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Pauline et Ludovic Hoareau, architectes à Montpellier

Publié le 10 juillet 2023

Mariés et associés, ils ont lancé « Aterla Architecture » et ambitionnent de créer un collectif d’architectes réunionnais dans l’Hexagone. Pauline nous explique comment ce jeune couple s’est installé à Baillargues, près de Montpellier, juste après ses études.


Pouvez-vous vous présenter ?

Pauline Hoareau (Técher), originaire de Saint-Benoît, 31 ans. J’ai commencé mes études à l’école d’architecture du Port à la Réunion en 2010, antenne de l’ENSAM de Montpellier. A l’époque il n’y avait que la licence sur l’île. Quand j’ai voulu poursuivre mes études et passer mon master, j’ai dû quitter la Réunion pour aller à Montpellier en 2014.

Que vous ont apporté ces études ?

A la Réunion, les études étaient très tournées vers l’architecture tropicale et bioclimatique. Venir en métropole m’a permis de voyager plus facilement, visiter des villes d’Europe et découvrir d’autres façons de construire. Cela m’a également permis de travailler dans des agences spécialisées dans différents domaines : le patrimoine, les marchés publics ou encore l’architecture pour les particuliers. Après mes études, j’ai travaillé pendant deux ans dans une agence spécialisée dans l’architecture du patrimoine.


Et ensuite ?

Diplômés Architectes d’État à l’École Nationale d’Architecture de Montpellier, Ludovic et moi nous sommes installés à Baillargues près de Montpellier il y a trois ans, un village où nous avons été accueillis par des voisins adorables ! C’est une petite ville vraiment agréable à vivre. C’est pour ça que nous nous y sommes mariés il y a un an. On a fait un défilé dans le village aux rythmes de la musique réunionnaise. C’était formidable ! La plupart des gens sont très généreux. J’ai également eu de mauvaises rencontres à Montpellier (certains profs qui avaient des paroles plutôt borderline sur les capacités des étudiants réunionnais), mais on essaie de ne pas les garder en mémoire.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je réalise depuis quelques années des projets à échelle humaine et écologiques, réfléchis en amont pour une valorisation énergétique et conçus en matériaux bio-sourcés. J’ai décidé de franchir le pas et de me consacrer à l’architecture écologique et naturelle en me formant aux modes constructifs en matériaux géo et bio-sourcés. Architecture, dessin et écologie… Impossible de compartimenter ces passions. C’est pourquoi j’ai voulu créer une entreprise qui me permettrait de tout concilier : Aterla Architecture et Design, lancée en 2020 avec mon mari et associé Ludovic.

Mariage à Baillargues près de Montpellier

A qui s’adresse Aterla ?

Nous conseillons principalement les particuliers en matières de construction et d’aménagement intérieur et/ou extérieur. Nous avons tous des projets et envie de construire un cocon pour notre famille. Indépendamment de nos ressources ou notre niveau de vie, nous sommes tous à la recherche du bonheur chez soi. L’architecture ne devrait pas être un art réservé aux riches et à la classe bourgeoise. "Paysans et vagabonds !", sachez qu’il existe une alternative à la grande distribution et aux bricolages pas toujours très réussis : Aterla architecture ! Pourquoi "Aterla" ? Parseke nou lé la, ici et maintenant et que nou aim fait des projets simples ki ressemble à zot et pour tout domoun. Des projets que nou fait aterla et pas ailleurs. Alors paré pou rencontre a nou ?

Quels sont vos projets ?

Me concentrer sur l’architecture de proximité et continuer de travailler avec des particuliers afin de changer l’image des architectes " inaccessibles ". Développer un collectif d’architectes réunionnais, créer un lieu d’apprentissage pour les futurs jeunes architectes diplômés.

Mariage à Baillargues près de Montpellier

Quel lien gardez-vous avec la Réunion ?

Des contacts professionnels (par exemple "L’ilothentik" était le traiteur de notre mariage. Mais surtout des amis pour la vie que j’ai la chance d’avoir près de moi à Montpellier, à Angers ou à Toulon. Je retourne à la Réunion tous les deux trois ans et je ramène toujours quelque chose de mes voyages : un pilon, des boucles d’oreilles fait-main en forme de letchis, un bracelet en pierre de lave, des recettes, des épices, des ingrédients… Je ne serais pas arrivée là si je n’avais pas été soutenue dans tous mes projets par mon mari et mes parents. Les avoir près de moi, ici, c’est avoir un bout de mon île tout près de moi. Cela me permet de tenir bon quand je suis au creux de la vague.

Qu’est-ce qui vous manque de l’île ?

Tout ! Saint-Joseph, l’Ermitage le matin et au coucher du soleil. Le marché du Chaudron, ses odeurs, entendre les marchands chanter leurs produits sous les toiles rouges et vertes. Saint-Benoît et ma famille maternelle. Les tours de l’île du dimanche avec mes parents et mes frères, juste pour rouler sans but précis. S’arrêter à Saint Pierre pour apercevoir les baleines au loin. L’odeur de la mer, le son des vagues... Allez j’arrête. Toute l’île me manque. 


Quel est votre regard sur la Réunion et son évolution ?

Je vais vous donner mon point de vue d’architecte. Pour moi, il y a trop de projets de constructions et de trop grande envergure. Les Réunionnais sont-ils consultés avant ces grands projets qui défigurent l’authenticité de l’île ? Il y a aussi un déséquilibre entre le nord hyper construit, avec des infrastructures de plus en plus hallucinantes telles la route sur mer ou le téléphérique, et certaines petites villes du sud n’ont même pas de transports en commun réguliers... D’un point de vue extérieur, l’île semble se moderniser mais... change-t-on le fond avec la forme ? J’aime mon île, elle me manque plus que tout, mais son développement ne me semble pas mettre en avant les emplois locaux et le patrimoine réunionnais.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Voici ce que j’entends depuis des années : "C’est exotique, c’est beau, les gens sont tolérants et arrivent à vivre ensemble… pas comme ici." On me parle autant de Freedom que des magnifiques paysages de l’île, mais aussi des moustiques et des requins. Face aux clichés, je défends la réputation de mon île. Je réponds aux curieux que chacun est libre de se faire son propre avis et d’y aller pour vérifier.


+ d’infos sur www.facebook.com/aterlaarchitecture / www.instagram.com/aterlaarchitecture

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