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Daniel Hurel, directeur général exécutif chez Westcon Security à Paris

Publié le 4 octobre 2009

Après avoir quitté l’île pour le service et une formation militaire, Daniel a gravi progressivement les échelons d’une grande société américaine spécialisée dans la sécurité informatique. Après un passage aux Etats-Unis, il a atteint le poste de directeur général exécutif chez Westcon Security. Daniel participera au 1er village de la diaspora réunionnaise du 14 au 16 octobre 2009 à Saint-Denis.

Daniel Hurel

Racontez-nous votre parcours.

Je suis né à Saint-Denis il y a 45 ans. Mon père était contrôleur de gestion à la SCOA et ma mère travaillait en tant que responsable du secrétariat à la BNPI, aujourd’hui BNP. J’ai quitté l’île pour le service militaire. A l’issue des préparations, j’ai demandé à intégrer le 3e bataillon des Élèves Officiers de Réserve à l’École Supérieure Militaire de Saint-Cyr qui formait à toutes les armes. J’ai donc atterri en Bretagne à Coëtquidan.

Quels objets de la Réunion emportez-vous dans vos valises ?

Du piment, un bracelet malgache... Ces objets m’ont toujours suivi depuis et m’ont permis de me rappeler mes racines. Dans les moments délicats, ce sont des repères très motivants qui permettent de rebondir, de foncer et de se dépasser.

Comment se sont passés vos débuts dans l’armée ?

Arrivé en mars avec une seule valise, j’ai été surpris par la différence de température. J’ai séjourné quelques jours à Paris chez des amis zoreils, avant de prendre le train pour Rennes et le car militaire pour Coëtquidan. L’accueil à Coët était digne de la 1ère école militaire de France : rodé, froid, strict, professionnel, ne laissant la place à aucune digression dans les règles et sans aucun temps d’adaptation.

Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?

Cette période a été très dure, physiquement et moralement. Les mises à l’épreuve sont quotidiennes et sans appel de repêchage. Très formateur et "déformateur" en même temps... A l’issue, j’ai pu choisir mon affectation. Plutôt que de me planquer et quitte à être loin de chez moi, je me suis encore plus éloigné et ai opté pour Friedrichshafen à la frontière de l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. J’ai servi au 2e régiment d’Hélicoptère de Combat. Première Neige : -14°. Que du bonheur. Mais quelle expérience !

Et ensuite ?

Retour à Paris où j’ai occupé un poste de technicien de maintenance et d’analyseur de gaz dans les métaux. Les centrales nucléaires, usines sidérurgiques, laboratoires d’analyse, centres de recherche et fonderies étaient ma zone de jeux. Pour économiser sur les forfaits de déplacement, je descendais dans les Formule 1 et mangeais des sandwichs agrémentés de saucisses Herta chauffées à l’eau chaude du lavabo. Il était loin le rougail saucisses...

Et puis tout s’est accéléré…

Le vrai départ de ma carrière fut de décrocher un poste de commercial sédentaire chez un distributeur de produits d’infrastructure en système informatique, câblage, réseaux. C’était une société américaine qui a cru en moi et a investi lourdement en formations les plus diverses : vente, marketing, finance, management... J’y suis resté 10 ans ponctués d’excellentes expériences comme mon séjour aux USA. Ma mission était de promouvoir nos compétences auprès de sociétés internationales ayant des projets de déploiement hors USA. J’ai pu obtenir des entretiens chez des Top 100 comme CNN, Mac Donald, Bank Of America, Disney... Les méthodes de travail sont très différentes aux Etats-Unis. Après chaque présentation, la question récurrente et quasi systématique qu’on vous pose est "qu’est ce que j’y gagne ?".

Et ensuite ?

De retour en France, j’ai développé deux Business Units Europe avant de quitter cette société pour reprendre les rênes d’un autre distributeur spécialisé dans la sécurité informatique. Je suis chargé d’organiser les process, d’améliorer les ventes. C’est un travail de longue haleine qui m’a permis là encore de constituer une équipe et collaborer avec des personnalités différentes. Étant le nième Directeur Général en peu de temps, les équipes en place m’ont réservé un accueil mitigé. Aucune information ne transpirait et les organisations freinaient le changement, je n’étais apparemment pas le bienvenu.

Qu’avez-vous fait ?

J’ai investi dans une machine à café installée dans mon bureau. J’invitais chaque collaborateur qui passait à partager un moment autour d’une tasse. Après recoupement et vérification des informations, huile de coude, longues journées et après le recrutement du comité de direction grâce à auquel la société est N°1 en France, huit ans et après avoir été rachetés deux fois, l’équipe est toujours présente… et le leadership marché aussi.

Quels sont vos projets ?

Au final, j’ai passé un BTS Électronique, j’ai été enseignant, technicien, commercial, directeur commercial, directeur marketing, directeur Europe de Business Unit, directeur des ventes, des ventes internationales basé à Atlanta et directeur général. Aujourd’hui mon objectif est de retourner aux USA. Terre promise pour les entrepreneurs.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Une ouverture d’esprit, une tolérance vis-à-vis des différences, l’apprentissage de nouvelles méthodes, beaucoup de souvenirs, d’expériences personnelles et professionnelles… Ayant eu la chance de côtoyer de nombreuses nationalités, d’être confronté à des défis professionnels dans des contextes multiples, l’expérience qui en résulte est exceptionnelle.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Mes racines, parfois la nonchalance, la proximité et les "codes" locaux. Avoir vécu dans un melting pot m’a procuré de nombreux avantages, comme l’acceptation des différences, l’écoute et le respect des personnes.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Nous sommes trop concentrés sur notre nombril malgré les bonnes volontés et les compétences. De plus, nous devons abandonner ce syndrome, cette attitude envers les zoreils qui ne sont pas, par définition, toujours meilleurs que les locaux. Grâce à sa volonté, à sa compétence, tout le monde a sa chance. Mais encore faut-il entre dans le jeu.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Que dire de Paris ? C’est une ville où tout est possible pour celui qui veut réellement réussir. Beaucoup d’opportunités sont ouvertes pour apprendre, assimiler des connaissances et progresser dans toutes voies. Il faut quand même s’adapter une certaine indifférence agrémentée d’individualisme.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

De se donner les moyens de leurs ambitions, ne pas courir avant de marcher, prendre son temps, faire le pas de manière constante. Tenter sa "chance" dans la durée. Attention au climat, il peut jouer sur le moral !

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