Publicité

Vanessa Picard-Nagou, co-créatrice de l’Appli G2laplace

Publié le 11 octobre 2022

Après le co-voiturage le co-transportage... Grâce à l’Appli G2laplace, il est désormais possible de gagner de l’argent quand on est déjà sur les routes dans le cadre de ses déplacements quotidiens. Pour Vanessa Picard-Nagou, « créer cette start-up est une façon d’apporter ma pierre à l’édifice pour une société plus « éco-logique ». Après des études et un début de carrière en métropole, je voulais que mon retour à la Réunion signifie apporter quelque chose à notre île ».

Lire d’autres interviews "Spécial Retour à la Réunion"


Pouvez-vous vous présenter ?

Vanessa Picard-Nagou, j’ai grandi à Saint-Paul (à St Gilles et à Plateau Caillou). Mes parents sont de Cilaos alors j’ai toujours eu « un pied dans les hauts, un pied dans les bas ». Après 10 ans en métropole, je suis rentrée à La Réunion en 2014 où j’ai eu des postes de responsable communication. En 2020, j’ai changé de cap professionnel en me lançant dans l’entreprenariat, en m’associant à Jean-Yves Maurice, à la fois ami, ancien collègue et mentor. Ensemble, nous avons lancé la première appli réunionnaise de livraison collaborative : G2laplace.

Quel a été votre parcours de mobilité ?

J’ai quitté La Réunion en 2003, le bac en poche, pour faire des études de commerce et de communication à l’université Paul Sabatier de Toulouse. Entre études et travail, je suis restée quatre ans dans la ville rose : les stages que j’ai fait au sein de Toulouse Business School ont débouché sur des CDD. J’avais besoin d’être dans la réalité du travail et j’étais passionnée par le métier de la communication. Un peu plus tard, j’ai repris mes études en faisant d’abord une année dans les Pyrénées (à Tarbes), pour avoir une spécialisation en techniques multimédia (web, photo, vidéo). J’ai terminé mes études par un Master « Infocom » à l’Université Lille 3. J’ai choisi le Nord de la France car c’était une des rares universités qui proposait à ce moment-là un master en communication professionnalisant avec six mois de stage en M1 et l’alternance en M2. Ça a été la grande traversée côté températures ! Mais sans regret : ce n’est pas un mythe, le « Ch’Nord » est fait de chaleur humaine et de solidarité ! Après mon M2, l’agence où j’étais m’a embauchée tant que chef de projet.

Promotion de La Réunion en 2008 à Toulouse, avec Loic Painaye & Ti Danyel Danseuses

Je ne le savais pas encore, mais toutes ces étapes étaient importantes dans la construction de mon profil de co-fondatrice d’une appli aujourd’hui. Je me sers de mes compétences et savoirs acquis pendant mes études, mes stages et mes différents postes mais aussi de la capacité à rebondir et à m’adapter que j’ai développé là-bas.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

Je n’avais jamais vraiment décidé de rester en Métropole, mais je ne voulais pas non plus rentrer à La Réunion pour pointer au chômage. Dans mon esprit, rentrer signifiait apporter quelque chose à notre île. Et plus le temps passait, plus j’en étais convaincue : on peut se former, évoluer en Métropole, mais rentrer à La Réunion c’est pouvoir participer à l’avenir de notre territoire. Il faut dire aussi qu’en étant dans le Nord, la grisaille et les températures négatives commençaient à peser sur le moral ! Je ne me suis jamais « habituée au froid » contrairement à ce qu’on entend souvent…

Dans quelles conditions votre retour sur l’île s’est-il déroulé ?

Après mon Master, j’ai travaillé dans une agence de communication qui s’est trouvée en difficultés financières. J’ai donc été licenciée économique. Ça faisait déjà plusieurs années que j’avais envie de rentrer. Mon retour a pu se faire grâce à une belle opportunité d’emploi qui s’est offerte à moi. J’ai signé un CDI quelques jours après mon arrivée !

Visite de nuit de la sucrerie du Gol en 2014 en tant que responsable communication du Syndicat du Sucre

Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

J’étais venue avec l’équivalent d’une valise de vacances : je venais passer des entretiens et être auprès des miens. C’était donc un peu le moment de tous les possibles. A l’atterrissage, c’était à la fois le bonheur de retrouver « ma terre » et l’envie incroyable que ce trajet soit le dernier en tant que Réunionnaise en métropole.

Avez-vous eu des difficultés à vous réinstaller ?

Les premiers temps étaient assez rudes : moi qui déteste conduire, je devais faire Saint-Paul - Sainte-Clotilde tous les jours puisque je vivais chez mes parents. J’ai donc goûté aux embouteillages comme ça ne m’était jamais arrivée. Quand j’ai pu prendre un appartement plus proche de mon lieu de travail et que j’ai commencé à m’installer pour de bon, ça a été plus simple.

Dans quel état avez-vous trouvé le marché du travail en rentrant ?

Je me suis considérée comme très chanceuse de rentrer : le marché du travail est difficile car petit avec peu d’opportunités. En plus, le métier de la communication est un de ceux où la concurrence est très importante. Le fait d’être partie pour faire mes études était un plus : les employeurs y voyaient une ouverture sur le monde et une capacité d’adaptation. Pendant mes études, j’ai aussi fait un stage de six mois à La Réunion : ça démontrait que j’étais toujours en lien avec mon île et sa réalité.

Avec Jean-Yves Maurice au Village by CA Réunion

Qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

Sans aucun doute, ce qui m’a le plus marqué, ce sont les routes : quand je suis partie, la route des Tamarins n’existait pas ! Globalement, j’ai surtout trouvé que ça construisait beaucoup et partout… sans forcément être toujours bien réfléchi en amont … Pourtant sur un territoire fini comme le nôtre, tout devrait être pesé et pensé : on ne peut ni détruire gratuitement notre écosystème ni rester sans infrastructures structurantes. Mais quand on voit qu’on a pu construire un complexe hospitalier entier sans que son accès ne soit intégré au projet, on se dit qu’on marche sur la tête parfois !

Qu’est-ce qui vous surprend le plus par rapport à l’endroit où vous viviez en mobilité ?

Huit ans après, je suis toujours déroutée par le manque de logique d’efficacité des transports en commun à l’échelle de l’île. A La Réunion, nous sommes 850 000 habitants : on dénombre cinq réseaux de bus, presque qu’aucune interconnexion … Même la plus petite ville dans laquelle j’ai vécu (Tarbes) avait un réseau de transport pensé à l’échelle économiquement viable et réfléchi autour d’un ou deux points-clés (ex : l’heure d’arrivée des TGV).

Les 2 premiers utilisateurs de G2laplace : la 1ère livraison collaborative à La Réunion

Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

J’avais vraiment espéré ne pas être aussi dépendante de la voiture. D’une part, parce que je déteste conduire. D’autre part, parce que je suis persuadée que notre planète, comme notre île, a besoin de nous : à chacun de diminuer son empreinte carbone et à tous de changer la donne quant à notre impact environnemental. En dehors de ça, mon retour a été 100 % positif. Professionnellement j’ai fait plein de choses intéressantes et j’ai évolué dans ma carrière, jusqu’à changer de métier aujourd’hui ! Personnellement, j’ai pu retrouver ma famille et des amis de longue date, faire de nouvelles rencontres et construire ma famille !

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

La mobilité m’a apporté beaucoup de choses positives : des rencontres, des moments et des découvertes. Malgré tout, je n’ai jamais trouvé que j’étais réellement à ma place en Métropole. J’avais besoin de partir pour mieux revenir. C’est en Métropole que j’ai pris conscience de tous les éléments qui forment notre créolité et de la beauté de notre île : notre environnement, notre langue, notre musique, notre culture, notre sens du partage et de la convivialité… C’est aussi là-bas que j’ai appris des éléments au sujet de notre histoire : comprendre pourquoi je suis Yab et Créole ? ça veut dit quoi Yab d’ailleurs… ? Ce recul-là et ces mises en question étaient importantes pour me construire. Et c’est aussi ce qui a fait que je voulais absolument rentrer !

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

Aujourd’hui, je travaille au développement de l’appli mobile que j’ai co-créé : G2laplace. G2laplace met en relation ceux qui souhaitent expédier ou recevoir quelque chose, et ceux qui sont déjà sur les routes dans le cadre de leurs déplacements quotidiens. On appelle ça de la « livraison collaborative » ou du « co-transportage ». Pour des envois à petits prix et des livraisons rémunérées, le tout dans le respect de notre planète, c’est une alternative utile et pratique.


À La Réunion, chaque matin et donc chaque fin d’après-midi, ce sont près de 40 kilomètres d’embouteillages qui se forment… Créer cette start-up est une façon d’apporter ma pierre à l’édifice pour une société plus « éco-logique », parce que cela permet à la fois de diminuer le nombre de véhicules sur les routes, de gagner de l’argent et de mettre en lien des personnes qui se rendent service mutuellement. C’est complètement en lien avec mon état d’esprit et mon retour à La Réunion. Je crois véritablement que cette appli peut être utile à chacun. Mon parcours (études, travail, mobilité) et mes objectifs m’ont amené à créer cette solution : alors sans hésitation, j’y ai engagé mon énergie, mes moyens... et ma famille !

Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous souhaiteraient rentrer sur l’île ?

Il faut rester positif. Sur le papier, qui aurait cru que j’allais pouvoir rentrer ? Partie depuis 10 ans, au chômage, dans un secteur très tendu… et pourtant ça a marché ! Qui aurait cru que je deviendrais entrepreneure dans le milieu de la Tech ? Et pourtant G2laplace existe bel et bien ! Mon envie de rentrer, d’être utile à mon territoire et aux réunionnais a forgé mon parcours depuis mon retour : je poursuis sur cette voie en continuant à me battre pour atteindre mes objectifs. Je ne serais pas arrivée là si je n’avais pas eu des piliers pour me soutenir et si je n’avais pas été « un peu » têtue !


Lien vers l’appli pour App Store https://apps.apple.com/app/id1585350725
Lien vers l’appli pour Google Play https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.g2laplace.app
Notre site internet www.g2laplace.com


G2laplace, une application de livraison pour tous

- Vous avez de la place lors de vos trajets ? Livrez des colis via l’application, vous serez rémunérés pour ce coup de main !
Vous avez besoin d’expédier quelque chose ? Trouvez un colivreur pour le transporter en toute sécurité et à petits prix !

- Avec G2laplace, nous pouvons réinventer la livraison de marchandises et d’objets du quotidien tout en réduisant les embouteillages du quotidien et améliorant le pouvoir d’achat des utilisateurs. En faisant de la livraison collaborative un réflexe, chacun de nous œuvre, à son échelle, pour une circulation routière plus fluide, l’amélioration du pouvoir d’achat de tous, et une planète qui respire mieux.

Publicité