux exploiter la diversité ethnique de l’île également pour structurer des réseaux d’affaires avec des pays comme la Chine, l’Inde, ou ceux du Moyen-Orient".

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