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Rémi de Cambiaire, expert-comptable en Australie et en Nouvelle-Calédonie

Publié le 6 avril 2009

Après une carrière d’expert-comptable et commissaire aux comptes à La Réunion, Rémi a fait le grand saut avec sa famille vers le continent australien. Reparti « du bas de l’échelle » à Sydney, il travaille aujourd’hui, à 50 ans, pour le cabinet Kreston, à cheval entre l’Australie et la Nouvelle-Calédonie. Rémi participera au 1er village de la diaspora réunionnaise du 14 au 16 octobre 2009 à Saint-Denis.

Rémi de Cambiaire

D’où êtes vous à la Réunion ?

J’habitais une commune très agréable : Sainte-Marie. Je suis originaire d’un milieu plutôt aisé. Ceci dit, je travaille depuis l’âge de 24 ans, et dois ma réussite qu’au résultat de mon travail et le soutien moral de ma famille. Après des études de droit, j’ai opté pour l’expertise comptable. J’exerce ce métier depuis 25 ans.

Racontez-nous votre parcours professionnel.

J’ai commencé comme auditeur dans un grand cabinet parisien (Ernst & Young), puis ai été muté à la Réunion dans le cadre d’un partenariat avec un cabinet local (FIDECOREX). J’ai quitté ce cabinet en 1997 pour entrer comme associé dans le cabinet EXCO Réunion jusqu’à mon départ pour l’Australie en janvier 2004. J’ai d’abord créé un cabinet EXCO en Nouvelle Calédonie, dont je me suis retiré maintenant pour être à plein temps sur Sydney.

Quels ont été les raisons de votre départ vers le continent australien ?

Le choix d’une nouvelle vie, d’un nouveau challenge… A 40 ans, je me suis posé de nombreuses questions sur l’envie de faire quelque chose d’original. Et puis l’Australie était un rêve d’enfance (Skippy le kangourou !). Plus sérieusement, après trois séjours en vacances, nous avons décidé avec ma famille de tenter l’aventure.

Comment cela s’est-il passé ?

Nous avons déposé une demande de visa de résident permanent qui a pris deux années d’instruction. Avant d’être acceptés, nous avons été examinés sous toutes les coutures par les services de l’immigration, des questionnaires qui n’en finissaient plus… et toujours le même refrain : qu’apportez vous à l’Australie ?

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Nous avons quasiment déménagé toutes nos affaires personnelles. Mais deux choses me viennent à l’esprit : un pilon (pour les carrys) et des livres d’histoire (c’est mon hobby).

Racontez-nous vos débuts en Australie.

Des débuts très difficiles, à tel point que nous avons failli rentrer au bout de six mois. Du mal à trouver un boulot, la barrière de la langue. Et repartir au bas de l’échelle à plus de 40 ans n’est pas évident. Mais la persévérance de ma femme nous a permis de supporter toutes les difficultés. J’ai aussi appris l’humilité et que la vie n’est qu’un long apprentissage.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Nous avons maintenant la citoyenneté australienne, et vivons bien ici. Nous vivons à Sydney qui est une très belle ville et très agréable. C’est beaucoup plus facile de s’intégrer à Sydney du fait de l’importante communauté française.

"Il y a moins de barrières sociales qu’en France. Ceux qui réussissent n’hésitent pas à le montrer, sans jalousie de la part des autres"

Et au niveau professionnel ?

Actuellement je travaille dans le cabinet d’expertise comptable et d’audit KRESTON Australia, en charge du French desk. Comme son nom l’indique, les clients dont j’ai la charge sont des Français, entreprises ou particuliers, installés ou désireux de s’installer en Australie. Nous leur apportons tous les conseils adéquats, une écoute plus adaptée… Ayant été professionnel en France, je sais quelles sont leurs attentes.

Vous avez intégré une entreprise multinationale…

KRESTON est un réseau international d’audit et d’expertise comptable, auquel adhère EXCO, ce qui me permet de rester dans le même groupe. En Australie, nous avons des cabinets dans les grandes villes, une centaine de collaborateurs et réalisons environ 10 millions de $ d’honoraires. A l’initiative du responsable australien, Tony DORMERS, un board régional a été créé pour faciliter les contacts ; j’y représente la Nouvelle-Calédonie, où je me rends encore une ou deux fois par trimestre.

Quels sont vos projets ?

A court terme, j’aimerais obtenir l’équivalence du diplôme d’expert comptable australien. Indispensable pour être reconnu. A moyen terme, des perspectives intéressantes s‘offrent dans le réseau KRESTON.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours professionnel ?

Pour l’Australie c’est très clair : aucun, ils ne savent même où cela se situe géographiquement. Il faut préciser que c’est proche de Maurice pour qu’ils aient une vague idée. En revanche les qualifications, les formations et l’application au travail des Réunionnais sont reconnues dès qu’ils ont eu à faire à eux. Il manque une chose, et non des moindres : la pratique de l’anglais. Sans ça, c’est très difficile ici ! Je me rappelle une fois avoir assisté à des entretiens de jeunes voulant émigrer en Australie. Certains avaient des qualifications demandées (froid, informatique, plomberie...) mais une des personnes avait un diplôme de créole. Il est clair qu’elle n’avait aucune chance d’obtenir un visa.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais en Australie ?

Plusieurs réunionnais se sont installés en Australie. Nous nous voyons aussi souvent que possible. Etant donné la taille du pays, cela n’est pas évident. Pour ceux qui sont à Sydney, nous nous voyons souvent.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Cela fait plus de quatre années que j’ai quitté le département, je ne peux même plus prétendre être un observateur, et encore moins un acteur. Je n’en ai qu’une vision au travers de la lecture des journaux (Clicanoo) et des discussions avec des amis. Je ne sais pas si on peut tenter une comparaison avec l’Australie, tant les choses et les mentalités sont différentes. Il est clair que la Réunion s’appuie énormément sur une économie basée sur les transferts sociaux, et que le social a cet inconvénient qu’on peut difficilement en sortir, tant les habitudes sont prises.

Et en Australie ?

Ici c’est différent, le pays ne peut compter que sur lui-même. Les cinq dernières années ont vu une économie florissante, avec un budget de l’Etat fédéral excédentaire, ayant pour conséquence des baisses d’impôts significatives. C’est une mentalité : on rend au contribuable ce qu’on lui a pris en trop. Je ne sais si cela serait applicable en France...

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Comme le dit une expression australienne : « no worries, mate » (qu’on pourrait traduire par « pas de souci mec »). Les australiens privilégient la qualité de la vie. Quand il fait beau, beaucoup vont faire du surf dès la sortie du bureau. J’ai été frappé de voir dans une partie de golf aussi bien un avocat qui arrive avec sa Porsche, qu’un petit entrepreneur avec sa voiture de chantier. Il y a moins de barrières sociales qu’à la Réunion ou en France, et ceux qui réussissent n’hésitent pas à le montrer sans jalousie de la part des autres.

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