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Philippe Lartin, membre de l’Amicale des Réunionnais de Tahiti

Publié le 15 mars 2009

L’ART regroupe 200 familles sur l’ensemble des îles de la Polynésie Française. Très actifs, les Réunionnais du Pacifique se retrouvent le temps d’un bal, d’un pique-nique ou simplement pour s’entraider. Composée en partie de fonctionnaires en détachement, l’association compte aussi des "Créonésiens", installés définitivement parce qu’amoureux de Tahiti, de son immense lagon turquoise, du mode de vie, et de la proximité avec l’Australie, la Californie et la Nouvelle-Zélande.

Association des Réunionnais de Tahiti

Pouvez-vous nous présenter l’ART ?

L’Amicale des Réunionnais de Tahiti (A.R.T.) est l’association 1901 des créoles de naissance ou de coeur qui résident en Polynésie Française de manière permanente ou pour un séjour. Elle regroupe quelque 200 familles. Créée au début des années 80, l’association regroupait les originaires de l’océan Indien et se dénommait alors A.G.O.I., Amicale des Gens de l’océan Indien. L’amicale à l’époque permettait aux Mauriciens, Malgaches, Seychellois et bien sûr Réunionnais de se retrouver le temps d’un bal, d’un pique-nique, d’un tournoi de foot ou de domino ou simplement pour s’entraider. Depuis décembre 2007, l’A.G.O.I. est devenue A.R.T. pour mieux fédérer les énergies présentes.

D’où viennent les membres de l’ART ?

Du nord au sud, de l’est à l’ouest, l’ensemble de La Réunion est bien représentée. Nous trouvons des originaires de la Plaine-des-Grègues, de St-Gilles, de Saint-Benoît ou de Saint-Pierre, et même de Palmiste Rouge. C’est pour le travail, par amour, goût du voyage ou simplement par hasard qu’ils vivent aujourd’hui en Porinetia Farani. Il y a les séjournants qui sont généralement fonctionnaires détachés, des profs, des militaires etc. et puis il y a les "Créonésiens", ceux qui se sont installés définitivement ici et ont changé l’océan Indien pour le Pacifique, parce qu’amoureux de Tahiti, de son immense lagon turquoise, du mode de vie, des vahinés, de la proximité avec l’Australie, la Californie, la Nlle-Zélande.

Quel est le parcours pour arriver en Polynésie ?

Le parcours passe généralement par LAX, l’aéroport international de Los Angeles, et les redoutables files d’attente de l’US Immigration and Customs Enforcement, une vraie épreuve depuis le 11 septembre… En tout depuis Gillot c’est pratiquement 30 000 km de vol ! Mais entendre le son du ukulele et voir la danseuse de tamure après un si long périple ça permet de tout oublier...

Qu’aimez-vous d’autre dans votre vie tahitienne ?

C’est un grand dépaysement, un enrichissement moral et intellectuel de vivre ici. La Polynésie c’est une autre histoire, celles des Ma’ohi, c’est une autre géographie : une étendue maritime immense, cinq archipels, près de 120 îles et atolls étalés sur un espace grand comme l’Europe, des Australes jusqu’aux Marquises. A partir de Tahiti on peut aussi aller à la découverte des Amériques, de Vancouver jusqu’à Ushuaïa, en passant par Hollywood et San Francisco !

Quels sont les objectifs de l’ART ?

Nous menons des projets à la mesure de notre petite association, accompagner, partager, s’amuser, découvrir, faire découvrir la nature et la culture polynésiennes, et bien entendu faire connaître La Réunion dans cette partie du monde.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Surtout la famille, les amis. Pour le reste, il y a le même soleil, les mêmes pluies, on trouve des letchis, des mangues, des bichiques à un prix dérisoire... et l’Amicale est justement là pour recréer un peu de notre ambiance pays ! Quand on va aussi loin aussi longtemps, on apporte les souvenirs, la mémoire, son fond’ cœur.

Danseuses de séga
Danseuses de l’Amicale des Réunionnais

Quels sont les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion ?

C’est plutôt un avantage que de venir de La Réunion, nous avons l’habitude de vivre entourés de cultures et de visages différents, c’est même une force que d’être naturellement ouverts aux autres. Ca nous permet de nous fondre sans difficulté dans la collectivité, c’est ça La Réunion.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

En regardant ce qui se passe dans les îles du Pacifique sud, on se dit que notre Réunion ne s’en sort pas mal. Le fait d’être rattaché à l’ensemble européen aide beaucoup, mais il est vrai que La Réunion a peut-être perdu de son authenticité : plus de 800 000 habitants, du béton partout…
La Polynésie c’est 120 îles mais seulement 270 000 habitants, des îles encore sauvages, un peuple amoureux de sa terre et de sa culture, une grande vénération pour la mer et les fleurs, la pirogue et la tiare... ll y a de la misère comme malheureusement partout, mais une joie de vivre et une certaine fierté.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

La Réunion est de moins en moins "caraïbisée" : le maloya, le séga, le rougail saucisse entre autres, sont largement reconnus. La présence de notre Amicale aide beaucoup, nos manifestations ont un écho, notre groupe musical a eu l’honneur de jouer en direct sur une chaîne de télé locale !

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez ?

Les anciens de La Réunion installés sur le fenua adorent le côté authentique, sauvage de la Polynésie qui leur rappelle la Réunion lontan. C’est peut-être la raison pour laquelle ils vivent ici. C’est un mode de vie simple, naturel et gai, à l’abri de l’agitation occidentale. Ici on sait encore bringuer, mais comme partout la mondialisation se fait de plus en plus sentir malheureusement.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

VOYAGEZ : la mobilité, ce n’est pas la déportation ; partez pour mieux revenir, et si le pays manque un peu et bien on monte une Amicale…

Baradi Siva, Etudiant en journalisme à Info-Com

Info Com Réunion

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Amicale des Réunionnais de Tahiti
Images compilées des créoles à Tahiti sur fond de lagon (Bora) : course de va’a (pirogue polynésienne), danseuses de l’Amicale lors des bals, concours de Tamure en habit végétal traditionnel.
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