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Réhanne Meralli Ballou, une femme pilote qui voit loin

Publié le 14 juin 2021

A 22 ans, la Réunionnaise a suivi un parcours sans faute dans un milieu de l’aviation encore très masculin. Elle est à la recherche de sa première embauche par une compagnie aérienne. Portrait.


Pouvez-vous vous présenter ?

Réhanne Meralli Ballou, 22 ans, j’ai grandi à la Montagne (Saint Denis). Passionnée d’aviation depuis mon plus jeune âge, j’ai obtenu mon Brevet Initiatique et Aéronautique (BIA) à l’âge de 13 ans avec la mention « très bien ». J’étais la première fille de l’Académie de la Réunion à l’obtenir ! Afin de réaliser mon rêve d’enfant de devenir pilote de ligne, j’ai débuté à l’aéroclub de Roland Garros. Après un Bac S au Lycée Levavasseur et deux années de classe préparatoire scientifique au Lycée Leconte de Lisle, j’ai intégré́ l’ESMA à Montpellier (maintenant Airways Aviation Academy). Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’est pas obligatoire de suivre une classe préparatoire. C’était un choix personnel.

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île ?

J’ai quitté mon île en juillet 2018. Après des vacances avec ma famille au Maroc et en Allemagne, je me suis posée à Montpellier où je vis depuis dans un petit studio proche de l’aéroport. Mes parents et ma petite sœur m’ont accompagné́ afin de m’aider à m’installer. A ce moment-là, j’étais à la fois triste de quitter mes proches et impatiente de me lancer dans l’aventure et de découvrir de nouveaux horizons. Durant ce parcours de formation, j’ai eu l’occasion de rentrer deux fois à la Réunion.


Parlez-nous de vos études.

Les étudiants de l’école venaient de divers endroits du Monde : Maroc, Tahiti, Qatar, Liban... Nous nous retrouvions tous loin de nos proches et du coup, nous nous sommes constitués une véritable « deuxième petite famille ». Nous avons pu partager ensemble nos différentes cultures. La Réunion est connue pour sa mixité́ sociale et la tolérance envers les autres et ce sont des valeurs que j’ai pu partager même en étant ici.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Diplômée de l’ESMA (maintenant Airways Aviation Academy), je vis toujours à Montpellier. C’est une ville dynamique avec beaucoup d’étudiants. On y croise d’ailleurs beaucoup de Réunionnais ! Le climat est agréable. Quelques kilomètres en voiture suffisent pour découvrir de magnifiques paysages tels que le Colorado Provençal, le Pic Saint-Loup ou encore le Lac du Salagou. Je vis à quelques minutes de la plage donc je ne suis pas complètement dépaysée. Il manque juste des filaos !


Quels sont vos projets ?

Avec la crise Covid-19 que nous traversons encore, il est particulièrement difficile d’avoir sa place dans un cockpit. A présent que j’ai obtenu mon diplôme et mes qualifications, je suis disponible pour être recrutée par une compagnie aérienne. Je profite de l’opportunité pour me faire connaître et proposer ma candidature aux compagnies aériennes qui seraient intéressées. Vous pouvez me contacter via l’email suivant : [email protected]

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Je vais faire court : un job dans un cockpit ! Je reste réaliste malgré tout, les opportunités ne sont pas aussi nombreuses sur l’île. Mon lieu de vie dépendra évidemment de mon affectation et donc de la compagnie aérienne qui souhaitera me recruter. En plus d’être passionnée par le monde de l’aviation, je suis passionnée de voyages. C’est toujours un plaisir pour moi de découvrir de nouveaux pays !.


Seulement 3% des pilotes professionnels dans le monde sont des femmes, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Que vous inspire cette situation ?

Être une femme dans un milieu majoritairement masculin représente pour moi une grande fierté. J’ai envie de montrer que les femmes peuvent y arriver même les petits « gabarits » comme moi, il faut juste de la détermination ! Je ne serais pas arrivée là si mes parents ne m’avaient pas communiqué une certaine passion des avions depuis mon plus jeune âge. Par exemple, je me souviens très bien qu’ils m’emmenaient jusqu’au Port de Sainte-Marie pour voir les avions décoller presque tous les soirs ! Je profite de l’occasion pour faire un clin d’œil à tous ceux qui m’ont accompagné comme des aînés dans ma passion. Je pense surtout à Kathel Boulanger-Brageot, vice-championne du monde de voltige et Commandant de bord sur Air France. Je remercie aussi toute l’équipe de l’Aéroclub Roland Garros et tout particulièrement un de ses instructeurs, Cédric Fontaine, qui a su me mettre en confiance dès mes premiers vols.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Au fil des jours en Métropole, j’ai pu remarquer qu’il était particulièrement facile de tisser des liens avec d’autres Réunionnais présents au sein de mon école. Nous partageons la même expérience, nous connaissons les mêmes endroits, les mêmes plats et les mêmes musiques. Dès que nous pouvons, nous essayons de nous organiser une petite soirée autour d’un cari poulet ou d’un rougail.


Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Je voyage léger, mais je n’ai pas oublié de prendre dans ma valise diverses épices et ma maquette d’avion d’Air Austral. A Noël dernier, j’ai même demandé à mes parents de me faire livrer un colis de letchis et de fruits de la passion car ceux de mon île sont les meilleurs, vous n’êtes pas d’accord avec ça ?

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ma famille évidemment (même si je me sens bien ici) ! La nourriture aussi : quoi de mieux qu’un bon cari le dimanche lors d’un pique nique sur la plage entourée de ses proches ! Sans oublier, bien-sûr un cadre de vie exceptionnel et « l’ambiance créole ôté » !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

La Réunion que je connais présente un avantage majeur : celui de la mixité sociale. Elle a de nombreux atouts de développement économique de par sa situation dans l’océan Indien. On y dispense de plus en plus de formations poussées mais pour moi, il est intéressant pour les jeunes de s’expatrier afin de se confronter à leurs homologues européens. Car « Nou lé pas plus, nou lé pas moin nou lé capab ».


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