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Rudy Igoufe : la vie d’un Réunionnais à Shanghai

Publié le 21 octobre 2021

Faut-il apprendre le chinois ? Traducteur de jeux vidéos le jour DJ la nuit, cet ancien de BTS commerce international du lycée Leconte de Lisle répond Oui. Installé depuis cinq ans à Shanghai, Rudy nous raconte son histoire et le lien fort maintenu avec la Réunion, notamment grâce au groupe d’une trentaine de Réunionnais qui vivent dans la capitale économique chinoise. Portrait vidéo en fin d’article.

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Pouvez-vous vous présenter ?

Rudy Igoufe, 28 ans, je viens de la Plaine des Palmistes. Ma mère est professeure des écoles et mon père agriculteur / giteur. J’ai d’abord eu mon BTS commerce international au lycée Leconte de Lisle, puis j’ai quitté la Réunion pour passer une Licence LEA anglais chinois à Bordeaux. Je travaille actuellement chez Yotta Games, une entreprise de jeux vidéo mobile à Shanghai, en tant que traducteur pour le marché français. Mon poste : « French Localizer ». La localisation ou régionalisation est la traduction ainsi que l’adaptation culturelle d’un produit afin de prendre en compte les spécificités de deux marchés distincts.


Comment vous êtes-vous retrouvé en Chine ?

J’ai commencé à apprendre le chinois en seconde, dans l’idée de faire plus tard du commerce entre la Chine et la Réunion. C’était une évidence pour moi que j’irais un jour habiter dans ce pays. Après avoir mon baccalauréat, j’ai décidé de faire un BTS commerce international afin d’avoir les connaissances nécessaires pour réaliser mon projet. Ce BTS me permettait de continuer l’apprentissage du chinois, mes deux langues étrangères du cursus étant l’anglais et le chinois. Pour travailler en Chine, il faut avoir au minimum une licence. J’ai donc décidé après mon BTS de poursuivre en Licence LEA anglais/chinois à Bordeaux.

Ma première entreprise en Chine

Pour valider ma licence, un stage de fin d’année était nécessaire, j’ai choisi de le faire à Shanghai. À la fin de mon stage, en 2015, Shanghai ma plaisait tellement que j’ai voulu y rester. J’ai cherché un travail, et après quelques jours de recherche, j’ai eu un entretien dans une entreprise de jeux vidéo mobile... j’ai été pris. C’était mon premier travail… en Chine ! Il a eu un grand impact sur mon avenir, puisqu’aujourd’hui je suis toujours dans le même secteur, toujours dans la même ville. C’est un secteur en plein essor qui a profité de la pandémie mondiale pour se développer davantage.

Aujourd’hui où en êtes-vous ?

Mon projet initial était de faire du commerce entre la Chine et la Réunion. En parallèle de mon travail dans les jeux vidéo, j’ai donc commencé à envoyer quelques produits à la Réunion, en France et en Martinique. Le but est d’en faire mon activité unique par la suite. Après cinq ans en Chine, d’autres portes se sont également ouvertes. Passionné de musique, je me suis produit sur scène en tant que chanteur. Je suis aussi Dj les week-ends ; pourquoi pas devenir artiste en Chine ?

Chez moi...

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Le but est quand même de revenir un jour. Après tout, on n’est jamais aussi bien que dans son île. Je vais donc d’abord acquérir assez d’expérience et de fonds, puis revenir vivre à la Réunion. En attendant, j’adore la Chine, surtout Shanghai. Le choc culturel peut être déstabilisant, mais en tant que réunionnais nous sommes bien armés pour nous adapter. J’aime beaucoup la culture asiatique et je pense rester encore quelques années ici.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Dès le collège, je savais que je partirais un jour pour réaliser mon projet. Je ne serais pas arrivé là si je n’avais pas eu confiance en moi. J’encourage quiconque souhaitant voyager ou habiter ailleurs à le faire, à ne pas avoir peur de la barrière culturelle ou de la langue. L’expérience que vous allez avoir va sûrement changer votre vie, provoquer un déclic dans un domaine, et vous aidera à mieux vous connaître vous-même. J’ai eu la chance de naître et de grandir dans une île, mais partir découvrir le monde apporte une nouvelle vision, une ouverture d’esprit, de nouvelles idées qui changent votre vie. Pour moi, voyager, que ce soit pour le tourisme ou le travail, ne peut qu’avoir un impact positif dans la vie de quelqu’un.

Le quartier où j’habite, populaire et traditionnel

Venir de la Réunion m’a appris le respect des autres cultures, la tolérance, ce qui je pense est nécessaire lorsqu’on veut aller vivre ou visiter un nouveau pays. Avoir le passeport français facilite aussi grandement la délivrance de Visas, beaucoup de pays voyant les Français comme des « personnes éduquées et aisées ». Le seul inconvénient que j’ai pu rencontrer en tant que réunionnais, c’est que recruté en tant que candidat français, certains recruteurs chinois tiquaient en voyant sur mon CV que je ne venais pas de France métropolitaine.

Foot avec les collègues

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Nous sommes un groupe de Réunionnais sur Shanghai. Nous étions une trentaine environ avant le Covid, à se voir régulièrement et à organiser des dîners créoles ensemble. Malheureusement beaucoup sont rentrés à cause de l’épidémie. Dans mon entreprise, nous sommes quand même trois Réunionnais, dont un qui était avec moi au lycée et en BTS !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Cela fait presque six ans que je ne suis pas rentré à la Réunion, et j’avoue que je ne suis pas forcément l’actualité sur l’île. Mais selon moi, il y a de grandes opportunités à la Réunion, plusieurs types de business à créer, que je vois en Chine et qui pourraient booster l’innovation et développer l’économie. On peut tout trouver en Chine en termes de produits et de services. Chaque province est spécialisée dans un domaine, n’hésitez pas à me contacter pour des questions !


Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

La famille bien sûr, les amis, la beauté des plages et la nourriture. Mon père a un gîte à la Plaine des Palmistes : le Conflore du Piton ; ses plats sont les meilleurs au monde (pas très objectif, mais après avoir goûté pas mal de plats de plusieurs pays, les plats réunionnais sont quand même excellents, il faut le dire).

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Un drapeau de la Réunion, un paille en queue en bois, des bouteilles de rhum de la Réunion ainsi que des épices. Les bouteilles sont malheureusement vides depuis longtemps, mais j’ai toujours le paille en queue et le drapeau. J’ai également un collier avec comme pendentif la Réunion. Beaucoup de gens me demandent en le voyant ce que c’est. C’est un bon moyen de parler de mon île et de le leur faire découvrir. Les Chinois ne connaissent pas vraiment la Réunion, mais quand on leur explique et qu’on leur montre des photos, ils ont immédiatement envie d’y aller. Ils trouvent que je suis chanceux et ils me demandent ce qu’il m’a pris de quitter cette île si magnifique pour venir ici.


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