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Valérie Gravina, secrétaire de direction à Bournemouth en Angleterre

Publié le 15 septembre 2009

Arrivée en Angleterre en 2002, Valérie a appris l’anglais, passé des diplômes et enchaîné de nombreux boulots. Elle se prépare à rentrer à la Réunion pour chercher un emploi, forte de cette expérience acquise.

Valérie Gravina

Pouvez-vous vous présenter svp ?

J’ai 30 ans et je travaille à la mairie de Bournemouth en tant que secrétaire de direction au service des Ressources Humaines depuis deux ans et demi (en CDD). Je suis originaire du Port, ma mère travaillait à la gare de Saint-Denis en tant qu’agent de billetterie. Quand j’ai quitté en juillet 2002, j’étais étudiante en BTS Commerce International au lycée professionnel et privé de Sainte-Suzanne. J’ai choisi l’Angleterre pour mon stage en pays anglophone. C’est un pays qui m’a toujours fasciné ! J’ai fait mon stage à Birmingham, chez un transitaire qui gère l’envoi de marchandises de l’Angleterre vers les Etats-Unis et l’Asie.

Et ensuite ?

J’ai décidé de rester dans ce pays car je ne voulais pas me retrouver au chômage après mon BTS. J’ai eu l’opportunité de préparer un « NVQ in Business Administration Level 3 » au Bournemouth and Poole College avec l’ANT, dans le cadre du programme Leonardo Da Vinci.

Comment cela s’est-il passé ?

J’étais dans un groupe de personnes originaires des Antilles et de la Réunion. Nous étions pris en charge par des familles d’accueil pendant six mois et avions une bourse pour gérer notre déjeuner et le transport. Première étape du programme : un stage intensif d’anglais à Coventry dans un lycée. Après le stage, je me suis retrouvée à Bournemouth pour préparer le NVQ qui se déroulait de septembre à décembre 2002 en « alternance » : un jour en classe et quatre jours en stage professionnel. J’ai effectué mon stage à Bournemouth and Poole College. Après l’obtention de mon NVQ, le lycée m’a offert un CDD que j’ai accepté car je voulais rester en Angleterre.

Comment vous en êtes-vous sorti financièrement ?

Pendant la préparation de mon NVQ, j’ai dû économiser pour pouvoir rester en Angleterre. Après six mois, je n’avais plus d’aide pour payer mes frais : loyer, nourriture, téléphone, transport, etc. J’ai trouvé un emploi de femme de ménage dans les dortoirs d’un lycée. Après une dure journée d’études ou de travail, je prenais donc le bus (environ 30 minutes) et je travaillais jusqu’a 22h. Puis je rentrais chez moi et je recommençais le lendemain. C’était très dur. Lorsque le lycée m’a offert un contrat j’étais très contente ! Les sous que j’ai pu économiser ont servi à envoyer des cadeaux pour la famille à la Réunion.

Qu’avez-vous fait ensuite ?

Après mon contrat au Bournemouth and Poole College, j’ai travaillé quelques années dans le secteur de la restauration, tout en cherchant un emploi qui correspondait plus à mes attentes. C’était difficile car en Angleterre, seule compte l’expérience acquise dans le pays. Mes stages à la Réunion n’étaient pas pris en compte. Par la suite j’ai travaillé dans le secteur des assurances en tant que conseiller clientèle chez HSBC, dans le secteur bancaire chez Abbey Bank, dans le secteur export en tant que Marketing Commercial Assistant chez Drilling System UK Ltd et enfin dans le secteur public en tant que Personal Assistant au Bournemouth Borough Council, mon emploi actuel

Réunionnaise Angleterre

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Le fait d’avoir quitté la Réunion une deuxième fois (j’étais étudiante à Nancy pendant un an après mon BAC Pro Secrétariat) m’a permis d’avoir une ouverture d’esprit différente, tant sur le plan professionnel avec la diversité des emplois que j’ai eu que sur le plan personnel, grâce à la diversité des cultures qui existent à Bournemouth. L’expression "les voyages forment la jeunesse" est véridique. L’expérience que j’ai vécue en Angleterre m’a permis d’avoir un aperçu de la vie complètement différent de quelqu’un qui n’a jamais quitté la Réunion. La récession ici touche tous les secteurs d’activités depuis bientôt deux ans.

Quel est votre regard sur la situation à la Réunion ?

Question récession, j’ai l’impression que la Réunion fait exception à la règle. Lorsque je suis rentrée en avril 2009 et que j’ai vu aux actualités les salariés de la Sécurité Sociale, la CAF et le Crédit Agricole en grève, je me suis posé la question « est-ce que ces gens réalisent qu’à travers le monde des entreprises ferment à cause de la crise ? » Je sais qu’elle a touché les secteurs du BTP et de l’automobile, mais on dirait qu’elle n’a pas eu autant d’impact que ça sur l’économie locale.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Depuis mon arrivée en Angleterre, j’ai expliqué à pas mal de monde où se trouve la Réunion et quelques notions sur la culture et les gens qui y vivent. Maurice est connue de pratiquement tout le monde, probablement parce que c’est une ancienne colonise anglaise. C’est dommage car la Réunion a beaucoup plus à offrir que Maurice tant du point de vue de l’histoire, des paysages que des activités que l’île offre !

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

J’ai décidé de revenir à la Réunion en novembre pour y travailler et y vivre. Lors de mon séjour en avril, j’ai pu obtenir deux entretiens, mais qui n’ont débouché nulle part. L’un des emplois ne correspondait pas à ce que je désirais et pour l’autre, le salaire n’était pas intéressant. J’ai aussi déposé mon CV dans différentes agences d’intérim, dont l’une m’a offert un emploi en tant que commercial (j’ai refusé car je devais revenir en Angleterre). Je suis donc confiante pour mon retour définitif ! Avec toute l’expérience acquise, je pense que j’ai maintenant les atouts qu’une entreprise recherche, tant sur le plan professionnel que personnel.

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