Publicité

René Lacaille, musicien et interprète vivant à Grenoble

Publié le 27 mai 2006

Après avoir côtoyé les plus grands à la Réunion, René vit aujourd’hui de sa musique en parcourant les festivals en métropole et dans le monde. Des "bals la poussière" aux scènes de Rio ou de Singapour, il y a un chemin que ce musicien hors pair de 60 ans a bien voulu nous raconter.

René Lacaille

Parlez nous de votre enfance.

"Je suis né à l’Etang Saint-Leu, dans un milieu très modeste. Mon père était un petit agriculteur, travaillant souvent comme ouvrier à l’usine de canne ou comme bûcheron... Musicien le reste du temps. Je suis monté sur scène la première fois à l’âge de sept ans, pour l’accompagner à la batterie, puis à l’accordéon dans les « bals la poussière ». J’ai découvert la guitare à 16 ans et aussi le saxophone, avec lequel j’ai signé mon premier tube : « Sax Séga »."

Dans quelles conditions avez-vous quitté la Réunion ?

"La première fois pour faire mon service militaire en 1966, puis à Niort et dans l’ouest avec mon frère Renaud, à Paris musicien, puis en 1979 pour faire de la musique en métropole de nouveau après un séjour d’une dizaine d’années à la Réunion. C’est durant cette période (années 70) que j’ai créé le groupe Ad Hoc et aussi Caméléon, avec Alain Peters et Loy Erlich".

Depuis 1979 vous résidez en métropole.

"Mon parcours est un peu chaotique, au gré des contrats de musicien. Je me suis successivement installé à Roanne, Annemasse et dans la région de Grenoble depuis 1996. Cela ne m’empêche pas de bouger beaucoup en France et dans le monde pour mon métier. Les villes où j’ai résidé sont celles où ma compagne a travaillé successivement, comme enseignante en collège, lycée puis à l’Université à Grenoble".

Quels sont vos projets ?

"Aujourd’hui je suis intermittent du spectacle. Je souhaite jouer de la musique le plus longtemps possible, avec mon groupe (dont mes deux enfants Marc et Oriane font partie) et en solo, invité par d’autres artistes sur des projets. J’ai un projet de disque où je reprendrais "à ma sauce" de belles chansons anciennes, comme j’ai fait pour "pêcheur Terre Sainte "sur mon dernier album. Il y a de très belles choses et c’est très motivant. Le public, notamment anglo-saxon, est très sensible à cette musique, dont ils sentent à la fois l’énergie et la nostalgie. Les multiples influences les fascinent".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Le climat et la mer, les paysages, une certaine ambiance, mais je crains que ce soit celle de mes souvenirs plus que celle de la réalité actuelle. Il est vrai que la Réunion et l’océan indien inspirent profondément ma musique. Je ne peux composer qu’en créole et mes musiques sont écrites sur des rythmes de séga et de maloya".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"L’ouverture au monde et des rencontres qui auraient été impossibles. Un vrai parcours de musicien et d’artiste du monde : j’ai pu devenir un professionnel autonome. Mon origine réunionnaise fait de moi le porteur d’une culture unique et originale".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je ne la trouve pas très bonne : inégalités sociale et aujourd’hui sanitaire renforcées par rapport à la métropole, depuis quelques années problème d’environnement, assistanat souvent mal vécu parce que finalement imposé par des choix économiques, manque d’ouverture envers les autres populations de l’Océan indien, corruption, abandon de cultures traditionnelles et mise en danger du créole..."

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"Amicaux et professionnels : je travaille avec Danyèl Waro quand c’est possible, j’ai enregistré pour Davy Sicard et d’autres jeunes artistes. Certains sont des amis (Danyèl) et j’ai aussi des amis créoles en France".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Lointaine ! Plutôt positive pour ce qui concerne l’environnement naturel (à Grenoble on aime montagne et mer et on est sportif). L’image s’est dégradée avec l’affaire du chikungunya, la catastrophe de la route en corniche, etc".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Quittez l’île au moins un moment pour comprendre comment on vit en métropole et le regard qu’il peut y avoir sur les créoles, y compris le racisme (que j’ai subi à Paris et souvent de la part de la police…). Si vous pouvez, voyagez…"

Biographie extraite du site www.renelacaille.com

René Lacaille

Musicien étonnant, figure emblématique de la musique réunionnaise, René Lacaille est issu d’une lignée de musiciens. Très tôt, il joue beaucoup à la Réunion dans les orchestres de bal, puis les boîtes de jazz, avant de créer un groupe mythique, Caméléon, avec Alain Peters et Loy Erlich, puis de venir en métropole. Peu à peu, il s’impose comme auteur-compositeur multi-instrumentiste, accordéoniste surtout, guitariste vagabondant du charango au ukulélé et chanteur, les frontières s’ouvrent : Europe, Afrique, Canada, Brésil, Antilles, Asie, Australie…
René aime les sonorités et les rythmes métissés, les rencontres, et il joue avec ceux qui comme lui ne boudent jamais leur plaisir, quand il s’agit de partager un peu de chaleur : Manu Dibango, Youri Buenaventura, Ray Léma, Jacaues Higelin, Lo’Jo, Raul Barbosa, André Minvielle, Valdir Santos, El-Sikhameya, Debashish Batthacharya…
Danyèl Waro et le guitariste américain Bob Brozman sont ses acolytes favoris : le premier participe à l’album PATANPO (1999), le second le rejoint en résidence pour l’enregistrement de DIG DIG (mars 2002), en tournée en Afrique et en Australie (2003 et 2005).
René Lacaille est avant tout un musicien de scène, généreux et passionné. « Son chant est malice, son timbre chaleureux… » (Le Monde –31 mai 2004 )
Accompagné de trois percussionnistes et d’un saxophoniste-flûtiste, il offre un concert détonnant, n’hésitant pas à reprendre des traditionnels, ségas ou maloyas, jouant ses compositions, flirtant aussi avec le blues ou la samba, avec toutes les musiques du monde, pour faire swinguer le public. Il a reçu le Prix Gus Viseur 2005 pour les musiques du monde
Retrouvez les prochains concerts de René Lacaille en rubrique Evénements.

Crédits photos : couleur Ludovic Leleu - N&B Michel Batista

Retrouvez la Fiche Artiste de René Lacaille sur Akout.com

Publicité