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Véronique André, Coordinatrice culturelle à l’Alliance Française au Botswana

Publié le 22 mars 2012

VSI (volontaire de solidarité internationale) à Gaborone, capitale du Botswana, Véronique est originaire du sud de l’île. A 30 ans, elle occupe le poste de Coordinatrice culturelle à l’Alliance Française pendant deux ans.

Véronique André
Vernissage de la Résidence de Charly Lesquelin au Botswana, déguisée en "gramoune" pour raconter l’histoire de la Réunion.

D’où êtes vous à la Réunion ?

Pour faire court, voici mon parcours de "nomade". Née à Saint Joseph, d’une famille modeste, j’ai ensuite grandi en métropole, pour revenir habiter sur l’île à partir de mes 13 ans. J’ai passé une partie de mon adolescence à Saint Leu (ma ville de cœur) et les dernières années, avant mon départ pour l’Afrique, à la Ravine des Cabris.

Qu’est ce qui vous a poussé à tenter l’aventure du volontariat ?

Basée depuis 15 ans à la Réunion, j’ai eu de nombreuses occasions de quitter l’île pour des périodes plus ou moins longues à la découverte de différents pays. Mais c’est une toute autre expérience de vivre et d’habiter dans un pays. Le Botswana est ma première expérience en tant qu’expat, suite à une envie de vivre à l’étranger et d’y travailler selon mes convictions. D’une rencontre avec une amie de lycée qui revenait d’une mission de volontariat au Mozambique, je me suis renseignée sur les possibilités de poste en Afrique, avant d’avoir 30 ans. Et me voici depuis un an et demi au Botswana...

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

La Réunion lé dan mon ker et mi amène partout ek mwin ! Sinon, j’ai toujours quelques épices « pou fait cuit un bon cari » (partout ou ma parti lé gars i apprécié même !). J’ai aussi apporté le livre de Roger Lavergne sur les plantes de la Réunion, plantes qu’on retrouve un peu partout dans la zone australe.

Quelles ont été vos expériences depuis votre arrivée au Botswana ?

Elles sont nombreuses et diverses, en commençant par les papiers pour obtenir un visa. C’est un challenge sur place, car on arrive avec un visa touristique. Ensuite, c’est la rencontre du système occidental avec le monde africain... J’ai dû me faire arrêter une dizaine de fois par la police ! N’ayant rien à me reprocher, c’est à chaque fois digne d’un sketch. Après un an, on connaît les codes et coutumes du pays, donc on s’adapte. En Afrique on dit : "vous avez la montre, j’ai le temps"

Parlez-nous de votre travaille à l’Alliance Française.

Mon travail (dans les coulisses) consiste principalement à mettre en lumière les artistes. Mars est le mois de la Francophonie. Le 8 mars : journée de la Femme, avec un beau plateau de Slameuses de divers horizons. Du 7 au 21 mars : résidence artistique avec Woba kélé ( Christophe Durand de la Réunion et Jon Munthali du Malawi), qui viennent 15 jours à Gaborone pour rencontrer le Groupe Seraga Ntswana, qui font de la musique et danse traditionnelles d’ici. Ca promet d’être une bel échange. 24 mars : soirée French Karaoké.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Lorsqu’on quitte notre île, le plus intéressant est, à mon sens, la rencontre avec d’autres cultures, d’autres horizons... L’Afrique étant une des racines de la culture réunionnaise, on s’attend à des "stéréotypes" qui sont parfois loin de la réalité moderne. Mais c’est toujours très enrichissant. Professionnellement, les dispositifs de ce genre (volontariat international) étant en lien avec la coopération française, j’ai eu un aperçu de la complexité des échanges à l’international. Mon expérience de mobilité est globalement positive.

Véronique André
En compagnie de Milos, photographe serbe et d’une autre Réunionnaise, Véro, anciennement prof de français de l’Alliance.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

La mer (le bush c’est bien mais c’est sec !), les couchers de soleil, les caris de ma grand-mère, le poisson, les camarons, mes amis, les randonnées, la nature réunionnaise... tout ce qui fait qu’il fait bon vivre sur notre cailloux.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Les avantages : Je représente une autre image de la France (et de sa tour Eiffel qui plaît beaucoup à l’étranger !). Je ressens des similitudes culturelles avec les pays d’accueil. Ici je passe pour une "colored" locale, éthiopienne ou brésilienne... Issu de la diversité culturelle propre à la Réunion, mon parcours professionnel atypique m’a aidé à m’adapter pour le mieux.

Les inconvénients : Au début, être une jeune femme et réunionnaise... il faut arriver à se faire sa place en gagnant une crédibilité professionnelle. Pour certains hommes africains, ce n’est parfois pas évident de travailler avec une femme. Notre statut de de volontaire dans l’océan indien est complexe. Nous avons des missions professionnelles, rattachés à certains organismes français dont certains sont basés à la Réunion. Ce n’est pas toujours facile de faire le lien mais ça va on y arrive !

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Plutôt bonne. Il y des Botswanais ont eu l’occasion d’aller sur l’île, surtout les profs de français qui vont étudier à la fac du Tampon. Il y a aussi pas mal de Mauriciens ici !
Par ailleurs, j’ai eu l’occasion d’organiser une soirée réunionnaise (dégustation de plats, punch, projection d’images de l’île, musique, stand d’épices et autres...) lors de la résidence artistique de Charly Lesquelin, artiste peintre réunionnais, qui est venu partager avec grand cœur sa passion. C’était une invitation à visiter notre belle île...

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Il faut bien distinguer la capitale Gaborone du reste du Botswana. C’est un pays grand comme la France avec 1 million huit cent mille habitants et 84% de nature magnifique, surtout l’Okanvango. A Gaborone, les gens viennent pour le travail et rentrent aux villages dès qu’il le peuvent. Capitale moderne, bordée par le Bush, elle abrite beaucoup de communautés différentes qui cohabitent, mais ne se mélangent que très peu.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Il y a des Réunionnaises qui vivent ici, dont deux qui m’ont accueilli. Par la suite j’ai fait la connaissance d’une autre Réunionnaise, mariée à un expat. On travaille ensemble mais on est aussi devenu amies. Sinon, je suis en contact régulier avec les autres volontaires réunionnais de la zone, pour des échanges professionnels, mais il y a aussi un lien de solidarité qui nous lie. On se sent moins seuls !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Certes, il fait bon vivre à la Réunion, près des siens, mais j’encourage fortement les jeunes à découvrir le monde. Ce ne sont que des expériences positives qui permettent une ouverture d’esprit. Il faut se souvenir d’une des devises de la Réunion : "Partout où j’irai je fleurirai..."

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

C’est une très bonne choses que ce site existe. C’est une connexion avec la Réunion, partout dans le monde (enfin presque)... Beaucoup de gens qui s’intéressent à notre culture ne le connaissent pas encore, donc on continue d’en parler !

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