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Yohann Vinson, la vie d’expat à Chicago

Publié le 20 novembre 2023

Lauréat du Grand Prix V.I.E des Outre-mer 2023, Yohann effectue un volontariat international dans une entreprise française aux Etats-Unis. Il nous raconte comment dans son cas, des études en alternance, la culture créole et le virus du voyage lui ont ouvert les portes du monde.


Pouvez-vous vous présenter ?

Yohann Vinson, 28 ans. Né à Saint Pierre, j’ai grandi et habité au Tampon avec mes parents, mais toute ma famille habite à Sainte Suzanne. C’est là où j’ai mes souvenirs d’enfance et c’est là où je suis basé lorsque je rentre sur l’île. J’ai grandi avec la double culture : créole et métropolitaine, ce qui m’a donné un sens de l’écoute, de la compréhension des autres et une forte capacité d’adaptation. Tout cela est nécessaire aujourd’hui à mon travail.

Racontez-nous votre parcours.

Je n’ai pas vraiment décidé de quitter La Réunion... Quand j’avais 8 ans, toute la famille a quitté Le Tampon pour déménager à Paris. J’ai été surpris la première semaine, lorsque j’ai réalisé qu’ils ne donnaient pas de sandwich à la cantine le samedi midi après l’école ! Plus sérieusement, je me souviens d’avoir dû faire face à une différence de mentalité et à un esprit individualiste auquel je n’étais pas habitué. J’avais aussi l’impression que les gens étaient concentrés sur le travail et « vivaient moins ».


J’ai un master en ingénierie d’affaires avec une spécialisation dans le domaine de l’informatique, obtenu à Paris. J’ai fait toutes mes études supérieures en alternance. J’insiste sur ce point car je ne serais pas arrivé là si je n’avais pas fait d’alternance. J’ai effectué mes cinq années d’études supérieures en alternance dans des entreprises différentes. Cela m’a formé sur le plan professionnel, a développé mon attractivité sur le marché de l’emploi ainsi que ma capacité d’adaptation. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des personnes qui avaient beaucoup voyagé et qui m’ont donné le goût de tenter cette aventure. Enfin, je ne serais pas là sans l’éducation de mes parents, si depuis jeune on ne m’avait pas appris à toujours aller chercher plus loin et à sortir de ma zone de confort.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

J’occupe le poste de Business Developer sous contrat de Volontaire International (VIE) pour la société SES-Imagotag aux États-Unis à Chicago. C’est une société qui commercialise du matériel et des logiciels pour automatiser la gestion des prix en magasin. Je m’occupe de développer le marché américain et canadien, ce qui m’amène à beaucoup voyager en Amérique du Nord.


Chicago est une ville vivante qui ne dort jamais. Par exemple, je peux faire mes courses jusqu’à minuit tous les jours de la semaine au supermarché à deux minutes de chez moi. Quand je rentre en France, il me faut un peu de temps pour m’habituer au rythme plus lent. Les Américains sont très ouverts ; il est très facile de discuter avec un inconnu, peu importe le lieu où l’on se situe. Toutefois, ils sortent aussi vite de votre vie qu’ils y sont entrés ! Il m’est arrivé à plusieurs reprises de parler avec des personnes pendant des heures puis de les recroiser dans la rue le lendemain, et j’étais un inconnu pour eux...

Quels sont vos projets ?

Mon contrat en VIE prend fin en mars 2024. Un choix se présentera alors à moi : continuer l’expérience américaine en contrat local, rentrer en France, ou partir ailleurs dans le monde pour une autre expérience. Continuer en contrat local a ses avantages et ses inconvénients. Le niveau de vie aux USA est élevé et mon travail me fait voyager ; c’est quelque chose qui m’anime. Toutefois, être loin des miens et isolé à l’autre bout de la planète est parfois pesant. Ma carrière prend une tournure assez sérieuse et j’ai beaucoup travaillé pour ça. J’irai donc vers le choix qui me donnera le meilleur équilibre entre mon évolution professionnelle et mes proches.


Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à La Réunion ?

Avoir les mêmes conditions de travail qu’actuellement. L’inconvénient, c’est que La Réunion est loin de tout et plus j’avance dans ma carrière, plus je m’en éloigne. Si je veux venir à La Réunion aujourd’hui, c’est un voyage de plus de 20 heures. Je voyage beaucoup et j’aimerais pouvoir garder ce rythme de vie. Donc il y a peu de chances à moyen terme que je revienne. En revanche, je suis certain que je passerai ma retraite à La Réunion, avec la vue sur la mer.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Les moments en famille, la météo (il a fait -32 l’année dernière à Chicago), les paysages, la mer et surtout... la nourriture ! Je pense qu’il y a une idée de business à développer aux Etats-Unis, autour d’un restaurant et plus largement de la gastronomie réunionnaise. J’en serais le plus fidèle client ! En attendant, j’ai toujours avec moi un bocal de piment. Je suis un créole et je ne peux pas manger un plat sans piment. J’attends avec impatience mon retour à La Réunion en décembre 2023 pour faire le plein.

Remise de prix à Paris : "Très heureux d’avoir aidé à populariser le dispositif V.I.E auprès des jeunes Ultramarins et d’avoir remporté le premier prix V.I.E Océan Indien en représentant la jeunesse Réunionnaise et SES-imagotag"

Quelle est l’image de La Réunion là où vous vivez ?

À Chicago, les locaux ne connaissent pas La Réunion ni même une ville française en dehors de Paris. Quand on me demande d’où je viens, il y a toute une éducation géographique et historique à faire. Pour faciliter les explications, je compare La Réunion à Hawaï, tant sur les paysages que le statut administratif vis-à-vis de la France et des USA. Les métropolitains, eux, sont assez surpris de me voir aussi loin de mon île et me demandent pourquoi j’ai quitté le paradis pour les US.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

En dehors de ma famille, j’ai rencontré pas mal de Réunionnais en France, mais jamais proche de chez moi. Ce qui amenait des discussions sympathiques sur le moment mais ne permettait pas de développer de relation sur le long terme. À Chicago, j’ai récemment rencontré un Réunionnais, lui aussi en VIE dans une entreprise française. On doit se retrouver prochainement avec la communauté francophone pour des activités ou des sorties.


Quel est votre regard sur la situation socio-économique de La Réunion ?

Je suis inquiet de la différence de prix entre la métropole et La Réunion sur les produits de première nécessité. Le taux de chômage est aussi préoccupant et je n’ai pas l’impression que les chances sont les mêmes en Métropole qu’à La Réunion. Je me sens privilégié et impuissant en pensant à cela.


+ de portraits de Réunionnais VIE

Le Volontariat International en Entreprises (V.I.E) permet depuis 2000 aux entreprises françaises de confier à un jeune, jusqu’à 28 ans, une mission professionnelle à l’étranger durant une période modulable de 6 à 24 mois, renouvelable une fois dans cette limite. https://mon-vie-via.businessfrance.fr/

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