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Article paru dans le Journal de l’île de la Réunion du 3 mai 2009

Publié le 4 mai 2009

Extrait de l’interview de Sulliman Omarjee : “La Réunion peut être un laboratoire de matière grise”

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Le JIR : Réunionnaisdumonde.com, maloya.org, clicanoo, akout.com... On se rend compte que l’Internet est un extraordinaire vecteur d’identité, un point de rencontre pour les Réunionnais d’ici et d’ailleurs...

Sulliman Omarjee : C’est exactement ça. Sur la toile, la Réunion existe. Et on peut aller bien plus loin en valorisant le suffixe “.re”. Les Mauriciens ont le “.mu” et nous avons le “.re” et, pour l’instant, nous sommes les seuls en France à avoir cet avantage : le “.mq” n’existe pas en Martinique, ni le “.ga” en Guadeloupe ou le “.gy” en Guyane. Ce “.re” est sous-exploité alors qu’il y un vrai potentiel : on peut très bien enregister un site en “.fr” pour la France, un “.com” pour le monde un troisième, en “.re”, qui s’adresse plus directement aux compatriotes réunionnais. Le problème, pour l’instant, c’est que le “.re” ne peut pas être utilisé par les personnes physiques (ce qui est pourtant possible en “.fr”) Seules les personnes morales, comme les entreprises, peuvent le faire à condition qu’elles soient domiciliées à la Réunion. Le “.re”, c’est vraiment une marque d’identité réunionnaise.

Que doit-on inventer, très vite, à la Réunion pour profiter à fond d’Internet ?

Si je le savais, je serais riche ! Non, sérieusement, il y a des tas de services à inventer et adapter parce qu’aujourd’hui, l’outil ne se limite pas à la tranche des 12-30 ans. Même les plus âgés sont sur le Net. C’est toute une économie qui peut s’ouvrir : des services médicaux, des services à la personne, de la vidéosurveillance par webcam, de l’imagerie médicale... Tout ça est rendu possible par le tuyau. Et il ne faut pas forcément réduire ses ambitions aux limites de l’île. Et là, j’en reviens à l’importance de la propriété intellectuelle. Maurice, pendant des décennies, a fermé les yeux sur les contrefaçons et autres, parce qu’elle en tirait profit. Mais elle est en train de changer d’orientation pour maintenir les capitaux étrangers. Leur législation devient sévère pour être compétitifs. Nous aussi, nous devons être capables de nous frotter, en anglais, aux pays de la zone. Nous ne sommes pas plus couillons que les autres. Regardez l’Inde : les occidentaux et surtout les Américains, leur ont piqué des plantes utilisées en médecine traditionnelle, pour les étudier à fond dans leurs labos, puis breveter leurs propriétés avant de revenir en Inde pour dire : “Maintenant, vous n’avez plus le droit d’y toucher, c’est à nous”. L’Inde aussi est en train de devenir sévère, a développé ses propres labos de recherche et fait breveter ses propres trouvailles. La propriété intellectuelle devient un levier de compétitivité économique. Et la Réunion peut être un laboratoire de matière grise où tout ce qui est produit peut donner lieu à brevet.

Entretien : David Chassagne

Originaire de Saint-Denis, Sulliman Omarjee a obtenu une licence de droit à la Réunion avant de partir en Angleterre, “comme étudiant boursier”, se spécialiser en droits de la propriété (marques, nouvelles technologie…). Il a eu “la chance” de travailler avec Michel Vivant, l’un des auteurs du Code de la propriété intellectuelle, est diplômé de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et a travaillé pour des cabinets d’avocats en Angleterre, au Canada, en France. A 31 ans, il est actuellement, juriste en propriété intellectuelle et nouvelles technologies pour la Région Réunion.

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