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Yeun Renambatz : savourer Paris en attendant de rentrer

Publié le 17 janvier 2020

Responsable commercial dans une entreprise franco-hongkongaise spécialisée dans les accessoires high-tech pour smartphone, Yeun déclare : « Habiter cette ville monde est une chance que je savoure d’autant plus que je sais qu’un jour je la quitterai pour rentrer au pays. »


Pouvez-vous vous présenter ?

Yeun Renambatz, 31 ans. Je suis né à Sainte-Clotilde et j’y ai passé les 20 premières années de ma vie. Mon père est musicien et luthier d’instrument à vent, ma Maman travaille pour la Mairie de Saint-Denis depuis près de 20 ans. J’ai quitté La Réunion à 21 ans, après deux ans d’études en prépa littéraire. J’ai rejoint des amis réunionnais qui s’étaient installés à Lille pour terminer mes études de lettre et suivre un master en communication - marketing.

Racontez-nous vos débuts en métropole.

La première anecdote qui me vient à l’esprit, c’est le jour de mon arrivée. Avec la mobilité, nous avions droit à des bagages de 50 kilos... Entre les escalators, l’aéroport, le métro, ma valise unique est tombée en pièces au fur et à mesure de mon périple jusqu’à chez ma tante. Je l’avais trop chargée ! A la fin de la journée toutes les roues et les poignées étaient cassées, il fallait la déplacer comme un carton. Une vraie galère mais qui n’a pas entachée ma bonne humeur face à cette la grande aventure en métropole.

Avez-vous eu des difficultés à vous adapter ?

J’ai bénéficié d’une bourse allouée par la Région Réunion qui m’a permis de m’installer en Métropole et de financer une partie de mes études. Ca a été une aide précieuse. Venir de La Réunion a depuis le départ été une force car on se sent toujours investi d’une mission d’ambassadeur et ça reste une part forte de notre identité. Mais je me souviens de mon premier hiver lillois en collocation avec deux Réunionnais... Il faisait toujours chaud chez nous car nous mettions le chauffage à fond. On se promenait en débardeur à la maison, même en plein hiver (depuis j’ai su adapter mon chauffage !). C’était la collocation des Réunionnais connue pour ses bon rhums arrangés sur le campus… Je me suis ensuite installé à Paris où je vis et travaille depuis sept ans, suite à mon stage de fin d’étude.


Quel est votre regard sur cette ville ?

Je suis devenu un vrai parisien et comme tous les Parisiens, je connais les mauvais côtés de la capitale mais je préfère ne garder que le meilleur de cette expérience… même si c’est difficile quand il pleut et qu’il fait 5°c en février. C’est une ville monde, l’offre culturelle est infinie et c’est un centre économique européen qui concentre de nombreuses opportunités. Habiter cette ville est une chance que je savoure d’autant plus que je sais qu’un jour je la quitterai pour rentrer au pays...

Quels sont vos projets ?

A court terme, continuer à développer mon réseau professionnel en Europe et à l’international, voyager un maximum en profitant de la situation centrale de la France. Je partage d’ailleurs mes voyages et mes expérience via un compte instagram. D’ici cinq ans, j’ai pour projet de me réinstaller à La Réunion afin de fonder une famille et de me rapprocher de la mienne ! Grace à mon réseau, je pourrai m’installer dans les meilleures conditions et mettre à profit mon expérience internationale. Mon idée est à mon échelle de faire avancer l’île à mon retour. Au delà de mon projet personnel, je pense qu’il est important que les jeunes reviennent sur l’île pour apporter leur concours à l’évolution de notre culture et de notre identité. 

Avec le recul, que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Le voyage et la découverte sont au centre de mon expérience de mobilité. Mon cursus scolaire était disponible à La Réunion, c’était donc un choix de ma part de partir pour découvrir une autre façon de vivre et enrichir mon expérience. Au delà de s’ouvrir l’esprit, vivre en métropole m’a permis en 11 ans de voyager en France, en Europe et en Afrique pour mes loisirs, mais aussi de saisir des opportunités professionnelles qui m’ont amené à voyager aux Etats-Unis et en Asie. Je participe notamment deux fois par an à des salons électroniques à Hong-Kong. J’ai aussi eu la chance de participer au plus grand salon High-tech du monde : le CES de Las Vegas. 


Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

J’ai un cercle d’amis proches que je garde depuis le lycée... les mêmes que j’ai suivi il y a 11ans quand je me suis installé. Ils sont maintenant aux quatre coins du monde entre New-York, Londres, Bordeaux mais aussi à La Réunion pour ceux qui ont déjà pris le chemin du retour. Je suis aussi de près la communauté réunionnaise sur instagram, très dynamique et engagée #team974.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Les savates 2 doigts toujours aux pieds quand la météo le permet et le fameux caba Pardon que j’ai offert à tous mes amis. Plus que les objets, c’est un état d’esprit toujours positif qui me suit, ce rayon de soleil qui m’a vu grandir et qui ne me quitte jamais…

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

La météo ! Je crois que je ne suis pas fait pour vivre en hiver. Les gens, l’ambiance générale me manquent. La vie insulaire a cette part d’insouciance qui me manque comparée à une vie parisienne où les gens sont parfois trop sérieux, trop pressés, trop stressés…

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je me passionne depuis un an pour le tissu économique et politique réunionnais en pleine mutation. Je lis énormément de contenu sur les principaux sites d’informations mais aussi dans Mémento (mensuel économique de l’océan indien). De façon générale, de part sa situation géographique et l’essor du numérique, La Réunion a plus que jamais un potentiel de développement important au sein de l’océan indien. Face à des enjeux climatiques et environnementaux urgents, l’économie verte est aussi une piste qui pourrait aider La Réunion à devenir un exemple de développement au sein de L’Europe. Je constate que les secteurs du retail et de la grande distribution sont très dynamiques comparés à la situation des autres territoires ultra-marins. J’ai un regard plus critique sur la valorisation touristique de notre île. La communication autour de ce secteur reste marquée par la crise requin et les métropolitains n’ont pas d’idée claire sur tout ce que notre territoire peut offrir.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

A Paris la Réunion est perçue comme une destination vacances nature et l’île volcan. Notre île a donc une bonne image même si elle reste entachée par la crise requin. Les amis que j’ai emmené en vacances sont tombés amoureux, car contrairement à d’autres destinations, on peut s’y projeter car elle reste attractive de part son cadre de vie et son dynamisme économique.

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