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Mickaël Dejean, designer et poète industriel à Paris

Publié le 6 mars 2015

Diplômé des Beaux-Arts de la Réunion, Mickaël crée des objets et des meubles, à son propre compte depuis 2014. Plusieurs fois récompensé pour ses créations (dont prix du jury à la « Paris Design Week » pour le bureau « agrafe »), il s’affirme, à 28 ans, comme l’un des designers les plus en vue. « Par mon travail, mon but est aussi de contrer ce vieux cliché des personnes des îles sirotant un cocktail sous un cocotier ».


Mickaël Dejean dans un fauteuil de sa création intitulé "Backstage"

Pouvez-vous vous présenter ?

Mickaël Dejean, je suis designer industriel & produit basé à Paris depuis 2013. J’ai 28 ans et je suis originaire de Sainte-Clotilde. J’ai fait mes études aux Beaux-Arts de la Réunion - Le Port, de 2005 à 2009 avec obtention d’un Diplôme National d’Arts Plastiques - option design & mode en 2008. Après avoir effectué des stages design dans l’agence Aurel Design Urbain, je décide de poursuivre mes études de design à l’étranger, à l’Écal, prestigieuse école de design en Suisse que mon coordinateur m’avait vivement conseillé. J’ai donc fait le voyage jusqu’à Lausanne afin d’y passer le concours d’entrée.

Qu’avez-vous retiré de ces années d’étude ?

Le périple à l’Écal, Ecole Cantonale d’Art de Lausanne, va durer trois belles années estudiantines avec l’obtention d’un second diplôme en design industriel en 2012. Cette expérience m’a été bénéfique car je souhaitais ouvrir mon champ d’expérimentation en me confrontant à d’autres étudiants en designer de divers horizons. Cette formation avait des aspect militaires pour l’anecdote, mais avant de m’y rendre je disais souvent, "Je dois comprendre comment est construit un carré afin de mieux maîtriser les cercles".

Et ensuite ?

Une fois mes études terminées, je lève l’ancre pour venir m’accoster aux bords de la "Seine" de la création, Paris où j’effectue un stage chez Arik Levy Studio en décembre 2012 à 2013. C’est à Paris que je démarre ma carrière de designer industriel & produit en évoluant chez Arik Levy Studio jusqu’en 2014 puis je me mets à mon compte la même année en tant que designer indépendant jusqu’à aujourd’hui. Mon studio création porte mon nom MICKAEL DEJEAN. Je partage mon temps soit en travaillant avec des agences de design en freelance, je participe aux expositions et salons consacrés au design et concocte des événements design. Affaire à suivre...
 

Mickaël Dejean, designer et poète industriel à Paris

2 bases en tube cintré qui viennent traverser en biais le plateau afin de stabiliser l’ensemble. Voici les 3 seuls éléments du bureau Agrafe du designer Mickaël Dejean, prix du jury du Rado Star Prize France 2014. Un bureau sans clou, sans vis, sans colle.


Quels sont vos projets ?

Faire vivre mes créations, peu importe la destination, mais les rendre accessible par le biais d’éditeurs de meubles. Je fais également de l’auto-édition. Donc dans tous les cas, faire en sorte que mes objets existent. C’est un travail de longue haleine mais je tiens bon ! Je commence à travailler sur des événements design à Paris, en tant que commissaire d’exposition. Je fais aussi un parallèle avec les Beaux-Arts de la Réunion pour des interventions artistiques et autres projets créatifs.

Quels sont les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

L’avantage que je tire de cette situation est de se confronter aux autres, de montrer que les Réunionnais aussi en ont dans la caboche... D’ailleurs mon but est de contrer ce vieux cliché des personnes des îles sirotant un cocktail sous un cocotier, les doigts de pieds en éventail. Ensuite pour mon métier, il est clair que le design n’est pas vraiment dans les moeurs de la Réunion : plutôt l’artisan mais pas l’industrie de l’objet. Maintenant mon objectif n’est pas de mettre à l’oubli mon île, mais bien au contraire d’avoir un pied Parisien et un Réunionnais. Des inconvénients ? C’est un mot que j’ai rayé mon dictionnaire, car je fais toujours en sorte de les transformer en avantages !
 

En discussion avec Fleur Pellerin, Ministre de la Culture et de la Communication

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté avec vous ?

Un objet que j’ai acheté avant de quitter l’Île : un bertel (bleu électrique) que j’ai acheté au marché de Saint-Pierre. Je l’utilise pour faire mes course et à vélo. Je l’ai toujours en ma possession, ce sac est un dur à cuire bien que ce soit du plastique tressé... J’ai aussi une pile plate, toujours pas ouverte. Je ne saurais vous dire pourquoi mais je vois ça comme de l’eau bénite de la Réunion. Ah ah ah ! (Ça me fait penser à une anecdote concernant la Suisse. Quand j’étais aux Beaux-Arts de la Réunion, je suis tombé sur un carton d’un ancien intervenant en photographie. Il y avait un couteau de la marque Victorinox (couteau de cuisine suisse) ; c’était un premier signe que j’allais me rendre en Helvétie. J’ai toujours ce couteau avec moi... pour cuisiner bien entendu !
 
Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Oui pas mal depuis que je suis sur Paris, dont des amis d’enfance, du lycée, des Beaux-Arts, des amis musiciens comme Christine Salem, Didier Hoareau... Et bien entendu la famille qui est présente surtout dans la partie nord de la Métropole.
 
Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Bien que le tourisme ne cesse de lutter et d’être présent sur le marché national, voir international, la Réunion reste une terre méconnue du grand public. « La Réunion se trouve aux Antilles, où on danse le zouk ».... no comment ! Ce genre de réflexion perce les tympans... Et pourtant il y a bien des Réunionnais sur la scène nationale, en politique, musique, art, etc. Mon objectif est de mettre la Réunion en valeur ! Maintenant ma vision de la Réunion depuis Paris : je trouve qu’on se concentre pas assez sur nos richesses, on calque l’Europe en oubliant nos propres ressources. Ici j’achète du sucre roux d’origine réunionnais, pas uniquement dans un esprit chauvin, mais surtout pour sa qualité. Mon objectif de créer des événements design est de souligner nos richesses naturelles et les exporter au maximum pour que l’économie locale redresse la tête. Ça ne se fera pas en une journée, mais je travaille dans cet optique.

Et la région où vous vivez ?

 
J’habite Clichy-la-Garenne, mais je suis sur Paris la plupart du temps. On parle toujours d’indifférence dans les rues. Je trouve ça honnête, car ça évite les conflits (commérages). Maintenant en ce qui concerne l’entraide, aie aie aie ! Le métro/RER résume assez bien la situation.

Au Salon de la Gastronomie Outre-Mer 2015

Qu’est ce qui vous paraît le plus proche / le plus éloigné par rapport à notre île ?

Le plus proche : l’importance de la cuisine, dans le sens où ça rapproche les gens, les cultures. La restauration a cette vertu de rassembler les gens autour d’une table, de les faire converser et voyager à travers différentes cultures. En France les gens sont très réceptifs à cela. Quand j’étais en résidence étudiante en Suisse, je me rappelle des Indiens qui ne mangeaient qu’Indien ou idem pour les Asiatiques. Ca me chagrine de voir ça mais faut bien accepter que les autres cultures n’agrémentent pas toujours leur curiosité gastronomique.
 
Le plus éloigné : la pollution. Ici c’est l’horreur pour avoir de l’air pur, je parle de Paris bien sûr. Etant souvent à vélo, je vous laisse imaginer ce que c’est de rouler derrière un bus... Les solutions traînent à venir en matière de lutte conte la pollution. Après, je ne dis pas que la Réunion est championne en termes d’environnement...
 
Que pensez-vous du site reunionnaisdumonde.com ?
 
Je suis les actualités de votre site Réunionnais du Monde, notamment via Facebook. C’est top d’avoir des nouvelles de Réunionnais vivant métropole et à l’étranger. Pour le moment, je n’ai pas encore la possibilité de proposer des offres d’emplois ou de stages mais ça viendra !

Le site de Mickaël Dejean / La page Facebook



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Portrait repris dans le JiR - janvier 2016
Quelques créations de Mickaël Dejean
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