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Fabrice Grondin, 32 ans, inséminateur bovin en Vendée

Publié le 27 avril 2006

Originaire de Saint-Joseph, Fabrice est salarié dans une petite société de 15 associés, où il pratique l’insémination artificielle bovine depuis sept ans. Un métier passionnant, qui se double d’une activité commerciale : la société ABPV (Amélioratrice Bovine Poitou et Vendée) propose aux agriculteurs toute une gamme de compléments alimentaires pour les bovins, sous le statut de SCOOP (Société de Coopérative Ouvrière). Un statut très motivant pour ceux qui en font partie.

Fabrice Grondin
Fabrice en pleine action : "Je suis arrivé en métropole avec 3500 F en poche, le prix d’une vache que mes parents agriculteurs avaient vendue pour mon départ..."

D’où venez-vous à la Réunion ?

"Je suis né à Saint-Joseph, à Grand-Coude plus précisément. C’est un coin perdu mais très agréable à vivre. Mes parents étaient agriculteurs et tenaient une petite exploitation laitière qui faisait vivre six personnes".

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île ?

"Je suis parti en septembre 1994 pour préparer mon BTS "productions animales", après une montagne de démarche administrative : trouver l’école, les tages, l’hébergement, le financement... J’ai dépenséplus de 2000 frs en téléphone, et j’ai frappé à toutes les portes. La mairie m’a donné 500 frs pour un voyage de deux ans (pour la petite anecdote) et L’ANT ma donné un bon coup de main. Une fois toutes les tâches administratives réglées, le contrat de qualification signé, me voilà prêt à prendre mon envol à 20 ans ! Super heureux de partir mais en même temps "déchiré" au fil des kilomètres, sur la route entre la maison et Gillot. C’était d’autant plus difficile à l’aéroport car il y avait toute une délégation de famille pour m’accompagner à l’avion..."

Comment s’est passée votre arrivée ?

"Donc après quelques larmes de part et d’autres, me voilà arrivé à Paris... Le rêve, avec 3500 frs en poche suite à la vente d’une vache par mes parents, et bien sûr les 500 frs de la commune. Accueilli par les services de l’ANT, tout le groupe passe une soirée à Paris et le lendemain, tout le monde au train afin de rejoindre sa région. En ce qui me concerne c’était les pays de Loire. Je suis arrivé à la gare de Nantes où quelqu’un de l’ANT m’a accueilli et mis en situation. J’ai atterri dans une exploitation laitière(le GAEC AGENEAU-PINEAU), chez des gens formidables, où j’ai découvert l’agriculture métropolitaine".

Et ensuite ?

"Pendant mes années de BTS j’ai rencontré ma future femme. Et puis j’ai été appelé au service militaire à Rennes. Après un bref retour à la Réunion, je suis retourné en Vendéée. J’ai travaillé de nuit dans un abattoir puis dans une usine de meubles, avant d’occuper mon poste actuel. Aujourd’hui je fais un boulot qui me passionne et j’ai une petite maison que je rénove moi-même".

Fabrice Grondin

Quels sont vos projets ?

"Je n’ai pas pour projet de rentrer à la Réunion. J’ai eu une opportunité, mais je suis tombé sur des lourdeurs administratives et je n’ai pas pu finaliser le dossier. Des fois je me dis que je suis peut-être passé à côté de quelque chose. En ce moment, mon métier est en pleine restructuration en terme de loi sur l’élevage. Je réfléchis sur une éventuelle installation à mon compte, en tant qu’agriculteur".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"J’avais toujours dis à mes parents que je resterais toujours près d’eux, puis à 20 ans je leur annonce que je m’en vais pour une durée de deux ans. Aujourd’hui, 12 ans après, je suis toujours à plus de 10 000 km de la maison. Le manque tourne surtout autour de la famille, les problèmes de santé des uns et des autres. Les jours de fêtes sont souvent difficiles, même si j’ai su m’entourer et faire ma place ici. Les grands manques sont les repas de famille".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Je pense que toutes les personnes qui partent ont un but dans la vie. Moi tout jeune j’avais dit à mon père que je serai inséminateur. Aujourd’hui je le suis, même si cela a du passer par la mobilité. Pas évidente du tout, mais une expérience très enrichissante. Je le referais sans hésiter. Maintenant je vais voir comment mon métier va évoluer et peut-être je saurai en tirer profit pour aboutir sur d’autres projets".

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