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Rudy Robert, professeur de Français à Guadalajara

Publié le 8 avril 2015

Originaire du Tampon, Rudy a quitté un travail dans l’immobilier à Paris pour aller apprendre l’espagnol au Mexique en 2011. Un pays qu’il n’a finalement pas quitté et où il a rencontré la femme qui partage sa vie.


Pouvez-vous vous présenter svp ?

J’ai 31 ans et je suis professeur de Français dans une école de langue de l’université de Guadalajara au Mexique. Ma formation n’a rien à voir avec les langues. Après un bac au lycée Roland Garros, j’ai commencé par un BTS professions immobilières aux Avirons. Puis je suis allé à Montpellier où j’ai étudié à l’Institut de la Construction et de l’Habitation (ICH). Mon diplôme en poche, je me suis dirigé à Paris où j’ai effectué un Master en Management Immobilier.
 
Quel a été votre parcours de mobilité ?

Il y a eu deux départs. Le premier, à Montpellier, était à la suite de mon BTS afin de continuer mes études. La décision fut facile à prendre car la plupart de mes meilleurs amis étudiaient déjà là-bas et j’avais envie de « sauter la mer ». Le deuxième a été moins simple. Après mon master, j’ai intégré la direction immobilière d’HSBC puis C.W. comme « Property Manager », en charge de patrimoine immobilier. Mon avenir dans l’immobilier semblait alors tout tracé. On m’a alors proposé un contrat dont les conditions ne me plaisaient pas.


Qu’avez-vous fait ?

Je connaissais beaucoup d’étrangers qui vivaient sur Paris. Je me suis dit : pourquoi pas vivre moi aussi une expérience dans un autre pays et apprendre une nouvelle langue ? Les langues n’avaient jamais été ma priorité, je préférais le football entre « dallons » au lycée... J’ai donc choisi de partir six mois pour apprendre l’espagnol à Guadalajara au Mexique. J’avais des amis originaires de cette ville à Paris. La soif de partir à l’autre bout du monde et de découvrir une culture complètement différente ont facilité mon choix. J’ai eu le soutien de certaines personnes mais d’autres me disaient « quitter ton travail... ce n’est pas la bonne décision », « le Mexique... tu es fou ? ».

Racontez-nous vos débuts à Guadalajara.

Je suis arrivé au Mexique en novembre 2011 avec pas mal d’appréhension mais alors que je cherchais un endroit où vivre, aidé par une amie mexicaine que j’avais rencontrée à Paris, je suis tombé sur une Réunionnaise ! Ça a été pour moi un déclic. Ca fait maintenant plus de trois ans que j’habite ici et deux ans que j’ai rencontré ma petite amie qui est mexicaine. Ensemble, nous étudions les opportunités aux Etats-Unis, en particulier à San Francisco, ou au Canada, afin de voir autre chose et de découvrir une autre culture.


Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Les médias ont tendance à réduire le Mexique au trafic de drogue, à la violence, à la corruption politique... Mais Le Mexique c’est surtout un pays incroyable, je ne regrette vraiment pas d’y être venu. La culture mexicaine est très riche et magnifique. Les Mexicains sont très accueillants, les paysages sont à couper le souffle. On peut voir le désert, se promener dans des forêts et nager dans les eaux turquoises des Caraïbes. J’habite à Guadalajara qui est une ville agréable à vivre. C’est la deuxième ville du Mexique après Mexico D.F. Elle est très proche de la ville de Tequila d’où est originaire la célèbre boisson, dans la région de Jalisco connue pour héberger les Mariachis (chanteurs typiques mexicains).

En tant que Réunionnais, qu’est ce qui vous paraît le plus proche / le plus éloigné par rapport à notre île ?

La nourriture est à mon sens très proche de celle de la Réunion. On y trouve des plats en sauce, du poisson, de la viande grillée ou frite accompagnée de grains, de sauce piquante, avec des tortillas qui remplacent le riz. De plus, je me suis rendu compte que je pouvais trouver pas mal de choses ici : chouchou, tamarin, goyavier, canne à sucre, piment, curcuma, manioc, grains, riz ... Je cuisine créole quand je suis fatigué des tacos ! Bien entendu, il y a des plats différents comme les tacos de cervelle, œil de bœuf, tripes, mole (viande avec une sauce épicée au cacao)... Une des différences avec notre ile est le côté très conservateur de beaucoup de familles mexicaines, mais cela ne concerne pas tout le monde !


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Je pense que quitter l’ile m’a été bénéfique car c’est en partant que je me suis rendu compte à quel point la Réunion était un endroit merveilleux, un véritable paradis et un exemple de métissage. C’est de retour de Métropole que j’ai pu voir pour la première fois le Piton de Neige, faire les cirques, du parapente... Je ne parle même pas de la cuisine réunionnaise et des ti carry momon. De plus, c’est en partant que l’on peut découvrir de nouvelles cultures, façons de penser, rencontrer d’autres personnes. Ces expériences n’ont pas de prix et ouvrent l’esprit. Le fait de bouger de la Réunion m’a aussi permis de découvrir par exemple Paris, Prague, Londres, Barcelone, Grenade, Guadalajara, Cancun, la Riviera Maya... Et ces souvenirs resteront à vie.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Je n’ai jamais eu d’inconvénients à venir de la Réunion. Au contraire, cela a toujours été un avantage. Les gens sont curieux, nous posent des questions, viennent vers nous . Par exemple, chacune de mes classes a droit à son petit cour sur la Réunion. Je leur passe des vidéos des paysages de l’ile, de la musique, et une vidéo qui s’appelle « Les secrets de vivre ensemble », qui montre la beauté du métissage réunionnais. Les réactions des Mexicains sont toujours très positives : « tu vivais dans un paradis... pourquoi tu es parti ? », « Combien coûte le billet d’avion ?... », « tu peux nous organiser un voyage ? » . D’ailleurs, si l’office du tourisme cherche un ambassadeur de la Réunion au Mexique, je suis disponible !


Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Je me rappelle de mon premier voyage en France. J’avais 71 kilos de bagages, avec rhum, boucané, saucisses, mangues, massalé, curcuma, sarcives, vanille... Je devais avoir peur de mourir de faim ! Mon voyage au Mexique a été plus léger. J’ai emporté tee-shirt, paréo, calendrier de la Réunion et des photos. Mon paréo m’accompagne à chaque sortie à la plage. Depuis, j’ai eu le droit à un colis avec vanille, curcuma et massalé !

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Je garde un contact régulier par Skype avec ma mère et ma sœur, qui m’ont toujours soutenu dans mes décisions, ainsi que certains membres de ma famille. Concernant les amis, je pense que partir aide à savoir qui sont les véritables « dallons ». J’ai de la chance sur ce point, j’ai un groupe d’amis formé de personnes que j’ai connues avant de partir à Montpellier, puis un autre à Montpellier et un à Paris. On essaie de rester en contact malgré la distance et les occupations de chacun.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

Le site est vraiment sympa, il permet de partager des expériences, de trouver de l’aide et des bonnes occasions. Merci pour le site. Le top !


D’autres Réunionnais au Mexique / reunionnaisdumonde.com/Amerique-du-Nord


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