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Solidarité Kréol 974 : entraide mode d’emploi

Publié le 4 juin 2022

Ils viennent en aide aux sans-abris, échoués de la mobilité sur le territoire hexagonal. Pour l’association Solidarité Kréol 974, tout a commencé par la création de cagnottes en ligne en 2019, pour secourir les Réunionnais en difficulté dans l’Hexagone, puis par la création d’une association aujourd’hui représentée dans plusieurs régions de France. Interview de Yannis Pasquet, président de Solidarité Kréol 974, qui pointe certains défauts de la mobilité, et lance un appel aux bénévoles.

Yannis Pasquet

Pouvez-vous vous présenter, ainsi que l’association Solidarité Kréol 974 ?

Yannis Pasquet, 46 ans. J’ai une formation dans la sécurité des personnes et des biens, et j’occupe un poste de fonctionnaire en métropole. L’association Solidarité Kréol 974 a été créée en 2020 dans le but de venir en aide au plus démunis et aux personnes en danger. Son ambition ? Redonner de la vie et aider son prochain. Nous ne comptons qu’une dizaine d’adhérents, car avec le Covid, la campagne d’adhésion commence tout juste et nous attendons des réponses à nos demandes de subventions.

Racontez-nous les débuts de cette initiative.

Loulou dans le RER

Tout a commencé avec une publication sur les réseaux sociaux fin 2019. Loulou, un cinquantenaire originaire du Chaudron et sans-abri à Paris depuis un an et demi, voulait à tout prix retourner sur son île natale. Lorsque j’ai vu le post sur Facebook, j’ai décidé de lancer une cagnotte en ligne pour aider cette personne, et de tout mettre en oeuvre pour le retrouver. Nous avons fini par localiser Loulou à Orly. Vu son état d’esprit, nous avons décidé de l’héberger dans un hôtel puis de le transférer chez un médecin pour évaluer sa capacité. Repas, dîner, nous avons passé toute une journée avec lui. Le lendemain, Loulou a été placé en milieu médical pour être hospitalisé et surveillé. Grâce aux réseaux sociaux, sa soeur Rose-Marie qui réside à Marseille l’a reconnu. N’ayant aucune nouvelle, elle a appris qu’il dormait à la gare de Lyon et dans la rue. Elle a pu le récupérer pour s’occuper de lui.

Qu’avez vous fait des dons récoltés en ligne ?

L’ensemble de la cagnotte a été reversée au bénéfice des personnes présentant un manque alimentaire. L’histoire de Loulou s’est bien terminée mais elle a mis en lumière les nombreuses difficultés auxquelles étaient confrontés les Réunionnais mal préparés aux épreuves de la mobilité. Nous avons décidé de créer l’association Solidarité Kréol 974 en janvier 2020. Les membres de l’association ne se connaissaient pas. Nous nous sommes tous connus sur Internet et au téléphone, en communiquant autour des cas de personnes dans le besoin.


Qui sont les personnes que vous aidez ? Comment les repérez-vous ?

Les personnes aidées, souvent dans l’errance et les difficultés financières, sont repérées sur les réseaux sociaux. Nous venons en aide aux sans-abris, aux familles en difficulté, aux femmes et enfants victimes de violences intrafamiliales, aux personnes qui souhaitent opérer une mobilité vers la métropole en leur apportant une aide alimentaire, en les accompagnant dans une démarche de réinsertion sociale, en les aidant à trouver un logement et un emploi. Nous cherchons alors un membre du groupe le plus proche possible ou dans le département où se trouve la personne, pour qu’une rencontre puisse avoir lieu. Il y a beaucoup de conseils et de mises en relation avec diverses organismes et collectivités. Nous avons développé des liens avec les organismes de la Réunion présents en métropole comme le Département et le CNARM.

Comment est-ce que l’argent récolté est reversé ou bénéficie aux personnes qui en ont besoin ?

Nous opérons des appels aux dons via un lien HelloAsso, tout en restant discrets sur l’identité des personnes aidées. Les dons récoltés sont au bénéfice des personnes ayant un besoin alimentaire ou de logement temporaire (hôtel). Les deux seules cagnottes que nous avons opérées ont été transférées pour la première sur le compte de la personne bénéficiaire et l’autre au bénéfice de plusieurs personnes dans le besoin alimentaire, via l’apport de colis sur le lieu du domicile des personnes.

A gauche : inconnu à Nice - A droite : Gilbert à Lyon

Quels sont les prochaines étapes pour l’association ?

Nous souhaitons développer nos actions sur les deux pôles : Réunion et Métropole. Nous sommes en train de créer des référents et groupes départementaux pour mieux cibler les demandes, intervenir plus rapidement et apporter l’aide la plus appropriée. Nous recrutons des bénévoles partout en France. Quel que soit leur lieu de résidence, ils ont pour mission de participer à nos maraudes, à nos actions de terrain, mais aussi nous aider dans des démarches administratives et sociales. Car notre but est d’aider mais aussi d’accompagner les personnes en détresse. Comme je l’ai toujours dit : c’est ensemble que nous serons plus forts !

Comment cela se passe si une personne souhaite adhérer à l’association ?

Nous lui adressons nos statuts par mail. Nos membres doivent accepter nos objectifs et nos principes qui sont : l’empathie, la générosité et la solidarité. Ensuite, un lien lui est adressé afin qu’il puisse payer sa cotisation (déductible en partie des impôts), un reçu et sa carte d’adhérent lui sont attribués.


Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans vos actions ?

Diffamations en ligne, mises en doute de notre honnêteté, dénigrements, trahisons… il faut garder son sang-froid ! Depuis deux ans, j’ai mis entre parenthèse l’évolution de ma carrière professionnelle pour pouvoir faire grandir l’association. Heureusement j’ai la chance d’être entouré d’une femme et d’enfants aimants, qui me soutiennent dans ce projet. Je ressens une certaine fierté, car grâce à leur présence à mes côtés, j’ai pu redonner le sourire à beaucoup de personnes et faire évoluer des situations personnelles et familiales.

Selon vous, que faudrait-il faire pour améliorer les différents dispositifs de mobilité ?

Nous tirons la sonnette d’alarme sur la venue en métropole de certaines personnes qui se retrouvent par la suite en difficulté à cause d’une mauvaise préparation de leur mobilité et de leur installation. Certains paramètres devraient être davantage pris en compte dans la sélection des candidats au départ : test psychotechnique, évaluation orthographique, prévention de la drogue et l’alcoolisme... Il faudrait leur faire rencontrer des intervenants réunionnais ayant vécu en métropole pour apporter leur témoignage. Si on ne fait pas cela, on va encore et encore retrouver des compatriotes en difficultés, voire des SDF en métropole...


+ d’infos et devenir référent sur : www.helloasso.com/associations/solidarite-kreol-974/adhesions/adhesion-sk974 / www.facebook.com/solidaritekreol974 / www.facebook.com/groups/1040140169911601 / [email protected]

Un centre d’hébergement

L’Association SOLIDARITE KREOL 974 est une association loi 1901 indépendante qui a pour objet de : 
-  Venir en aide aux personnes sans abris, à la Réunion et en Métropole, en leur apportant une aide alimentaire, en les accompagnant dans une démarche de réinsertion sociale, notamment, en les aidant à trouver un logement et un emploi. Car la méconnaissance du principe de sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme de dégradation et celle du principe d’interdiction des traitements inhumains et dégradants énoncé à l’article 3 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, entraînent forcément des risquent pour la personne sans-abri. 
-  Venir en aide aux familles dans une situation précaire, présentant notamment de grosses difficultés financières en leur apportant une aide mobilière et alimentaire et en les accompagnant dans les diverses démarches administratives leur permettant l’obtention de soutiens. 


-  Venir en aide aux femmes, victimes de violence intrafamiliale, notamment en les accompagnant dans les diverses démarches administratives leur permettant l’obtention de soutiens. 
-  Venir en aide aux jeunes réunionnais qui s’installent en métropole, en les accompagnant dans leurs démarches administratives et en les aidant à se repérer dans leurs environnements en métropole.

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