Une famille réunionnaise monte son lodge en Afrique du Sud

Pouvez-vous vous présenter ?

Karine Corré, épouse Jacquemin, 44 ans, fille de Gérard Corré, propriétaire de la station service Engen à Cilaos, et de Marie-Paule Corré (nom de jeune fille Malet), directrice d’école à la retraite. J’ai un frère ainé qui est enseignant et une jeune soeur orthophoniste. Mon mari est Fabian et nous avons deux fils : Mahé, 16 ans, qui est avec nous en Afrique, et Madian, 23 ans, qui est en France.

Quel a été votre parcours ?

J’ai suivi une filière scientifique à l’Université de la Réunion, obtenu ma Licence de Biologie et Géologie, et une Licence de Sciences de l’Education. J’ai commencé à enseigner en 1998 à Saint-Louis, en maternelle. J’ai été enseignante pendant 20 ans, mon mari était orthophoniste à l’Etang-Salé. Il y a trois ans, j’ai entrepris de me former en boulangerie et j’ai obtenu mon diplôme d’Artisan Boulanger.

Racontez-nous votre histoire d’amour avec l’Afrique du Sud.

Nous avons découvert l’Afrique du Sud en 2008 lors de notre voyage de noces ; nous étions loin d’imaginer que l’Afrique rentrerait aussi profondément dans nos coeurs. Et nous y sommes allés deux fois, trois fois, quatre fois… Chaque retour laissait en nous un goût d’inachevé. Notre séjour de 2018 a été décisif. De retour à la Réunion, nous avons entamé le processus : vente de la maison, des voitures, préparation du container… La décision était prise : changer de vie, totalement...

Comment s’est passée votre installation dans la nation arc-en-ciel ?

Des anecdotes, il y en a dix mille, concernant nos meubles, nos chiens, notre chat, les services vétérinaires d’ici et de là-bas, nos visas, nos métiers, le déménagement, le container, la douane, l’installation, la recherche de propriétés, l’achat de la maison, de la voiture, les multiples négociations avec les notaires, avocats, assurances, banques, constructeurs... et tout ça avec un anglais plus qu’approximatif ! Heureusement les Sud-Africains font preuve de beaucoup de patience. Je peux juste vous dire que nos valises étaient pleines, lourdes et nombreuses : marmites créoles (de la plus petite 20cm de diamètre à la plus grande 55cm), des vannes (petits et grands), chaises du Gol (chaise bébé et chaise basse), pilon, machine à riz…

Parlez-nous de la région où vous vivez.

Hoedspruit me fait beaucoup penser à Cilaos. C’est une petite ville où tout le monde se connaît, une ville touristique qui se construit de jour en jour, qui accueille le monde entier, loin des grandes agglomérations... Et comme lorsque j’étais petite à la maison à Cilaos, ici on ne ferme à clé ni voiture, ni maison. Les habitants sont simples, serviables, attentionnés, patients et en même temps très directs. Ils n’ont pas peur des mots, on sait toujours sur quel pied danser avec eux, pas de mauvaise surprise… Nous sommes idéalement situés entre le Parc Kruger, le Blyde River Canyon et les centres de réhabilitation pour animaux... Il y a de très nombreuses activités à faire ou à découvrir dans la région.

Et du « Ukuthula Bush Lodge » ?

Ukuthula Bush Lodge est né en octobre 2019, il y a un an, dans le Wildlife Estate d’Hoedspruit au sein d’une petite réserve animalière à 40 minutes du Parc Kruger. C’est un petit lodge qui contraste avec les resorts que vous pouvez trouver dans la région. Situé à l’angle de la réserve vous n’aurez pas de voisin et aucun vis à vis. Vous aurez la chance d’observer des animaux sauvages qui viennent dans le lodge comme les phacochères, zèbres, girafes, antilopes et bien plus ! Vous allez y apprécier la tranquillité, la sérénité et l’authenticité africaine...

Avez-vous été impactés par Covid 19 ?

Oui bien sûr, après un peu plus de quatre mois d’activité, nous avons dû fermer nos portes. Le confinement et la fermeture des lodges nous a conduit à mettre à l’épreuve mes compétences de boulanger plus tôt que prévu… Nous en avons profité pour créer LA Baguette, notre deuxième projet : une boulangerie de pure tradition française. LA Baguette est la seule boulangerie française à des centaines de kilomètres à la ronde. Nous y proposons des pains et viennoiseries, sans oublier le fameux macatia si cher à La Réunion et en particulier à la ville de Cilaos. LA Baguette s’est mise à vendre ses produits devant les supermarchés de la ville et sur les marchés forains locaux. Quelques lodges de la région nous ont approchés pour se fournir en viennoiseries fraîches et françaises.

Aujourd’hui Ukuthula Bush Lodge a rouvert ses portes et nous menons maintenant de front et faisons grandir nos deux bébés, le Lodge et la boulangerie. Prochaine étape : l’ouverture d’un coffee shop qui présentera les productions de LA Baguette. Amis réunionnais d’ici et d’ailleurs, nous vous attendons avec impatience ! Ce que nous avons créé et inventé n’est pas seulement un lodge et une boulangerie, c’est un concept de vie que nous voulons partager avec vous. Venez découvrir ce fabuleux pays qu’est l’Afrique du Sud, vivre avec nous le Bush Africain, découvrir la vie qui fourmille autour de nous, vous ressourcer au sein d’une nature intacte, riche et pure de tradition africaine.

Quel bilan personnel tirez-vous de votre installation en Afrique du Sud ?

Chaque jour est un nouveau défi. Mon anglais s’améliore, mon cercle de connaissances s’agrandit, nous nous découvrons des trésors d’aptitude à l’adaptation… Les avantages de cette nouvelle vie résident dans une vie plus proche de l’essentiel, un retour aux sources (berceau de l’humanité), un respect total de la nature, des découvertes quotidiennes sur notre environnement, sur nous-même, une volonté de partage, la contemplation de l’authenticité africaine… Venant de la Réunion, l’intégration a surement été facilitée car nous sommes habitués à la mixité des peuples, des religions, des traditions... Mes racines ne sont quand même pas très loin !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Cela n’engage que moi : trop de voitures, trop de supermarchés, une perte de valeurs importantes à mes yeux telles que la politesse, la courtoisie et surtout le respect d’autrui… une déshumanisation dans tous les domaines.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Mon chat, les bonbons piment… Mon fils dirait : un Américain bouchon ketchup mayo ! Mon mari dirait : certaines personnes, et évidemment je me joins à lui. Certaines personnes me manquent ; la vue et l’odeur de la mer me manquent aussi...

+ d’infos : https://ukuthulabushlodge.com / www.facebook.com/IBHALANSIPty

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