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Joey Jean-Luc Judith, 23 ans, mécanicien avion chez Airbus à Toulouse

Publié le 20 septembre 2009

Passionné d’avions depuis l’enfance, Jean-Luc a décroché une formation par alternance de monteur/ajusteur structures aéronefs en métropole. Devenu mécanicien avion chez Airbus, bien intégré dans la communauté réunionnaise de Toulouse, il ne compte pas s’arrêter là. Jean-Luc passera bientôt une Licence d’aéronautique pour évoluer vers un statut de Mécanicien supérieur.

Joey Jean-Luc Judith

Lire aussi : Réunionnais, il a travaillé sur l’Airbus A350 (juin 2013)


Racontez-nous votre parcours.

Issu d’un milieu plutôt modeste, je suis né et j’ai grandi dans un "kartié cho" de Saint-Pierre : Basse Terre. Mon père travaillait à l’usine des mythiques Solpak et Capri-Sonne et ma mère était femme au foyer. Depuis l’âge de 8 ans, j’ai toujours voulu travailler dans le milieu des avions. Plus qu’une passion, c’était devenu un rêve que j’ai enfin pu réaliser aujourd’hui (même si je ne suis pas encore au bout de mes rêves !).

Comment avez-vous fait ?

J’ai passé un BAC STI Génie Mécanique et poursuivi jusqu’à une première année en Licence de Sciences Construction Physique Mécanique. Mais je devais absolument quitter l’île pour me former. Pour se faire j’ai tout tenté : multiples concours (dont celui de Sous Officier de l’armé de l’Air), dossiers à la mobilité, etc. Je commençais à désespérer et à me faire une raison. Mettant mon rêve de côté, je décidais de changer de branche mais je gardais quand même l’espoir et je relançais mes dossiers. Un jour, en plein examen de partiel pendant mon année de licence, je reçois un coup de fil de l’ANT (que j’attendais depuis trois ans). Une opportunité s’offrait à moi : L’ANT, en partenariat avec l’AFPA de Toulouse, me faisait bénéficier d’un Programme spécial d’Accès à la Vie Active (PAVA), récemment appelé PPCA : Programme de Préparation au Contrat par Alternance.

Avez-vous saisi cette occasion ?

C’était la seule et unique chance qui se présentait à moi ! Il fallait que je trouve rapidement une formation et une entreprise sur place. Je saisis ma chance en appelant Toulouse pour un entretien téléphonique. Personne n’était au courant de rien... Après un entretien positif, la personne au bout du fil me demande d’être présent pour le vendredi suivant, chose qui m’était impossible. Entendant ma conversation, ma mère toute émue me faisait signe de dire NON et de ne pas partir. Je demandais alors au Monsieur un délai d’une semaine qu’il finit par m’accorer après quelques hésitations.

Et ensuite ?

Il me restait une semaine pour tout préparer : papiers, bagages... Le mardi suivant, l’oiseau avait quitté son nid et prenait l’avion pour Toulouse. Cétait la première fois que j’allais en France. Le personnel de l’ANT est venu me récupérer et s’est très bien occupé de moi. Une nouvelle vie commençait, l’oiseau s’envolait de ses propres ailes ! Aujourd’hui me voila mécanicien.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

C’est une preuve de motivation que je fais jouer en ma faveur. Il ne faut pas hésiter à prendre les gens par les sentiments. Vu mon jeune âge, j’ai quitté ma famille, mes parents pour aller travailler seul, dans un pays totalement inconnu... Si ça n’est pas une preuve de motivation !

Quels sont vos projets ?

Je vais passer une Licence aéronautique afin d’évoluer vers un statut de Mécanicien supérieur. J’espère pouvoir rentrer exercer mes fonctions à La Réunion, par exemple sur les deux A380 qu’a commandé Air Austral !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Pour moi, elle est de plus en plus tendue sur l’île. Obtenir du travail devient difficile, le marché semble saturé. Les jeunes tout frais qui sortent de l’école se retrouvent directement au chômage sans aucune expérience de la vie active. Surtout qu’en ce moment, on met tout sur le dos de la crise... Par contre, lorsqu’il s’agit d’embaucher des Français de la Métropole, on leur trouve toujours une bonne petite place. Surtout pour venir t’apprendre le créole à l’école, c’est le comble ! Pour y remédier, on pourrait commencer par embaucher des Réunionnais sur place. On n’est peut-être pas plus, mais on n’est pas moins que les autres non plus.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais à Toulouse ?

Oui bien sur ! C’est un peu obligatoire même, si on veut garder notre culture, notre langue à 10 000 km de notre île… et la bonne ambiance festive de chez nous ! Ici les Réunionnais qui se connaissent sont comme de la famille. Ensamb ensamb, créole va fini par coloniser ! Je faisais également partie d’une association : DOM 31.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Un paradis, mon paradis, mon Zion ! D’ailleurs chaque fois qu’on me voit, c’est : "je ne comprends pas ce que tu es venu faire ici. Nous depuis le temps qu’on rêve d’y aller..."

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

A vrai dire, je trouve que Toulouse est la Réunion de la Métropole. Il manque juste la langue créole et la plage !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Ne jamais baisser les bras, ne pas hésiter à quitter l’île car "sof comen, mé un jour ou va retourné" ! On n’a rien à perdre mais tout à gagner. Tiembo séré larg pas ! Et un ti proverbe i dit : "Soit ou VIVE out REVE, soit ou REVE out VIE". Quoi qu’il en soit, moi je préfère vivre mon rêve.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

Très bien (pour ceux qui ont le net). Moi je viens seulement de le découvrir, donc à priori il n’est pas assez connu ! En tout cas, c’est une bonne initiative et une bonne manière de représenter les fiertés de la Réunion à travers le monde. Cela mériterait d’être repris et de passer dans la presse. Quoi qu’il en soit, courage et continuez ainsi !

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