Publicité

Gabriel Leperlier, responsable de la cryptographie chez Keynectics

Publié le 10 janvier 2006

Après huit années dans l’Armée en tant qu’Opérateur transmissions chiffreur, Gabriel intègre l’entreprise Certplus, devenu Keynectis, à un poste hautement spécialisé : Responsable des activités cryptographiques. La cryptographie permet de transmettre des informations de façon codée et sécurisée. Maîtrisant ce domaine de compétence stratégique, Keynectis compte au rang de ses actionnaires Sagem, Bull et Dassault.

Gabriel Leperlier

Dans quelles conditions avez-vous quitté la Réunion ?

"J’ai d’abord fait une année à l’université de Moufia, qui n’a pas été un franc succès. Je rêvais d’être "casque bleu", de partir découvrir le monde. L’armée est rapidement devenue pour moi une évidence. J’ai passé le concours, j’ai signé un contrat de cinq ans sur la base de Gillot... et départ pour l’aventure à 19 ans dans les rangs des sous-officiers de l’Armée de l’Air".

Et ensuite ?

"L’arrivée en plein hiver métropolitain pour quatre mois de classes militaires, pour la première fois loin de ma famille, a été rude, très rude. Mais le jeu en valait la chandelle et il s’en est suivit huit belles années militaires, ponctuée par quatre mois à Sarajevo. Ça forge un homme ! Puis une opportunité de quitter l’Armée pour le civil s’est offerte à moi, dans un secteur très proche de ce que l’armée m’avait appris toutes ces années".

Parlez-nous de votre métier.

"La cryptographie dans l’Armée permet de transmettre les informations de manière sécurisée. La cryptographie chez Keynectis permet d’émettre des certificats pour la signature électronique par exemple. Quand vous déclarez vos impôts sur Internet, le Ministère des Finances vous délivre un certificat électronique qui vous permet de "signer" votre déclaration. Je gère chez Keynectis le matériel qui délivre les certificats et j’ai créé ce qu’on appelle l’Autorité de certification qui signe ces certificats".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours professionnel ?

"Le fait d’être Réunionnais, comme mes compatriotes "cools sans trop l’être", m’a toujours valu une cote de sympathie. J’ai rarement ressenti de gêne, si ce n’est le regard interloqué de mes collègues quand je sors une bonne expression bien de chez nous, alors que je pensais que c’était du bon français. J’ai toujours été très agressif envers les rares propos tendancieux ou racistes qui mettent en cause la Réunion : ça a le mérite de clarifier la situation, les gens n’y reviennent pas après".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Je pense que la mobilité est importante pour se construire. Même si le développement des médias est ce qu’il est, il faut sortir et voir ce qui existe dans le monde, ne serait-ce que pour ne pas se faire tourner "carri soud’ ri" par n’importe qui".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je suis l’actualité quasiment au jour le jour par l’intermédiaire de mes parents et de Clicanoo. Mon sentiment est qu’il y a encore beaucoup de choses à développer, beaucoup d’inégalités à combler, et pour ça il faut créer des richesses. La Réunion a le potentiel humain et technologique pour rayonner dans l’océan indien. Il ne faut pas oublier le tourisme qui doit rester une priorité, l’affaire de tous : tous les gens que je croise en métropole et qui ont été sur l’île vantent notre gentillesse et notre disponibilité, à comparer avec une certaine hostilité qu’ils rencontrent aux Antilles. Nous sommes accueillants, nous sommes bons vivants, nous ne sommes pas racistes, il faut que ça dure !"

Lire aussi : ExperTIC : Gabriel Leperlier, consultant sécurité en région parisienne

Publicité