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Tristan Legros, co-fondateur de The Corner à Brest

Publié le 19 septembre 2019

Animateur d’un écosystème de startups innovantes, ce Dyonisien s’est aussi reconnecté avec la Réunion, où il intervient régulièrement pour accompagner les entrepreneurs locaux.


Pouvez-vous vous présenter ?

Tristan Legros, 41 ans. Je suis co-fondateur de The Corner, une plateforme d’innovation basée à Brest dans le Finistère. Je suis marié à Marie-Haude, entrepreneure et auteure. Nous avons deux enfants : Axel 9 ans et Anna 7 ans. Je suis né à Saint-Denis et j’y ai vécu durant mes 20 première années. J’ai habité un peu partout à la Réunion, de Sainte-Marie au Bernica en passant par La Montagne et Bellepierre. Toute ma famille y vit encore. J’ai quitté la Réunion fin 99 pour effectuer mon service militaire à Reims puis en région parisienne. À Paris où vivait déjà mon cousin pour ses études, j’ai intégré une école d’art appliqué, l’ECV, l’Ecole de Communication Visuelle.

Et ensuite ?

À la fin de mon cursus, j’ai pu commencer ma vie professionnelle dans la publicité, chez Publicis. J’y ai passé cinq ans avant de me lancer en freelance dans le graphisme et la communication. Après m’être formé au Web et à l’UX Design aux Gobelins, j’ai entamé une nouvelle partie de mon parcours chez Sensee, une startup évoluant sur le marché de l’optique et créée par Marc Simoncini. Cette expérience m’a aidé à comprendre et à prendre goût à ces structures innovantes que sont les startups.

Tristan Legros sur l’intelligence collective en entreprise en juin 2019 au Village by CA Réunion

En 2013, nous avons décidé avec ma femme et nos deux enfants de quitter la région parisienne pour les côtes bretonnes, au bout du monde à Brest. En arrivant j’ai été accueilli par Julien Sevellec et Nicolas Floch pour travailler dans leur agence Web. Deux ans plus tard, nous devenions associés et lancions « The Corner » pour participer au développement entrepreneurial et de notre territoire et participer au renouvellement du tissu économique en aidant une nouvelle génération d’entrepreneurs à se lancer. The Corner accompagne également aujourd’hui des entreprises "établies" sur leur thématiques d’innovation et de transition vers le numérique. Nous animons également plusieurs tiers-lieux d’innovation, les "Grande M4isons", qui abritent des entrepreneur.e.s, des startups, des freelances ou des entreprises voulant se connecter à cet écosystème d’innovateurs.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Venir ici à Brest a sans doute été le meilleur choix que j’ai pu faire dans ma vie. Avant la beauté de la région, ce sont les habitants et les gens que nous avons rencontrés ici qui ont rendu notre changement de vie incroyable avec mon épouse et mes enfants. Nous sommes tous les deux entrepreneurs et c’est ici que ce sont concrétisés nos plus beaux projets. Le Finistère est un endroit à part, il n’y a rien après. On est un peu loin de tout, Paris est à 3h30 et il y a donc une vraie solidarité, une vraie envie de faire ensemble, une incroyable ambition caché sous une grande humilité. Ça pousse à faire les choses différemment, avec des valeurs non feintes. C’est une énergie qui me convient tout à fait et grâce à laquelle je me suis épanoui professionnellement et personnellement.


Quels sont vos projets ?

Continuer au mieux de remplir la mission que nous nous sommes donnée avec mes associés, poussé par une vision ambitieuse et à long terme pour le territoire qui m’a adopté. J’ai également plaisir à revenir régulièrement à la Réunion à l’invitation de Nexa, agence de développement économique, pour aider des entrepreneurs locaux dans leurs projets. C’est une opportunité qui m’enchante et une sorte de reconnexion avec mon île au contact d’entrepreneurs ambitieux et inspirants.

Quel est votre regard sur la Réunion ?

L’île change vite, c’est encore plus flagrant lorsqu’on y retourne que tous les deux ou quatre ans. N’étant pas un grand fan d’automobile, la vision des routes sur la mer ou des embouteillages à tendance à me donner un peu le tournis. Personnellement je ne penses pas que le futur soit sur les routes mais j’ai bon espoir que d’autres solutions voient le jour à l’avenir. J’ai été également été très agréablement surpris de la qualité des entrepreneurs que j’ai croisé lors de mes deux dernières sessions de formation chez Nexa. Des gens de tous âges et de tous horizons qui portaient des projets ambitieux pour résoudre des vrais problèmes locaux en environnement, santé et diabète, nutrition, tourisme... C’est rassurant de voir qu’une génération d’entrepreneurs s’empare de façon très pragmatique de sujets importants et concrets.


Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ma famille surtout et évidemment la beauté de l’île. Je fais de la photographie et c’est toujours un émerveillement d’observer le ciel changeant de couleur au grès des heures, de se retrouver face à ces monuments naturels que sont les cirques ou le volcan. La lumière est très propre à la Réunion. Le fait de s’éloigner de l’île rend nos retrouvailles à chaque fois précieuses.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Question difficile car je ne serais pas seul à décider. Un beau projet peut-être ? Ou la possibilité de se déplacer facilement en transports en commun ?

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Je n’ai jamais vu réellement mon départ de la Réunion comme un parcours de mobilité. Ayant l’habitude de prendre les choses comme elles viennent et de saisir les opportunités. J’ai néanmoins toujours été très soutenu par mes parents et mes grands-parents lors de mes années d’études ce qui est évidemment une grande chance qui m’a été donnée. L’éloignement n’est pas facile et bien vécu pour tous. j’ai eu la chance de partager un appartement avec mon cousin et de faire partie d’un petit groupe de Réunionnais à Paris.


Avez-vous encore des contacts avec des Réunionnais ?

Oui, nous sommes nombreux ici en métropole ! De mon côté, nous sommes un groupe d’amis qui vivions ensemble à Paris durant nos études, la petite diaspora de la rue Montmartre, dans le 2e arrondissement et bien connue des troquets du coin. Aujourd’hui nous nous sommes un peu éparpillés entre Bordeaux, Lyon ou Marseille mais nous faisons attention à nous voir régulièrement et gardons un groupe Whatsapp ouvert en permanence. J’essaie également de garder le contact via un groupe Facebook avec les entrepreneurs locaux que je suis amené à rencontrer.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Quelques indispensables : de la musique déjà... j’ai quelques 45t collectors de Luc Donat ou Marie-Armande Moutou et d’autres artistes réunionnais que je passe de temps en temps sur ma platine à mes enfants. Un pilon en basalte, évidemment... Des arrivages réguliers de curcuma, combava, calou-pilé ou piment frais. J’ai ramené les recettes de cuisine de mon grand-père et de ma mère et je dois avoir un kayamb qui traîne et dont je ne sais malheureusement pas jouer…

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Au delà du gag récurent des gens qui confondent la Réunion et les Antilles (non, le zouk c’est pas nous et oui, je suis plutôt clair de peau comme beaucoup de gens à la Réunion), l’image de la Réunion est très bonne. Les gens connaissent et s’inquiètent beaucoup du problème des requins mais l’île a surtout l’aura d’un endroit à découvrir à pieds lors de randonnées à grand spectacle.

Voir le profil de Tristan Legros / + d’infos sur www.thecorner.fr


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