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Parler et écrire le créole réunionnais en Métropole

Publié le 23 avril 2009

Beaucoup d’entre nous pourraient s’interroger sur l’opportunité de parler et d’écrire le créole, surtout en Métropole où sa pratique tend à disparaître. Il ne fait pas de doute que dans un "Pays", la langue maternelle (au moins parlée) soit l’un des fondements de son existence. A la Réunion, des populations d’origines différentes se côtoient et utilisent pour une large majorité, le créole comme langage de communication. Longtemps réduite comme sous langue ou « patois » du français, le créole (la langue) était laissé au bon vouloir de tout un chacun, sans considération aucune mais depuis une vingtaine d’années, on assiste à une véritable mise en valeur des cultures tous azimuts et une réappropriation de l’histoire qui débouchent inévitablement, entre autre, sur la question de la Langue.

créole réunionnais

Parallèlement, le gouvernement français reconnaît les langues créoles après le Breton, Corse, Occitan… et contribue à leurs reconnaissances en leurs donnant une certaine légitimité dans l’enseignement mais ne donne toujours pas de statut à ces langues. Enseignants, militants culturels, éducateurs, "veillent" à l’introduction du créole dès la maternelle afin de favoriser l’enseignement général et d’éviter les échecs scolaires chez les plus défavorisés.

Chercheurs, linguistes, associations travaillent aussi sur le modèle de graphie le mieux adapté aux réunionnais et à sa diffusion. Cette dernière démarche s’inscrit bien entendu dans le long terme puisque la langue réunionnaise est jeune et que si la communication orale ne pose pas ou peu de problème, UNE graphie commune n’est pas encore acceptée par tous.

Quelques résultats soulignent cet effort de promotion à la Réunion :
- Concours langkréol (nouvelles, romans, en créole)
- Littérature, documents en créole
- Nombreuses scènes (kabar, fonnker, contes, slam)
- Spots publicitaires, mariages en créole…

On constate alors que "maîtriser" sa langue maternelle et s’exprimer à travers elle, participent à l’épanouissement de sa propre existence.

Quelle pertinence accorder alors à la pratique du créole pour ceux qui vivent en Métropole ?

Au sein de la diaspora, le créole est encore usité dans certains milieux et dans une certaine tranche d’âge mais tend à s’essouffler comme je le disais plus haut. Sans rentrer dans les détails ni dans une complainte stérile, je dirais que nous devrions réagir à cela. Certains auront déjà fait le choix du "tout français" et c’est tant mieux pour eux s’ils y trouvent leur compte. Rien à dire.

Ecrire et parler (correctement) ma langue maternelle contribue à développer ma propre personnalité

Mais chez un certain nombre que je pense être une majorité, la question d’un "bien vivre" en Métropole tout en gardant sa culture d’origine ET sa Langue mérite d’être posée. Les avis seraient certainement différents d’une personne à l’autre. Et puis on ne rencontre pas forcément des Rréunionnais tous les jours à qui parler mais pour en avoir fait l’expérience, je puis dire qu’écrire et parler (correctement) ma langue maternelle, contribue à développer ma propre personnalité (elle est ce qu’elle est) et la perception que j’ai avec les Réunionnais et la Réunion.

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela n’affecte en rien mes échanges en français. Bien au contraire, le fait de bien comprendre sa langue maternelle avec ses règles grammaticales... nous impose des comparaisons pertinentes avec le français. Il faut juste que les deux langues soient suffisamment différenciées pour éviter les amalgames (diglossie). Je constate aussi que quelques fois nous ne savons correctement nous exprimer ni en créole ni en français et qu’en maîtriser une facilite la compréhension de l’autre !

Il faut aussi convaincre certains esprits que la promotion de la langue créole n’entre nullement en opposition au français et ne véhicule aucune idéologie séparatiste ou d’indépendance vis-à-vis de la France.

A Marseille, par exemple, ville de communautés, l’occitan, arabe, italien... sont enseignés et semblent-ils, ne posent aucun problème vis à vis du français. Par contre, la communauté réunionnaise y est assez dispersée et ne demande qu’à se retrouver.

Alors, à travers notre langue, nous serait-il possible à la fois de "vibrer" avec notre île, renforcer nos liens et bien communiquer dans notre environnement en Métropole ?

Georges Ah-Tiane est président de l’association Ker Volkan à Marseille : Lire son interview

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