Publicité

Annick Garsani, créatrice de Annapanam à Paris

Publié le 21 juillet 2009

Installée à Paris depuis plus de 20 ans, Annick propose un service original d’accompagnement des Réunionnais en mobilité. Annapanam s’articule autour de trois axes : l’installation à Paris dans le cadre d’études, de mutation ou d’emploi ; le séjour pour des raisons médicales (examens, courte hospitalisation) ; le service pro qui consiste à assister pour le compte des sociétés réunionnaises à des salons dans toute la France, leur envoyer toutes documentations utiles, et contacts divers et de fournisseurs ciblés.

Annick Garsani

Racontez-nous votre parcours.

Je suis native de Saint-Denis, issue d’une famille de 10 frères et soeurs. J’ai fait ma scolarité principalement au Port et à Saint-Paul où j’ai vécu les 15 premières années de ma vie. Mon enfance à la Réunion est profondément gravée dans ma mémoire. C’est une période qui influe encore aujourd’hui dans ma manière de voir les choses : tradition familiale, partage, valeurs multiculturelles et multiraciales, tolérance naturelle... c’est un véritable héritage et tout ce qui fait ma force aujourd’hui. Je pense qu’on doit réellement être fier d’être réunionnais. Disposer d’un tel bagage pour commencer dans la vie est une chance inouie !

Parlez-nous de votre rencontre avec la France métropolitaine.

J’ai débarqué à Paris en 1983, à peine agée de 18 ans, après avoir transité par Lyon. Direction le 10e arrondissement où ma mère possède un appartement ; J’y ai vécu quelques années, puis à Levallois Perret, avant de revenir dans mon île pendant six ans. Puis retour dans la capitale en 2003. Les débuts sont très durs. Le manque, l’absence de la famille, le froid, le changement de nourriture. Par chance, je fais partie des gens privilégiés qui n’ont rien eu d’autre à gérer (recherche d’appartement, manque d’argent, etc.). Donc l’adaptation a été difficile mais pas longue, tout à fait gérable.

Avez-vous eu des difficultés particulières liées à votre situation de « domien » ?

La couleur de peau malheureusement fait partie des inconvénients, qu’on se l’avoue ou pas. Il y a aussi des préjugés quant à la situation économique de l’ile, que tout le monde pense connaître (sujets préférés : rmistes, chomâge, lenteur liée au soleil, etc.). Mais à part ce volet récurrent, on me voit comme une métisse, un oiseau des îles ! Ca fait plutôt fantasmer, ça attire le regard. Donc aprés un sourire les préjugés partent aussi vite qu’ils sont venus. Et l’avantage, c’est justement qu’en venant de la Réunion, on a une ouverture d’esprit qui est exceptionnelle. Cela tient notamment à ce métissage, cette capacité à avoir à sa table plusieurs religions, dans sa famille plusieurs couleurs de peau... Mais ce qui nous semble évident et normal demeure encore un effort pour beaucoup d’Européens.

Quel a été votre parcours professionnel ?

J’ai d’abord travaillé dans un cabinet d’avocat spécialisé dans le domaine de la propriété industrielle et intellectuelle pendant 10 ans. De retour à la Réunion, j’ai occupé des postes d’assistante de direction en audiovisuel, et de rédaction en presse magazine ; je garde un excellent souvenir de cette période.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

A 43 ans, je suis maman de deux enfants et également mami d’un petit Mael. Je vis depuis peu à Cachan, une ville sympathique du Val de Marne. Je suis très heureuse de vivre avec l’homme que j’aime dans une maison à 10 minutes de Paris et dans cette ville qui est très calme. La mobilité m’a apporté une grande richesse, car on essaye de comprendre comment l’autre pense, comment l’autre voit le monde. Et finalement ma conclusion est que le métissage est l’avenir de l’homme !

Vous vivez à Paris depuis plus de 20 ans. Avez-vous rencontré des Réunionnais totalement perdus pour diverses raisons ?

Oui, lorsque je les interroge, ils parlent souvent d’un manque de soutien. Le schéma classique est le suivant : installation souvent en septembre octobre ; avec un peu de chance il fait encore moyennement beau ! Puis l’hiver pointe le bout de son nez tout comme la nostalgie, l’absence de la famille et le manque de repères. Le moral est en perte de vitesse. On est submergé pas des tracasserie administratives gérées jusque là par les parents. On doit en plus apprendre à gérer la maison, son budget, son quotidien. C’est beaucoup ! Sans compter ce qui attend à l’extérieur : le froid, la grisaille, le manque de connaissances du milieu, le manque de conversations et de personnes à qui expliquer ce qu’on ressent ou faire part de ses doutes. On oublierait presque la vraie raison de tout cela : la poursuite des études. Entre l’assistanat et le désengagement, il y a l’accompagnement ! Et c’est là que j’interviens.

Quelles sont les missions de "Annapanam" ?

Les deux premiers axes d’intervention mettent en avant la relation et l’aide à la personne, la prise en charge, l’écoute, la coordination et l’assistance administrative pour une installation ou un séjour optimal. Le dernier axe permet à des sociétés qui n’ont pas les moyens humains ou financiers d’assister à des salons liés à leurs activités d’avoir un maximum d’informations, de documentations et de contacts via Annapanam.

L’activité s’adresse également aux personnes qui doivent subir des examens médicaux à Paris pour une courte durée ?

Parce que des obligations familiales ou professionnelles peuvent nous empêcher d’accompagner un de nos proches, il est important qu’on puisse y remédier sur un simple coup de fil afin de ne pas générer de stress important notamment au malade, mais également dans son entourage. Il s’agit là bien entendu de courts séjours et de pathologies légères. La préparation, la concentration dans les prises de décisions est plus importante que de perdre du temps dans une recherche d’itinéraires, d’adresse, ou la compréhension d’un fonctionnement nouveau. Mon message est clair et positif : Permettre aux gens qui viennent, de rester ou de partir, mais pas d’échouer !

Quels sont vos projets ?

Réussir le pari de gagner ma vie en faisant exactement ce que j’aime, c’est-à-dire être en contact avec les gens, partager, soulager, aider et écouter, plus dans “l’être” que dans “l’avoir.

Etes-vous déjà en contact avec des Réunionnais ?

Beaucoup de mes amis sont amenés à voyager donc ils transitent souvent par chez moi autour de belles discussions en créole et d’un bon carry.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Tout lorsque je suis nostalgique et rien la plupart du temps, car tout est en moi : les odeurs, le goût des choses, la force de cette île, sa beauté, ses gens, tout ! Le début de chaque hiver me rend nostalgique. Je n’aime pas cette nature qui change dans ce sens ; la perte de feuilles, la couleur du temps, la grisaille.... c’est dans l’autre sens que j’apprécie.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

L’image devient bonne lorsqu’ils veulent savoir, mais très mauvaise en général. On me parle de chiens qui servent d’appats (je l’ai moi-même appris en même temps qu’eux !), de chikungunya, de rmistes et de chômage ou de n’importe quel fait divers qui a sauté la mer et qui a atterri sur TF1. Donc il y a donc encore du boulot dans ce domaine !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Rester debout ! Rien n’est facile ! Ne pas se décourager ! Rester ouvert c’est important. Bouger ce n’est pas seulement bouger en Métropole, c’est aussi l’Afrique, le Canada, l’Australie. Il y a beaucoup de choses qui sont proposées par le biais des différents organismes locaux.

En savoir plus et contacter Annapanam

La brochure de présentation Annapanam

Publicité