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En direct du conflit en Martinique 1

Publié le 9 février 2009

Couple "martiniquo-réunionnais", Véronique et Willy décrivent les débuts rapides de la grève générale en Martinique, qui emboîte le pas à celle de Guadeloupe. Tandis que l’île se paralyse peu à peu, ils livrent leur analyse sur les causes économiques latentes de ce conflit.

Entretien daté du 9 février 2009

Pouvez-vous vous présenter svp ?

Je suis Véronique, 35 ans, cadre dans un organisme privé en charge d’un service public. Mon ami, 32 ans, travaille dans une entreprise privée mandataire dans la distribution du gaz. Je suis originaire de la Martinique et Willy, mon ami, est réunionnais.

Que savez-vous des événements actuels aux Antilles ?

Les revendications en Guadeloupe et en Martinique portent sur la chèreté de la vie et les salaires, pensions, aides, etc. qui ne sont pas suffisants par rapport à cette vie chère. Les syndicats, la population reprochent également un monopole ou oligopole dans la grande distribution, les réseaux d’importation et les entreprises, en particulier dans le domaine agro-alimentaire. Enfin, ils contestent une pratique de marges très importantes par rapport aux prix pratiqués en métropole. Il n’y a pas vraiment de concurrence.

Etes-vous surprise par ce mouvement ?

Il fallait s’y attendre. La Guadeloupe a démarré le mouvement, l’a fait durer. La Martinique connaît une montée en puissance beaucoup plus rapide du fait des retours qu’il y a eu par rapport au mouvement guadeloupéen. La Guyane emboiterait prochainement le pas à La Martinique et à La Guadeloupe.

Comment vivez-vous ce conflit au quotidien ?

On vit au jour le jour au fur et à mesure de l’évolution du conflit. Depuis jeudi 5 février, les supermarchés n’ont pas pu rouvrir et il y a peu d’écoles et de crèches qui fonctionnent. Les stations d’essence ne distribuent plus qu’aux professions prioritaires depuis aujourd’hui. Depuis hier déjà impossible de faire le plein… La raffinerie autorisera les chargements de camion citerne au compte goutte. Coupures d’eau et d’électricité sont à prévoir dès cette nuit semblerait-il. Le collectif fait fermer toute entreprise, quelle que soit sont secteur d’activité.

"A la Réunion, les richesses sont plus partagées"

Quelle est votre explication personnelle de ces événements ?

C’est un phénomène latent. Les dispositions du gouvernement actuel n’ont fait qu’empirer ce sentiment, cette réalité de ne pas pouvoir s’en sortir. Pour les questions sur la Réunion, je laisse la place à mon ami…

Selon vous quelles sont les ressemblances et les différences entre la situation martiniquaise et celle de la Réunion ?

A la Réunion, il n’y a pas détention de 80 % de l’économie par 1% de la population. Les richesses sont plus partagées. De plus, les fonctionnaires gardent à la retraite les 40 ou 50 % de plus qu’ils gagnent durant leur vie professionnelle. En Martinique, les fonctionnaires perdent ces 40% à leur retraite. Les grandes similitudes sont le taux de chômage élevé et les différences de prix importantes sur les produits importés par rapport à la métropole. La vie chère et les salaires insuffisants par rapport à cette vie chère

Comment voyez-vous l’évolution des événements ?

Je pense qu’après ce gros clash, qui va durer on ne sait combien de temps, il y aura une remise à plat sur les prix pratiqués, un meilleur contrôle sur les prix de la part de l’état.

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