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Tony Berry : un kiné réunionnais de retour sur l’île

Publié le 7 septembre 2023

Il a ouvert son cabinet à Saint-Denis - Austral SportLab – tout en restant kiné de l’équipe de France de ski alpin, pour laquelle il intervient en hiver. Dans un secteur tendu sur l’île (l’école de kinésithérapeutes de la Réunion ne sort qu’une vingtaine de diplômés par an), ce Saint-Andréen nous raconte sa difficile mais possible réinstallation.


Pouvez-vous vous présenter ?

Tony Berry, 32 ans, originaire de Saint André. Après un baccalauréat scientifique au lycée Levavasseur, j’ai pris la décision de partir en métropole pour passer le concours de kiné à la fac de médecine de Bordeaux. Je suis actuellement kinésithérapeute du sport et préparateur physique. J’ai un mode d’exercice particulier : j’ai ouvert ma structure à Saint Denis, Austral SportLab, et je suis également kiné de l’équipe de France de ski alpin féminin, ce qui demande une certaine organisation en vivant à la Réunion.

Racontez-nous votre parcours.

Dès le début du lycée, j’avais pris la décision de partir. La vie à la Réunion est exceptionnelle, mais je ressentais le besoin de voir autre chose, de découvrir un autre mode de vie. J’arrive donc à Bordeaux en 2010 pour passer le concours de kiné à la faculté de médecine. Je suis admis en 2013 et affecté à l’institut de formation en masso-kinésithérapie de Dax, où je vais passer les quatre années suivantes. Après l’obtention de mon diplôme, je passe ma certification en kinésithérapie du sport et je commence à travailler en stations de ski l’hiver et dans le sud-ouest l’été.


Comme pour tout le monde, la crise sanitaire a eu un impact fort sur mon quotidien qui était très saisonnier, avec des voyages aux inter-saisons. Pendant le premier confinement, que je passe à Hossegor, je décide de rentrer à la Réunion m’installer. J’arrive rapidement à trouver un poste de kiné dans un cabinet libéral mais après trois mois, une belle opportunité se présente : travailler dans le ski de compétition. Je commence alors à collaborer ponctuellement avec une équipe régionale et décide de repartir vivre en métropole. Deux ans plus tard, cette première expérience dans le ski m’a amené aux équipes de France jeunes/juniors puis à l’équipe de France... que je continue à suivre actuellement mais depuis la Réunion.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

Après plus de dix années passées sur le continent, je sentais que je n’arrivais pas à me projeter à long terme en métropole. J’avais envie de retrouver ma vie insulaire, ce climat agréable toute l’année, cette proximité de la mer et de la montagne, les sentiers dans les hauts qui restent protégés de l’urbanisation... La condition sine qua none de mon retour était de pouvoir ouvrir ma propre structure dédiée à la prise en charge des sportifs. J’ai commencé à revenir ponctuellement, sur quelques mois, pour réaliser mes recherches de locaux et prendre contact avec les acteurs du secteur. Une fois l’emplacement trouvé, j’ai encore mis plus d’un an à sortir le projet. Ce fut long !


Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

J’étais à la fois heureux et inquiet. A mon atterrissage, je n’avais pas encore la certitude de pouvoir ouvrir mon cabinet. Je suis rentré en me laissant deux mois pour finaliser le projet, sinon je repartais définitivement. Un vrai défi, mais, fort heureusement, j’ai réussi à concrétiser le projet et à ouvrir quelques mois plus tard.

Avez-vous eu des difficultés à vous réinstaller ?

Personne n’ignore la (très) forte présence des kinésithérapeutes à la Réunion. Il existe désormais un zonage qui interdit toute nouvelle installation sur la moitié Ouest de l’ile, à l’exception de Trois Bassins. Parallèlement, le marché de l’immobilier est extrêmement tendu. Il a donc été particulièrement compliqué de trouver le bon local, sur le bon secteur, et de réussir à ouvrir dans les temps. Mais avec de la patience, de la persévérance, et un peu de chance, on arrive à trouver des solutions. Le fait d’être intervenant auprès de la Fédération Française de Ski m’a permis de sensiblement orienter la patientèle vers des sportifs à la recherche d’un praticien spécialisé.

"L’école de kinésithérapeutes de la Réunion ne sort qu’une vingtaine de néo diplômés par an"

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Avec l’ouverture de mon centre Austral SportLab, je souhaite accompagner les sportifs locaux. L’idée est de regrouper toutes les problématiques, de la blessure à la recherche de performance, dans un même lieu. Je mène ce projet de front avec l’accompagnement de l’équipe de France de ski alpin, que je vais poursuivre par intermittence pendant la saison hivernale.

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

Très clairement, oui. La vie à la Réunion est paradisiaque sur de nombreux aspects, mais il me semble important de partir, de voyager, découvrir d’autres cultures, d’autres façons de vivre. Cela m’a amené à être curieux, vouloir comprendre comment les autres vivent, ce qui fait nos différences et nos points communs. Cette expérience est l’occasion finalement de remettre en question ce qui nous parait être naturel, sans pour autant perdre son identité. Je ne serais pas arrivé là où j’en suis si je n’étais pas parti il y a 13 ans !


Qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

Je dirais que comparativement à certaines régions, nous gardons une identité forte. Les Réunionnais sont fiers de leur ile et de leur culture. A juste titre ! Mais l’île se modernise, je ressens moins le décalage entre l’Europe et la Réunion que dans les années 2010. J’ai l’impression qu’il y a aussi sensiblement plus de monde qui vit sur l’ile. Je dois admettre que retrouver l’ile paralysée à ce point par les embouteillages chaque jour, avec un réseau routier complètement saturé, a clairement été un frein à mon envie de rentrer. La condition pour que cela reste viable au long terme sera de déménager proche de mon cabinet pour ne plus avoir à subir cela chaque jour.


+ d’infos : https://australsportlab.wordpress.com
78 rue Issop Ravate Saint-Denis


Pour aller plus loin :
+ de portraits « Spécial Retour »
- Les opportunités d’emplois à la Réunion


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