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Samuel Jolivet, météorologue

Publié le 2 novembre 2017

Docteur en Météorologie spécialisé en cyclone, il partage sa vie entre Singapour, La Suisse et La Réunion. Il lance meteobooking.com, site de conseil météo en ligne mondial.


Pouvez-vous vous présenter ?

Samuel Jolivet, 35 ans, je suis docteur en Météorologie et plus exactement en cyclone. Après mes toutes premières années passées à Hell-Bourg, j’ai grandi à Sainte-Marie puis à Sainte–Suzanne dans un cadre très familial. J’ai effectué toute ma scolarité (primaire, collège et lycée) à Sainte-Marie où j’ai aussi pratiqué le volley au SMVB. Je travaille actuellement entre plusieurs continents. D’une part je suis météorologue R&D chez Reuniwatt, entreprise d’énergies renouvelables basée à Saint-Denis. D’autre part je suis consultant indépendant et je travaille beaucoup avec Singapour. Enfin j’ai récemment fondé en Suisse, où je vis depuis plus de quatre ans, METEOBOOKING.COM : un site de conseil météo en ligne pour toutes les activités d’extérieur (du pique-nique dominical au voyage à Hawaii) qui est officiellement lancé début novembre 2017.

Racontez-nous votre parcours de "mobilité" ?

Ma première expérience hors de l’île s’est déroulée pour mon stage de maîtrise que j’ai eu la chance d’effectuer à l’Université du KwaZulu-Natal à Durban. Ces trois mois m’ont vraiment fait découvrir l’intérêt du voyage et de la rencontre des autres. Ensuite direction Toulouse et sa communauté réunionnaise pour une année de DEA. Retour à La Réunion pendant quatre ans pour passer mon doctorat sur le cyclone Dina, entre l’Université de La Réunion et Météo-France. Mon diplôme en poche mais n’ayant pas de possibilité de travailler à La Réunion dans mon domaine, c’est avec un peu d’amertume (liée au domaine de la recherche en général) mais aussi une grande excitation que je suis parti exporter mes compétences…

Qu’avez-vous fait ?

J’avais postulé pour un poste à Taiwan mais c’est finalement Paris qui a été ma première escale pour un an. Une année riche en découvertes avec tout ce que Paris peut représenter. J’ai ensuite pris quelques mois pour visiter la Pologne où mon frère est installé, avant d’intégrer l’EPFL à Lausanne : l’occasion de m’adonner aux sports d’hiver dans le cadre professionnel ! Après 15 mois passés à étudier la météo alpine, j’ai voulu revenir à mes premières amours - la météorologie tropicale - et par la même occasion retrouver un climat plus ensoleillé. J’ai trouvé mon bonheur à Singapour où j’ai passé presque deux ans, profitant de l’occasion pour visiter la région, du temple d’Angkor Wat aux rizières de Bali. Enfin retour en Suisse depuis quatre ans, dans l’arrière pays du canton de Fribourg.


Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

C’est une belle région, verdoyante de prés, qui me rappelle à certains égards le vert des cannes à sucre de Sainte-Suzanne. Je vis dans le canton de Fribourg tout proche de la région de Gruyère au fameux fromage éponyme. Le lac Léman à 15 minutes, offre un panorama exceptionnel. C’est un peu un monde à part, les gens semblent assez protégés et déconnectés des défis mondiaux. Il y a une certaine naïveté dans leur approche du monde qui me laisse souvent perplexe. Mais cela n’enlève rien à la gentillesse des habitants de ma région.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

La mobilité m’a énormément apporté. J’ai eu la chance de travailler dans plusieurs pays et de découvrir différentes cultures. Je me suis rendu compte de la véracité du proverbe : Nou la pa plis, nou la pas moins ! Si j’étais resté à la Réunion je pense que je n’aurais pas eu autant d’opportunités. En m’exportant, j’ai eu la chance d’avoir des expériences professionnelles extrêmement intéressantes comme travailler au cœur des montagnes suisses de Davos pendant que le WEF se passe tranquillement sous mon radar, ou travailler dans les centres météo des aéroports de Brunei et de Changi à Singapour, ou encore mettre en place le système de prévention d’inondation de Singapour. Le monde regorge de challenges qui ne demandent qu’à être relevés par des Réunionnaises et des Réunionnais aventuriers !

Quels ont été les avantages / inconvénients de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Venir de La Réunion a été indéniablement un atout dans l’adaptation à tous ces environnements professionnels et culturels différents. Cette chance d’ouverture d’esprit, je l’ai réalisée dès mon voyage en Afrique du Sud. Nous étions quatre de ma promo (un Yab, un Sinois, un Kaf clair, un Kaf Malbar) et pour nous il était tout à fait normal de travailler et de vivre ensemble. Dans cette Afrique du Sud post apartheid, nous nous sommes rendu compte de la chance que nous avions de vivre à La Réunion dans sa multi culturalité paisible.

Bali

Quels sont vos projets ?

METEOBOOKING.COM ! J’ai à cœur de développer mon site auquel j’ai dévoué mes deux dernières années. Mon rêve serait de pouvoir délocaliser l’entreprise à La Réunion et participer ainsi à son économie tout en la faisant rayonner globalement. Et puis j’ai envie que mes enfants grandissent dans cet environnement qui m’est si cher. Grandir entouré de sa famille pour mieux s’envoler ensuite à la conquête du monde.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

L’ambiance, la chaleur des gens et la nourriture ! Cette joie de vivre et surtout de partager des moments avec les personnes qui vont sont chères, souvent autour d’un bon repas, ça c’est La Réunion qui me manque. L’entraide aussi. A La Réunion il y a toujours quelqu’un qui pourra te donner un coup de main, ce qui n’est pas forcément le cas à l’étranger.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Lors de mon départ pour Toulouse en 2003, mis à part quelques kilos de saucisses, j’ai ramené de la musique. A l’époque je n’avais pas d’ordinateur portable ni de smartphone avec des connexions wifi partout. Alors les bons vieux CDs ont été très utiles : Ziskakan, Baster, Oussanousava. Je n’oublie pas non plus la marmite de riz qui m’accompagne fidèlement depuis toutes ces années.


Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Bien sûr j’ai gardé contact avec tous mes dalons d’enfance, d’école et d’université qui sont majoritairement restés sur l’île. Durant ces dix dernières années j’ai eu l’occasion de revenir à plusieurs reprises ce qui a facilité le maintien des liens forts avec eux. Il y a aussi les technologies de communication (mail, skype) qui elles aussi permettent de garder facilement un lien presque « local ».

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Ca fait dix ans que j’ai quitté La Réunion. Mais j’ai eu la chance de revenir à plusieurs reprises et de voir évoluer les choses. Les discussions avec mes cousins, mes amis, ceux qui travaillent et ceux qui cherchent me donne une vision assez crue mais plutôt optimiste. La Réunion dans son isolement géographique est en train d’adapter son économie : l’ère du numérique, l’innovation et les nouvelles technologies semblent représenter une alternative à fort potentiel économique pour l’île. Et l’île semble s’en donner les moyens comme le démontre le déploiement de la fibre optique. Certes il y a encore beaucoup à faire mais je crois beaucoup en l’éducation : nous n’avons pas à rougir de nos formation locales. La Réunion regorge de talents comme le montre Réunionnais du monde depuis de nombreuses années ! D’ailleurs pour METEOBOOKING.COM, j’ai choisi de travailler avec une équipe péi de webmasters (C. Corenthy et F. Techer) que j’ai recrutée via la WebCup.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

En Suisse à ma grande surprise, beaucoup de gens connaissent La Réunion et en ont une vision touristique assez réaliste qu’ils considèrent comme paradoxale : une île plus tournée vers la montagne que vers la mer. C’est une réflexion que je ne m’étais jamais faite auparavant et qui m’interpelle toujours depuis.

À visiter : www.meteobooking.com / Le mot-clé RECHERCHE / GRAND VOYAGEUR

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