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Vony Rambolamanana, étudiante en master de Droits de l’Homme en Suède

Publié le 16 mars 2006

A 23 ans, Vony vient d’intégrer une formation d’élite, créée par l’Union Européenne et le Haut Commissariat des Droits de l’Homme à l’ONU : le master de droits de l’Homme et démocratisation, dont les cours sont délivrés en Suède. La vocation d’aider son prochain l’accompagne depuis son enfance à la Réunion, où elle a été personnellement témoin d’injustices.

Vony Rambolamanana
"Aujourd’hui je me sens assez forte pour aider partout là où c’est nécessaire et même, travailler dans un pays en guerre".

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je me suis installée à l’âge de 7 ans sur l’île, en provenance de Madagascar. J’ai toujours vécu à Saint-Leu, cependant j’ai été au collège de Saint-Gilles. Heureusement grâce à mes parents je n’ai jamais manqué de rien".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"Depuis le début j’ai toujours su que je quitterais la Réunion après le bac pour poursuivre mes études. Pour mes parents et moi ça a toujours été une évidence. Je suis partie à l’âge de 17 ans, après un bac Littéraire. J’avais déjà une idée de ce que je voulais faire dans la vie mais sans trop savoir comment m’y prendre. Je me suis donc lancée dans le Droit à Aix en Provence, ce qui finalement a été exactement ce qu’il me fallait".

Que s’est-il passé ensuite ?

"Après une maîtrise de droit international et européen, j’ai décidé d’avoir de l’expérience professionnelle et d’apprendre l’anglais. Je me suis retrouvée au sein d’une ONG de droits de l’Homme à Londres pendant cinq mois. Je travaillais sur la région africaine. C’était beaucoup de responsabilités, mais je réalisais peu à peu mes rêves… Puis j’ai eu la chance de travailler six mois avec les Nations Unies aux Caraïbes, dans la section Femmes. C’était très enrichissant. Cette année, je fais un master de droits de l’Homme et démocratisation. Ce master a toujours été un idéal pour moi. Je viens de passer cinq mois à Venise, puis fait du travail de terrain au Kosovo. J’écris mon mémoire sur les impacts du néocolonialisme sur les droits des femmes en Afrique, au sein de l’Institut Raoul Wallenberg en Suède".

Quels sont vos projets ?

"Depuis deux ans je vis une vie de nomade, je n’ai pas de « chez moi », je traîne mes valises de pays en pays et parfois de continent en continent. Pour l’instant je ne crois pas que cela va changer. Grâce à mes résultats, je vais faire un stage rémunéré l’année prochaine de six mois dans l’organisation internationale de mon choix, ce qui veut dire encore déménager… J’ai appris des langues et je souhaite perfectionner mon espagnol prochainement. Je pense à bientôt passer le concours d’avocat, puis faire plus de travail de terrain et pourquoi ne pas créer ma propre ONG, qui sait ? Je me sens assez forte pour me retrouver partout et même travailler dans un pays en guerre. Quoiqu’il en soit, mon futur est incertain mais assez sûr en même temps car je sais que je trouverai toute ma vie de quoi faire dans le domaine des droits de l’Homme (et de la Femme !). C’est le plus grand, le plus long et le plus beau défi qu’un individu puisse se lancer.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

"J’ai l’impression d’avoir rêvé mon enfance à la Réunion, mais c’est aussi la Réunion qui m’a donné envie de voir du pays. J’ai été témoin et victime sur cette île d’injustices très jeune, et c’est cela qui m’a poussé vers le but que je me suis donnée aujourd’hui : lutter pour les droits les plus humains, en particulier ceux des personnes les plus vulnérables comme les femmes et les enfants. Donc sans cette mobilité, et bien tout simplement je ne serais jamais devenue ce que je suis aujourd’hui, ni fait, vu et appris toutes ces choses. De plus voyager -que ce soit pour la découverte, le travail, ou les études- a élargi considérablement mes perspectives du monde, des peuples et des individus. Cela me rend beaucoup plus sage et sereine.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Bien sûr mes parents, l’ambiance, entendre le bruit de la mer la nuit pour me bercer, et aussi être proche de mon pays d’origine : Madagascar. Je ne reviens pas souvent, mais à chaque fois que j’y suis, je me ressource complètement mentalement et physiquement, notamment grâce à la cuisine de ma mère !"

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Il est vrai que la Réunion sans la France serait dans une situation économique difficile, car il y a bel et bien une dépendance. Il appartient aux élus locaux de rendre les Réunionnais plus autonomes économiquement, notamment par une guerre contre le chômage. Mais je me rends compte que c’est peut-être plus facile à dire qu’à faire. Ceci dit, il faut noter que les femmes réunionnaises sont beaucoup plus actives que les hommes".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Dans les pays où je vais, ça commence par « d’où viens-tu ? ». - De France. « Ah bon ? » - Oui e suis née là-bas mais je suis malgache d’origine. « Mais tu vis où exactement en France ? » - Non je réside en Suède pour l’instant. « Ah ? Et tes parents où sont-ils ? » Aïe là ça se corse... - heu… La Réunion tu connais ? En général cela dépend du pays : soit ils ne connaissent pas du tout, soit seulement de nom. Mais dans tous les cas on m’envie, on cherche à connaître l’île et la vie là-bas. C’est vrai que vivre sur une île est une belle expérience !"

Quels sont les conseils que vous donneriez aux jeunes Réunionnais ?

"La seule chose que je pourrais conseiller aux jeunes Réunionnais, c’est de prendre le temps de vraiment réfléchir à ce qu’ils sont et ce qu’ils aimeraient être. L’essentiel c’est de trouver sa voie t d’être déterminé, que ce soit en restant à la Réunion ou en partant !"

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