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Yoann Lauret, l’ancien volontaire resté à Madagascar

Publié le 17 décembre 2020

#Kéré. Il construit des barrages et citernes. Arrivé dans la Grande Île en 2008 en tant que VSI, ce Saint-Pierrois formé en BTP raconte comment le volontariat a changé sa vie. Aujourd’hui responsable Génie rural dans l’ONG Agrisud International, il construit et rénove, 12 ans plus tard, des citernes et barrages d’irrigation.


Peux-tu te présenter ?

Yoann Lauret, 34 ans. Je viens du quartier La Concession Conde à Saint-Pierre. Je suis diplômé d’un Bac STI en Génie Civil et d’un BTS en Travaux Publics. Depuis 2018, je suis responsable Génie Rural au sein de l’Association Agrisud International sur un projet de préservation du massif de Beampingaratsy appelé « TALAKY », dans la région Anôsy au sud-est de Madagascar.

Comment es-tu devenu volontaire ?

Après l’obtention de mon BTS, j’ai commencé par un contrat de professionnalisation dans une entreprise de BTP à La Réunion. L’association des Volontaires du Progrès – devenue France Volontaires en 2009 – et la Région Réunion étaient à la recherche d’un volontaire pour le suivi de chantiers à Madagascar. Après un mois d’hésitation, et étant dans une situation professionnelle assez précaire, j’ai pris la décision de postuler auprès de l’association qui m’a engagé sous contrat de Volontaire du Progrès – maintenant Volontaire de solidarité internationale (VSI), pour accompagner la construction des citernes et des impluviums de l’opération Kéré à Ambovombe-Androy.


Quel a été ton rôle sur l’opération Kéré en tant que volontaire ?

Je suis arrivé à Madagascar en 2008 avec l’état d’esprit d’un jeune de 22 ans qui était enthousiasmé par la découverte de l’inconnu et en même temps par la crainte d’une zone marquée par la sécheresse. J’avais vraiment envie de m’intégrer. Pendant ma mission, je suis intervenu en appui technique pour la mise en place de citernes en béton armé récupérant les eaux de pluie et la construction et réhabilitation des impluviums. Là-bas, l’eau vaut de l’or. Certains faisaient 15, 20, 30 kilomètres à pied pour acheter de l’eau et cela tous les jours ! Avoir un bassin, c’est une sécurité avec des citernes qui peuvent durer plus de 70 ans.

Quel a été le bilan de l’opération ?

En moins de trois ans, 64 citernes ont été construites, en béton armé, récupérant le ruissellement des eaux de pluie des écoles. Dix impluviums ont été réhabilités et deux entièrement construits. Ces citernes et impluviums ont permis à 51 000 personnes et à 416 écoles d’avoir accès à l’eau potable. Parfois 7 000 personnes pour un seul impluvium, c’est énorme ! Plus il y avait de l’eau, mieux ils se portaient, c’était le genre d’évidence qui motivait plus que tout.

Chantier école sur la réalisation de citernes avec participation des entreprises locales

Peut-on dire que ce volontariat a également changé ta vie ?

Après trois années de volontariat, au cours desquelles j’ai rencontré ma femme, je me suis partagé entre La Réunion et Madagascar. En 2010, après la naissance de notre premier enfant, j’ai priorisé la recherche d’un emploi sur la Grande Ile. C’est grâce à cette mission de volontariat sur l’opération Kéré au sein du GRET que j’ai pu bénéficier d’une opportunité au sein de l’ONG AVSF (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières) sur la mise en place des points d’eau potable, des forages d’irrigation et la réhabilitation des périmètre rizicole (barrages, etc.).


Depuis 2018, je travaille au sein d’Agrisud International, qui met en œuvre la composante alternative agricole à la déforestation et qui propose plusieurs activités, dont l’aménagement des bassins versants et de périmètres irrigués. Actuellement, je travaille sur un projet de préservation de conservation du massif de Beampingaratsy appelé « TALAKY », dans la région Anôsy au sud-est de Madagascar. Ce volontariat a été la base des expériences que j’ai pu engranger au fil des ans.

Aujourd’hui, quel bilan en tires-tu ?

Avant mon volontariat, je n’avais jamais eu l’objectif de m’engager dans des actions solidaires et de développement, et ces problématiques ne m’intéressaient pas particulièrement. 12 ans après, je suis toujours dans le pays que j’ai découvert par le biais de mon volontariat. J’y ai construit ma famille, je parle couramment le Malagasy, et j’y ai eu quasiment toutes mes expériences professionnelles. Depuis mon volontariat, je n’ai plus quitté le domaine du développement. J’estime que l’engagement et la solidarité sont les bases pour pouvoir y travailler.

Deux volontaires réunionnais – festival KEBEKE 2008

Quels conseils donnerais-tu aux futurs volontaires qui, comme toi avant ce volontariat, n’ont jamais mis les pieds à Madagascar ?

L’expression « Les voyages forment la jeunesse » est totalement vraie, il ne faut pas hésiter dès qu’on en a l’occasion ! Madagascar est un pays ancestral. En tant que Réunionnais, c’est vraiment intéressant de découvrir l’histoire de l’océan indien vue de Madagascar et de comprendre la relation qui existe entre Réunionnais et Malgaches. Apprendre la langue locale facilite beaucoup de choses ! Mais il ne faut pas avoir peur de la solitude, et garder la tête sur les épaules et les pieds sur terre en raison de l’éloignement familial. Etant étranger, des moments durs, il y en aura toujours, mais il faut les affronter, les combattre et ne pas se désister au premier coup dur.


Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 12 à 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 50 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien / La page Facebook

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