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Deux routards à la rencontre des Réunionnais d’Australie

Publié le 12 mars 2015

De retour à la Réunion après un périple de deux ans au Canada et aux Etats-Unis, Mady et Léo repartent en mars 2015 à l’aventure avec un projet : « Dans les yeux des Réunionnais » (un documentaire qui sera tourné en Australie) et une question : Le voyage est-il une solution d’avenir ?

« Le choix de quitter notre belle île pour l’inconnu du monde n’est pas à mettre sur le compte de l’insouciance de la jeunesse. C’est plutôt une réponse à la conjoncture économique actuelle, à l’avenir qui se dessine pour nous, c’est-à-dire malgré des diplômes, rien de bien excitant... Nous avons soif de connaissances et d’enrichissement personnel, soif d’apprendre des autres et du monde. »


Pouvez-vous vous présenter ?

Jérôme Léocadie de son petit nom Léo a 29 ans, il est originaire de Bois de Nèfles Saint-Paul. Quant à moi, je m’appelle Mady Justinien, j’ai 28 ans. Je suis née à Saint Tropez, j’ai grandi dans différentes régions de France. Mon père étant militaire nous déménagions tous les trois, quatre ans. Il a été muté à Saint Denis au RSMA en 2008. Mes parents sont repartis, mais moi je suis restée. Depuis mon plus âge et ma vie de nomade, je n’ai jamais eu le sentiment d’être chez moi quelque part. La Réunion m’a ouvert les bras au point que je me sens aujourd’hui réunionnaise. 

Comment est née l’idée de votre premier grand voyage en Amérique du Nord ?

J’ai rencontré Jérôme en 2010 à la Réunion, nous avons partagé une collocation pendant un an et demi. Nous étions amis au début puis cette amitié a donné suite à une belle histoire d’amour. Nous nous sommes vite aperçus que nous avions un rêve en commun : celui du voyage et du partage.

Jérôme pour sa part, a déjà une forte expérience dans le domaine. Ancien sportif de haut niveau en BMX, il a eu l’occasion d’apercevoir plusieurs pays à travers le monde dans le cadre de ses compétitions. Après diverses expériences dans l’art, la communication, le design et l’événementiel, il s’est rendu compte qu’il avait soif d’apprendre, de partager et de découvrir de nouvelles cultures avec les citoyens du monde. 


En ce qui me concerne, j’ai acquis également une ouverture d’esprit à travers la vie de mon père militaire. Les nombreux déménagements m’ont appris à m’adapter à chaque nouvel endroit. J’ai choisi d’étudier le droit et les ressources humaines où j’ai pu avoir différentes expériences professionnelles.

Par notre expérience, nous avons donc tous deux pleinement ressenti les bienfaits du voyage sur notre éducation : ouverture d’esprit, confiance en soi, adaptation à son environnement, valeurs, enrichissement personnel.... Nous avions besoin de renouer avec ces valeurs qui nous animaient lorsque nous étions gamins. 

Qu’avez-vous fait ?

Nous avons décidé de tenter l’aventure ensemble et de partir à la découverte de nouveaux horizons. Le choix de quitter notre belle île pour l’inconnu du monde n’était pas à mettre sur le compte de l’insouciance de la jeunesse. C’était plutôt une réponse à nos questionnements sur la conjoncture économique actuelle et à l’avenir qui se dessinait pour nous, c’est-à-dire rien de bien excitant... En effet, malgré des diplômes en poche, le monde du travail reste impitoyable et laisse peu de chance aux novices. Aussi, soif de connaissances et d’enrichissement personnel, nous avons décidé d’élargir notre bagage à d’autres systèmes de pensée. L’ objectif étant de ne jamais cesser d’apprendre des autres et du monde.

Racontez-nous votre premier grand voyage de deux ans.

Le choix du Canada s’est fait sans trop d’hésitation. Nous avions eu beaucoup de témoignages positifs sur la mentalité, la culture, le mode de vie ; c’était aussi la réalisation de notre rêve de grands espaces et de paysages grandioses. 7000 visa PVT (programme vacances travail) étaient mis à disposition cette année là. Ils sont partis en seulement deux jours, nous faisions parties des heureux élus. 


C’était notre premier grand voyage ensemble. Nous étions autant excités qu’effrayés. Nous n’avions pas la moindre idée de ce qui nous attendait. Enfin, nous avions tout de même préparé l’arrivée. Le cousin de Jérôme étant installé depuis huit ans à Québec, cela facilitait les choses. Nous avons passé une semaine avec lui et sa petite famille, puis nous avons rejoint la famille d’accueil qui nous attendait pour travailler dans leur spa. Nous avions trouvé cette annonce un mois avant notre départ. 

Comment faisiez-vous concrètement au niveau financier ? Pour vous loger ? Pour manger ?

Ce voyage a été un mélange de travail et de vacances, nous avons pleinement compris le sens du PVT ! Durant ces deux ans nous nous sommes portés volontaires pour une dizaine d’entreprises différentes. Nous trouvions les offres via les sites helpx et workaway. C’est une solution géniale permettant de se familiariser à la culture du pays, de partager le quotidien des personnes qui nous hébergent et nous nourrissent, en échange de quelques heures de travail par jour. L’avantage de ce système c’est aussi de rester libre et de choisir la durée de son séjour. 
Nous avons aussi travaillé dans une station de ski pendant l’hiver et dans un centre de vacances comme serveurs pour la saison d’été. L’argent gagné pendant notre voyage nous a permis d’acheter un van et de traverser les États Unis pendant quatre mois. 

Avez-vous quelques anecdotes à partager ?

Nous avons fait beaucoup de belles rencontres : des locaux, des expatriés et notamment des Réunionnais. Je me souviens d’un jour en Gaspésie, nous nous étions arrêtés faire des courses pour le dîner. Léo me montra un jeune couple. Il était persuadé qu’ils étaient réunionnais. Il décida d’aller leur demander. Le contact s’est fait très facilement et effectivement ils étaient de la Réunion. Jérémy et Clémentine nous ont invité chez eux à passer la nuit. Nous étions dans un petit village au fin fond du Québec et Clémentine nous a cuisiné un rougail saucisse ! C’était incroyable et insensé comme moment.


Des routards nous en avons croisé un certain nombre : des hommes, des femmes, des familles, des jeunes et moins jeunes, en groupe ou plutôt solitaire... Il y en a de toute sorte et de tout horizon. Je pense que le routard réunionnais doit pouvoir s’intégrer plus facilement. Il est à l’image de la Réunion : un exemple de tolérance. Certaines personnes ne connaissent qu’une religion, une seule couleur de peau, ne savent pas ce qu’est une ile, un volcan, une montagne. La Réunion elle, est très riche de sa diversité. C’est une des choses dont on prend conscience une fois dehors et qu’on souhaite par la suite partager avec le reste du monde. 

Quel bilan avez-vous tiré de ces deux ans sur la route ?

Ce voyage nous a fait grandir, avoir une autre vision de la vie, prendre conscience de nos capacités, nos faiblesses, aussi. Être au cœur de nous même nous a fait découvrir jour après jour qui nous étions réellement. Nous avons fini par rentrer, non par envie mais bel et bien parce que notre visa était expiré !

Comment s’est passé le retour à la Réunion ?

Nous étions bien sûr ravis de retrouver notre famille, nos amis, mais ces moments d’euphorie n’ont pas duré. Une fois l’excitation passée, le revers de la médaille fait mal. C’est ce qu’on appelle le contre coup du voyage : un mélange d’épuisement et d’incompréhension. Epuisement, parce que voyager aussi longtemps, c’est dur physiquement et psychologiquement. Quant à l’incompréhension, elle se traduit par le décalage avec l’entourage. Tu ne sais plus quoi leur dire et lorsqu’ils te posent cette fameuse question "alors comment c’était ton voyage ?", tu te surprends à répondre bêtement "c’était super". Tout simplement parce que c’est impossible de raconter un tel changement de vie, par où commencer ? C’est loin d’être évident de rentrer. Il faut s’y préparer et nous ne l’étions pas. 


Qu’est ce qui vous pousse aujourd’hui à repartir ?

L’envie de reprendre la route nous a vite rappelé à l’ordre, la sensation que ce n’avait fait que commencer et que le chemin était encore devant nous. Nous avons choisi l’Australie pour notre prochaine destination. Le Canada était un aperçu, nous devions prendre nos marques, savoir ce que l’on pouvait supporter, ce que l’on refusait d’endurer. Le froid a été une contrainte, nous voulions à présent une destination chaude. Ensuite nous voulions continuer l’apprentissage de l’anglais et découvrir des horizons totalement différents de ce que nous avions pu voir en Amérique. L’Australie répondait à tous nos critères. 

Qu’avez-vous prévu pour ce nouveau périple ?

L’objectif de ce nouveau voyage est justement d’en avoir un. Le simple fait de voyager ne nous suffisait plus, nous voulions donner du sens à notre démarche et tenter de partager ce que nous avions été incapable de raconter en rentrant du Canada, avec notre famille, nos amis mais aussi tous ces gens que l’on ne connaît pas. Alors avec Jérôme nous avons travaillé sur un projet, qui s’appelle Dans les yeux des réunionnais et qui a pour objectif de partager la vie des Réunionnais d’Australie à travers des reportages afin de découvrir leur vision du monde, du voyage, de la Réunion... Nous partons pour un an mais sans trop prévoir, avec en ligne de mire de vivre la magie du moment présent, apprécier les opportunités et les rencontres qui s’offriront à nous.

N’avez-vous pas peur de "l’avenir" : trouver un travail, remplir son CV, etc. ?

Ce qui nous fait peur justement, c’est de retrouver une vie normale. En voyageant nous rejetons nos habitudes, nous apprenons à désapprendre. C’est déstabilisant au début mais tellement libérateur par la suite. Alors non, l’avenir ne nous fait pas peur. Nous sommes convaincus à présent qu’avec de la conviction, de l’envie et des sourires nous pouvons aller loin. 

Quel appel voulez-vous lancer ?

Ce projet se veut être un exemple, une solution d’avenir. Alors si vous aussi vous rêvez de partage, faisons ce bout de route ensemble. Ce projet est aussi le votre, vous pouvez lui donner vie en y contribuant et qui sait peut être à travers les yeux de tous ces Réunionnais expatriés commencer une nouvelle vie, celle que vous aurez choisie. N’hésitez pas à nous contacter si vous connaissez des Réunionnais en Australie ou si vous même vous y êtes. Nous nous ferons un plaisir de vous rendre visite pour vous donner la parole.

Lien du site où l’on veut visionner notre projet : kisskissbankbank.com/dans-les-yeux-des-réunionnais / Notre page Facebook / Mail : [email protected]


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