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Les marques réunionnaises sur Internet : pièges et stratégies

Publié le 2 mars 2009

L’Agence de Développement de la Réunion a réuni son Club des Entrepreneurs sur « les stratégies de marques et la valorisation de savoir-faire sur Internet ». L’intervenant, Sulliman OMARJEE, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle, a sensibilisé les participants sur des notions aussi nouvelles que stratégiques : protéger sa marque dans la jungle de l’Internet, valoriser son savoir-faire sur le Web, défendre ses actifs immatériels contre les atteintes en ligne...

Sulliman Omarjee

Le Club des Entrepreneurs regroupe des adhérents de l’Agence de Développement désireux d’échanger sur des problèmes concrets qu’ils rencontrent. Les informations apportées par Sulliman OMARJEE, Juriste de la Propriété Intellectuelle et NTIC de la Région Réunion, sur « les stratégies de marques et la valorisation de savoir-faire sur internet" ont interpellé les chefs d’entreprise présents. Les propos de l’intervenant, titulaire d’un DEA des créations immatérielles, d’un LLB « copyrights & trademarks » et d’un diplôme de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), alternaient tantôt des alertes sur des dangers mal appréhendés et tantôt sur des perspectives sous estimées pour les entreprises.

Le N de NTIC, plus vrai que jamais pour Internet

Le N pour Nouveau dans le sigle NTIC, Technologies de l’Information et de la Communication, reste plus que jamais vrai pour Internet. On peut se croire familiarisé à son existence, mais rester ignorant des nouvelles fonctionnalités et des évolutions constantes qui font d’Internet un média qui reste nouveau pour les entreprises.

Quelles entreprises à La Réunion ont réellement répercuté leur stratégie commerciale, de développement sur Internet ? Parvenus à l’ère de ce qu’on nomme le Web.02 et à l’aube d’un Web 03 dont on parle déjà sans trop savoir ce qu’il sera, quelle entreprise sait faire de la toile un outil percutant ? Quelle entreprise sait s’en protéger ? Quelle entreprise allie stratégie de marque et Internet ?

Des dangers et des atouts pour l’entreprise

Blue tooth indélicat, petits logiciels intégrés sur des clés USB…Autant d’outils capables de voler des données d’un ordinateur à l’autre, en quelques secondes. Sans tomber dans le fantasme de Big Brother, un spécialiste peut vous faire la démonstration d’un vol de carnet d’adresses d’un PDA à l’autre au cours d’une conférence anodine ou d’un cocktail, avec une manipulation sans grand artifice. Les entreprises et leurs collaborateurs se trouvent ainsi dépositaires d’un capital immatériel mal protégé. Il convient d’admettre qu’un brevet technique devient dès lors facile à voler. Il ne suffira donc pas de le protéger en le déposant.

Valoriser son savoir faire et ses actifs immatériels est crucial et Internet est un véritable levier pour capter une clientèle. « Cela ne sert à rien de mettre 4000 euros dans un brevet s’il n’y a pas de stratégie de reproduction », martèle Sulliman Omarjee, donnant pour exemple des personnes qui vivent aujourd’hui à la Réunion du revenu de leur brevet, sans pour autant gérer la fabrication ou la distribution de leur produit en Afrique du Sud.

La marque, dans ce contexte, est l’instrument idéal pour toucher un public. Elle est ce signe distinctif qui désigne des produits ou des services. Elle peut être protégée soit par le dépôt à l’INPI, soit, à défaut de dépôt à l’INPI, par la notoriété acquise en raison de son exploitation. Internet recèle, de part sa structure, un potentiel énorme pour disséminer sa marque. L’intervenant donne l’exemple de Célio qui a mis en ligne 3 modèles de chemises pour fabriquer au final le modèle retenu par les internautes. Ce marketing particulièrement performant suppose l’investissement dans un site interactif et la possession d’un fichier qualifié de clients.

La règle n°1 est alors d’être référencé. « Si vous n’êtes pas sur Google, vous n’existez pas ! » Stratégie de marque, protection de la marque, circulation d’information sur la marque, tout ramène aux enjeux du référencement. C’est lui qui vous aidera à vous protéger des contrefaçons dont votre marque serait victime. Rappelons-le, contrairement au brevet qui tombe dans le domaine public 75 ans après la mort de son auteur, la marque ne tombe jamais, dès lors qu’on renouvelle le paiement pour la préserver.

« .re », convoité à l’extérieur, sous exploité à La Réunion

Valoriser sa marque par le nom de domaine est évidemment stratégique. Opter pour le « .re » peut renforcer la dimension communautaire pour une distribution de produits et services sur le marché insulaire. A contrario, tout enregistrer, sous « .com », « .net », « .fr », en croyant que cela va démultiplier les visites est inutile. Il faut simplement bien choisir l’extension la plus adaptée à son activité. Le « .re » identifie sur la toile le territoire géographique de La Réunion avec des conditions d’attribution strictes, fixée par l’AFNIC, qui a en charge la gestion de cette extension : elle impose la preuve d’une domiciliation à La Réunion ; dans le cas contraire, l’enregistrement n’est pas possible.

Malgré ses atouts, le « .re » est aujourd’hui sous exploité par les entreprises locales, alors qu’il suscite les convoitises d’outre océan, en particulier des Américains qui veulent enregistrer des domaines sous « .re ». En effet, les pics de connexions enregistrés à La Réunion, les plus importants sur la zone Océan Indien, ont attiré leur attention.

Les nouveaux anglicismes…

Les dérives liées à ces évolutions font l’objet de nouvelles dénominations, le plus souvent anglicistes. Ainsi, le cybersquatting consiste à enregistrer un nom de domaine correspondant à une marque, avec l’intention de le revendre plus tard à la marque qui aurait dû en être détentrice, ou de nuire à sa visibilité. Comme pour le ".fr", le ".re" a inspiré des actes de cybersquatting : des sociétés détentrices de marques mondialement connues ont eu la surprise de découvrir celles ci utilisées avec une extension en ".re", sans autorisation de leur part. Même en l’absence de résidence sur l’île, les sociétés victimes étaient dans leur droit d’agir en contrefaçon, même si l’AFNIC avait à tort validé ces dépôts. L.es cybersquatteurs via l’extension péï ont été déboutés.

Le typosquatting est une forme particulière de cybersquattage : le typosquatteur compte sur les fautes de frappe des internautes ; il achète tous les noms de domaine dont l’orthographe est proche de celle d’un site très fréquenté... Le domain parking, ou site parking est une autre stratégie de contrefaçon : l’internaute est redirigé vers une page contenant des liens publicitaires, dénommée la page parking. Le propriétaire du nom de domaine se rémunère pour chaque clic réalisé par un internaute sur un lien figurant sur sa page parking. Il y a atteinte à la marque sans autorisation de celle ci par une personne autre que le titulaire légitime.

Quelles que soient ces dérives, la loi évolue pour que les recours posés par les victimes soient dénoués au plus vite, avec le concours de l’AFNIC, de l’OMPI, le plus souvent au cours de procédures à l’amiable pour éviter des procès interminables et rendus complexes par le fait que les parties adverses sont des ressortissants de nationalités et de système judiciaires différents.

Le potentiel de développement des entreprises grâce à Internet sera traité sous d’autres angles dans d’autres clubs des entrepreneurs de l’Agence de Développement au fil de l’année 2009. Le prochain rendez-vous sera consacré à la logistique. www.adreunion.com

Contact presse : Frédérique LEBON, Consultante communication - 0692 765 785

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