Thomas Tayllamin - interview spécial retour à la Réunion
Tout juste diplômé de Skema business school à Lille, Thomas a été recruté par Cotrans Automobiles en tant que chargé de Marketing et Import pour les marques Audi, Skoda et Suzuki. Il nous raconte son parcours et sa stratégie de retour à la Réunion.
Pouvez-vous vous présenter ?
Thomas Tayllamin, 26 ans, originaire de Saint André et… passionné d’automobile ! J’ai grandi au sein d’une famille d’enseignants, avec une petite sœur de six ans ma cadette. Mes parents m’ont toujours encouragé à partir pour faire mes études. Après un baccalauréat scientifique au Lycée Sarda Garriga et deux ans de classe préparatoire HEC au lycée de Bellepierre, j’ai intégré Skema Business School à Lille. Après cinq années passées loin de mon île natale à m’enrichir personnellement et professionnellement, je suis rentré à la Réunion en août 2021. Je travaille actuellement chez Cotrans Automobiles (Groupe GBH) en tant que chargé de Marketing & Import pour les marques Audi, Skoda & Suzuki.
Racontez-nous vos débuts en métropole.
Après 20 ans passés à la Réunion, je me lance dans la grande aventure des études en Hexagone et j’atterris dans le nord de la France à Lille. Outre le changement climatique radical et la différence de culture, c’est pour moi un véritable challenge personnel de quitter le cocon familial. Je découvre de nouvelles habitudes et une nouvelle façon de vivre. Après de belles rencontres, des moments étudiants festifs et une Licence 3 validée à Skema, je fais le choix de réaliser mon stage de fin de licence chez Cotrans Automobiles à la Réunion (cette même entreprise qui m’embauchera à la fin des mes études !). A l’époque, il y avait deux avantages pour moi : travailler dans une entreprise reconnue avec des missions de stage intéressantes et... rentrer à la Réunion me réchauffer et profiter de la famille quelques temps.
Trois mois plus tard, me voilà de retour en Hexagone, mais cette fois-ci à Paris en stage de césure (Master 1) au siège d’Audi France (Groupe Volkswagen France). C’est un rêve d’enfant qui se réalise, des expériences inoubliables et une nouvelle vision professionnelle qui me permet d’allier travail et passion ! Le semestre suivant, je fais le choix de découvrir le milieu professionnel anglo-saxon en m’expatriant en Angleterre, à Birmingham. Adorant découvrir de nouvelles cultures et affectionnant l’anglais, je rejoins les équipes de Vinci Énergies UK & ROL (United Kingdom & Republic of Ireland). Rien à voir avec l’automobile me direz-vous, mais je voulais me donner la possibilité de découvrir un secteur autre que l’automobile pour m’aider à affiner mon projet professionnel.
Et ensuite ?
Ayant pris goût à découvrir le monde et grâce aux partenariats existants avec Skema BS, je réalise la fin de mon Master 1 au Brésil à Belo Horizonte. Pendant près de cinq mois, je retrouve un pays similaire à la Réunion, tant sur les plans gastronomique que culturel. Enfin, je reviens à Paris pour ma dernière année de Master 2, en alternance au siège de Lexus France (Groupe Toyota France) sur un poste d’apprenti responsable de l’administration des ventes. C’est la confirmation pour moi que je veux faire carrière dans le secteur automobile et évoluer dans ce milieu que j’affectionne. Mon Master 2 validé et l’alternance réussie, Lexus France me propose un contrat en CDI, mais une contrainte personnelle me pousse à rentrer à la Réunion.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?
Sans rentrer dans les détails, une obligation familiale me pousse à rentrer dès la fin de mes études. Mes parents étant le principal moteur de ma réussite, je n’ai hésité que quelques instants avant de faire ce choix de rentrer alors que j’avais une opportunité d’embauche chez Lexus France.
Avez-vous préparé votre retour ?
Non pas spécialement. Le plus dur a été de refuser mon premier CDI dans un contexte économique difficile - en plein COVID -. Le reste s’est fait naturellement : déménagement et aller simple pour la Réunion. Ayant la chance d’avoir ma famille sur l’île, la transition s’est faite facilement. J’avais quelques appréhensions à retourner habiter chez les parents après cinq ans passés à vivre seul, mais finalement je me suis rendu compte que cela présentait plus d’avantages que d’inconvénients (les caris de maman, pas de loyer…).
Et pour le travail ?
Je me suis laissé le temps d’arriver sur place avant de commencer les recherches. J’avais l’ambition de trouver un job intéressant, en lien avec l’automobile, où je pourrais m’épanouir et apporter l’expérience accumulée au sein des différents constructeurs automobiles où j’avais travaillé… Le marché automobile comptant un nombre d’acteurs limité à la Réunion, je souhaitais intégrer un groupe avec une résonance internationale, et capable de me donner des perspectives d’évolutions intéressantes. C’est donc naturellement que j’ai postulé au sein du Groupe GBH, premier employeur privé à La Réunion.
En tant que Réunionnais expatrié de retour sur son île, avez-vous ressenti un « avantage concurrentiel » ?
Dans mon secteur (le marketing automobile), le marché du travail est clairement tendu ; il y a peu de postes et le turn-over est relativement faible. Paradoxalement, je voyais un changement de paradigme avec l’utilisation du digital au sein des entreprises automobiles et donc la nécessité de développer/recruter de nouvelles compétences dans ce domaine. Ma mobilité a été un réel avantage sur le marché du travail local. En voyageant et en découvrant de nouvelles cultures et de nouveaux pays, j’ai pu acquérir une compréhension et une vision plus globale.
Aujourd’hui quels sont vos projets ?
J’ai donc été recruté par Cotrans Automobiles en tant que Chargé de Marketing & Import pour les marques Audi, Skoda & Suzuki. Étant encore jeune, je souhaite me consacrer pleinement à ma carrière pro. J’ai encore de nombreuses compétences à développer et de connaissances à acquérir pour prétendre à un parcours professionnel ambitieux.
Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?
Le bilan est très positif. En tant que Réunionnais, c’est une chance de pouvoir découvrir d’autres pays, d’autres façons de faire et de vivre. Cela m’a ouvert l’esprit sur les multitudes de possibilités qui peuvent exister ailleurs et m’a permis de grandir humainement. La mobilité permet également de se rendre compte de la chance que l’on a de vivre sur notre belle île. En deux ans à Paris, je n’ai pas pu voir une seule fois les étoiles, alors qu’à Saint André c’est tous les soirs !
Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?
Le fait d’être proche de sa famille et de vivre dans un cadre paradisiaque avec un climat clément tout au long de l’année sont des avantages non négligeables. A contrario, notre insularité nous éloigne d’un accès à la culture européenne (théâtres, musées, expos…) et de la capacité de voyager à moindre coût. Mais malgré la distance qui nous sépare de l’Hexagone, la Réunion bénéficie d’infrastructures de très bonnes qualités, qu’il s’agisse de l’accès à internet, de la qualité du réseau routier, des cinémas, des centres commerciaux... Mes expériences au Brésil ou en Angleterre m’ont permis de constater, qu’hormis les grandes capitales, nous ne sommes clairement pas les plus mal lotis, bien au contraire !
Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous souhaiteraient rentrer sur l’île ?
Foncez, n’hésitez pas, rentrez ! Notre île regorge de possibilités que ce soit dans l’entrepreneuriat ou dans le secteur privé. Démarquez-vous grâce à votre mobilité et contribuez au développement de notre territoire.
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