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La chanteuse réunionnaise Iza à la Une de Pilibo Mag

Publié le 11 septembre 2009

Diffusé dans toute la France et dans les Dom, le magazine Pilibo met à l’honneur dans son dernier numéro "Iza, la chanteuse des Hauts de l’Île de la Réunion". Créé en 2002 en tant que féminin et généraliste de l’outre-mer, Pilibo s’ouvre de plus en plus au contenu issu de la Réunion. Extrait.

Pilibo Mag

Iza, La chanteuse des Hauts de l’Île de la Réunion

Avec une carrière débutée à l’âge de 13 ans, l’artiste réunionnaise a parcouru un chemin initiatique qui l’a mené à redécouvrir son « âme créole ». Et, si aujourd’hui elle chante du maloya, elle avoue grâce à un « maloya métissé » s’être enfin retrouvée.

Vous faites partie de la nouvelle génération de la musique réunionnaise, comment définissez-vous votre musique ?

J’ai grandi avec la musique que j’entendais à la radio, de la variété principalement et donc, pas avec le « maloya traditionnel » qui n’était pas diffusé à l’époque.

Quel engagement préconisez-vous à travers votre musique ? Que représente pour vous dans votre intime conviction le Maloya ?

Au travers de ma musique, je souhaite mettre en lumière les gens des hauts de l’Ile, leur vie, leur authenticité. Moi-même originaire de cette région (Cilaos), j’estime que notre culture des hauts peut servir d’exemple aux populations des villes, car on a su garder nos valeurs (solidarité, éducation, respect des plus vieux et de la nature) et tout cela sans rejeter totalement la modernité. Le maloya est pour moi naturellement , le bon moyen d’expression, car il me donne toute la profondeur qu’il faut : on ne peut pas chanter le maloya si ce qu’on a à dire n’est pas profond, vrai…Le maloya m’a permis de me retrouver.

Vous avez un « pygmalion » en la personne de Davy Sicard quel est selon vous le plus qu’il apporte à la musique réunionnaise ?

La musique réunionnaise souffre je crois d’un peu de repli sur elle, malgré l’énorme travail fait par des gens comme Daniel Waro, Grand Moun Lélé… Je pense que Davy apporte un peu de dynamisme, d’ouverture sur le monde, sans pour autant perdre les valeurs de notre musique. Je pense qu’il peut être considéré comme un porte-drapeau pour la Réunion.

Si nous devions faire une rétrospective, que pouvez-vous nous raconter de votre parcours professionnel ?

A l’âge de 13 ans, je faisais partie de l’orchestre du Case de mon village, ce qui m’a permis à 16 ans d’enregistrer mon 1er 45 tours (« Silence en 1988 1988). Après ce bon succès je me suis arrêtée pendant 14 ans pendant lesquelles je me suis consacrée à ma vie familiale et professionnelle… Avec mon mari, j’ai redémarré en 2003 avec un maxi cd 4 titres de variétés françaises sous le nom de Isabelle (« c’est elle » en autoproduction). En 2004 la rencontre avec Davy m’a mené vers un premier album éponyme sous le nom de Iza (« Iza » sortie en 2005), album déjà plus acoustique avec des sonorités d’instruments locaux, mais toujours en français. La collaboration avec Davy s’est prolongée jusqu’à ce deuxième album « Cilaos ».

Quelle femme réunionnaise êtes-vous ?

Je suis une fille des hauts, de la montagne, de la campagne qui vit sur la côte (la ville) depuis plusieurs années, en ayant appris le métier de coiffeuse. Je dirais donc que je suis tout à la fois, une femme moderne, fière de ses origines et aujourd’hui en accord avec ses valeurs et sa créolité.

Comment avez-vous mené votre parcours initiatique à l’âme créole ?

En quittant mon village pour le lycée (sur la côte, je me suis perdue à essayer de m’intégrer, à essayer de parler français, trop honteuse de mon créole différent de celui des bas, j’avais l’impression que l’on se moquait de moi.
Avec l’âge je me suis rendue compte que je ne pouvais plus continuer à tricher, j’avais l’impression que je n’avais plus d’avenir. Encore une fois c’est la rencontre avec Davy et le maloya, qui m’a fait prendre conscience que j’avais des racines, des valeurs, des choses à dire. J’ai commencé alors un travail sur moi-même, de questionnement, de lecture, de recherche. Aujourd’hui, je pense y être arrivé et je suis fière de le dire à qui veut l’entendre.

Est-ce, la maternité, entre autres, qui vous a mené au changement entre vos débuts et aujourd’hui ?

En plus, effectivement la maternité a été, je dirai mon refuge, mon équilibre, où j’ai puisé je pense toute la force qui m’est bien utile aujourd’hui.

Comment définissez-vous votre Ile de la Réunion à travers son art et sa culture ?

L’Ile de la Réunion est un pays fabuleux, riche de sa diversité raciale, religieuse, culturelle. Chacun de nous apporte à l’autre quelque chose, j’apporte moi les valeurs des hauts, un Noir apportera sa richesse liée à son histoire, le Chinois sa grande solidarité…La Réunion doit prendre conscience de toute cette richesse.

Vous avez représenté la Réunion à la dernière Foire de Paris, quel souvenir en gardez-vous ?

C’était ma 1ère expérience nationale, et donc très enrichissante, et surtout cela m’a fait prendre conscience qu’il était nécessaire pour nous de bouger, de montrer à l’extérieur notre musique .

A quand une scène parisienne ?

Certainement à l’automne pour la sortie de l’album, cela est en train de se mettre en place.

Propos recueillis par Migail Montlouis-Félicité

Retrouvez cet article dans PILIBO mag, actuellement disponible en kiosques, Relay et marchands de journaux.

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