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Raymond Ecormier : mariage et 2e vie en Colombie

Publié le 22 août 2022

Ce retraité de l’Education Nationale s’est marié avec une Colombienne en 2014, suite à une rencontre sur Internet. A 78 ans, il coule des jours heureux dans un pays qui ne manque pas de lui rappeler la Réunion sous certains aspects. Il nous raconte son parcours.


Pouvez-vous vous présenter ?

Raymond Ecormier, 78 ans. Je suis né rue Labourdonnais à Saint Paul. En 1950 nous avons déménagé pour Bois de Nèfles dans les hauts de la ville. Dés notre arrivée dans ce village, ma soeur ainée est morte, en 1951 ma mère et en 1952 mon frère aîné. Je suis allé au collège Jules Solesse à Bois de Néfles Saint Paul puis à Saint Charles à Saint Pierre. Je me suis marié en 1968 et nous avons eu trois enfants. Je travaillais alors au Trésor Public mais à la suite de multiples différents avec le Receveur Percepteur, j’ai démissionné et je suis parti avec ma petite famille en Métropole. C’était en mai 1975.

La famille Ecormier à la Réunion en 1947

Qu’avez-vous fait ?

Mes débuts en métropole furent difficiles. On me prenait pour un arabe. J’ai tenu grâce à mon père, qui m’avait appris la persévérance, la tranquillité et de toujours foncer. J’ai beaucoup galéré en attendant mon certificat de travail. J’ai fait plusieurs petits boulots, ma femme travaillait juste à côté de la maison. Puis j’ai travaillé dans une société de surveillance comme inspecteur. Entre-temps mon épouse m’a quitté. Avec nos trois enfants, je jonglais entre mon travail et les horaires de mes enfants. En 1982, j’ai intégré l’école militaire d’Arcueil au sud de Paris.

A gauche : mariage de ma dernière fille en 2000

En 1989, je suis rentré à l’Education Nationale comme technicien informatique et j’y ai fait mon petit chemin jusqu’à la retraite. J’ai dû faire face au racisme et au mépris, car j’étais très apprécié des élèves et de certaines catégories de personnel. Un jour un collègue professeur m’a même dit : “Pourquoi tu n’es pas resté dans ton pays ?”. Je lui ai répliqué dans la seconde même...

La ville de Cali en Colombie

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Beaucoup de choses ! J’ai appris que dans la vie, il ne faut pas baisser les bras et ne pas avoir honte de faire n’importe quel travail. En Métropole j’ai appris à faire du carrelage, de la plomberie, de l’électricité. J’ai pu côtoyer des personnes du monde entier. Globalement mes 39 années en France se sont bien passées, sauf au niveau sentimental. La solitude m’a pesé car je suis resté 20 ans seul.

Avec ma femme Delia

Comment avez-vous atterri en Colombie ?

Après un deuxième divorce, je suis resté seul de 1994 à 2014. J’ai fait la connaissance de ma future femme en décembre 2007 sur Internet. J’étais à la retraite depuis trois mois… Notre relation virtuelle a duré plusieurs années. C’est elle qui, le 14 février 2013, m’a dit qu’elle m’aimait. J’hésitais encore, j’ai beaucoup réfléchi et je lui ai dit “oui” plusieurs semaines après. Tout est parti comme ça. J’ai quitté Roissy en novembre 2014 et j’ai atterri en Colombie sous une pluie battante le même jour. Ca fait bientôt 9 ans que notre amour dure...


Quel est votre regard sur la région où vous vivez ?

Ici on est vraiment dans un autre monde. La Colombie est très jolie. Les montagnes sont belles et les plages admirables. Je vous invite à venir visiter ce pays trop longtemps délaissé, on mange bien pour peu de sous. Cali où je vis depuis mon arrivée est une belle ville, mais qui se dégrade au fil des mois. La pauvreté, la criminalité, les vols et bien d’autres choses que je ne citerais pas sont bien présents ; on s’y habitue mais c’est dur dur. Ici tout est moins cher mais TOUT est monnayé. Il y a du bon et du mauvais ; je suis très prudent et toujours sur mes gardes.


Quels sont vos projets ?

J’avais un projet en Colombie : ouvrir un restaurant réunionnais. Mais avec mon beau-frère, on a vite compris que c’était impossible à cause de certaines mentalités. On envisage parfois de venir vivre à la Réunion, mais cela représente énormément de démarches pour mon épouse qui n’est pas française. Je pense souvent à ma fille que je n’ai plus vue depuis 2002. Elle vient d’ouvrir une pizzeria à la Ravine des Cabris avec son mari. Et je souhaiterais revoir une personne qui me tenait à coeur et que je n’ai jamais plus revue depuis 1959 ou 1960. On était au Collège au Bois de Néfles La Plaine…


Est-ce que vous voyez des points communs entre la Réunion et la Colombie ?

Il y a les mêmes épices, les mêmes légumes, presque les mêmes fruits (hormis les letchis, longanis, jujubes et combavas) mais ils ne les utilisent pas de la même façon ! Ici, on mange tous les jours du poulet et des oeufs, des fruits et des légumes. Le jus de fruit frais passe avant tout, le vin presque pas mais bière, whisky et leur rhum de 26° à gogo.

Un p’tit repas accompagné d’haricots rouges comme à la Réunion (- de 5€)
Préparation d’un chop suey en compagnie de Mama, ma belle-mère
Vierge à l’entrée de ma Résidence
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