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Danièle Lemayen, parfumeur chez Azur Fragrances à Paris

Publié le 20 octobre 2009

Originaire de Saint-Pierre, Danièle a réalisé son rêve d’enfance en devenant parfumeur après des études supérieures et avoir quitté l’île après le bac. A 29 ans, elle reconnaît l’influence de la Réunion dans son parcours : « L’environnement où j’ai grandi était riche en odeurs, en saveurs et en sensations. Ma force est mon référentiel olfactif très différent des autres parfumeurs ayant grandi en France ».

Danièle Lemayen

Interview réalisée en octobre 2009 (Lire aussi la 2e interview de juin 2011 : Danièle Lemayen, créatrice d’une marque pour bébés à Montpellier)


Racontez-nous votre parcours.

Je suis de Saint-Pierre ! Mon père est architecte (connu dans l’Ile pour la "Maison-Cadeau" du Tévelave) et ma mère institutrice. J’ai quitté l’île immédiatement après le bac en 1998 pour faire un Deug de chimie à Montpellier, nécessaire à mon entrée à l’ISIPCA (Institut Supérieur des Industries de la Parfumerie, Cosmétiques et Aromatiques alimentaires) à Versailles. J’ai eu la chance d’être soutenue par mes parents autant financièrement que moralement.

Comment cela s’est-il passé ?

Je suis arrivée à Montpellier dans le but d’avoir mon Deug. Ce furent deux années d’adaptation difficiles : le froid (et encore, ce n’est que le sud de la France !), la vie seule, les cours à la Faculté, sans l’encadrement des profs, se refaire des amis car ceux qu’on a sont loin... dur dur ! Mais mon but était clair : avoir ce Deug pour pouvoir intégrer l’école rêvée depuis l’adolescence.

Et ensuite ?

En 2000, je réussis le concours de l’ISIPCA. Et là, c’est le début de la découverte du monde des Parfums. Des cours passionnants, des professeurs compétents, des copains de classe très protecteurs envers la petite Réunionnaise débarquée de son île, et une formation en alternance très enrichissante. Tout cela m’a menée vers le métier que je fais aujourd’hui : Parfumeur ou "Nez", créateur de senteur, de plaisir et on l’espère, de bonheur...

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

De belles rencontres, des belles expériences, un métier fabuleux que je n’aurais jamais pu apprendre à la Réunion. Mais partir permet aussi de réaliser tout ce qu’est la Réunion : ses nombreux atouts mais aussi ses lacunes.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

L’environnement où j’ai grandi était un environnement riche en odeurs, en saveurs et en sensations qu’ici en métropole les gens trouvent "exotiques". Ma force est mon référentiel olfactif très différent des autres parfumeurs ayant grandi en France. L’inconvénient de vivre loin des siens, c’est une certaine fragilité parce que le dé-racinement laisse forcément des traces.

Quels sont vos projets ?

Aujourd’hui, riche de mon expérience dans l’industrie des Parfums, je quitte bientôt la région parisienne avec mon homme et mon bébé pour revenir à Montpellier car la qualité de vie compte autant que la réussite professionnelle. Ayant grandi à la Réunion, c’est dur pour moi d’imaginer élever un enfant entre métro, boulot et dodo... Ma petite idée est de rajouter d’autres cordes à mon arc et de revenir un jour créer quelque chose à la Réunion.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Sa nature généreuse et luxuriante, ses contrastes de végétation, de climat, de population, la gentillesse des gens, la douceur de vivre… ma famille !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

La Réunion est une île pleine de ressources mais l’assistanat fait beaucoup de mal à son économie. Néanmoins il y a beaucoup de choses à entreprendre pour valoriser notre patrimoine et nos richesses ! Je pense notamment à la qualité unique des Huiles Essentielles qui étaient autrefois produites à la Réunion : le Vétiver Bourbon en particulier était un trésor en Parfumerie ! Aujourd’hui malheureusement, faute de production suivie, les parfumeurs doivent s’en passer. Un fleuron en moins pour la Réunion... mais qui peut être relancé.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Une ile très accueillante où il fait bon passer des vacances ou vivre mais où il n’y a pas de boulot. Les gens ont été aussi très marqués par le Chik.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Paris, capitale économique et culturelle, passage obligé dans les études supérieures. Mais c’est tout le temps la course : beaucoup de stress, de morosité, beaucoup de temps passé dans les transports... un gros manque d’oxygène et de nature.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Faites des expériences en dehors de la Réunion si vous en avez la possibilité. Gardez l’esprit ouvert tout le temps pour prendre ce qu’il y a de positif là où vous irez. Partir permet de mieux apprécier la Réunion ensuite, de voir de nouveau tout ce qu’on ne voit plus quand on y est depuis longtemps.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

C’est une idée fabuleuse ! Les Réunionnais ne sont pas que des RMIstes et sont capables d’entreprendre plein de choses. Merci de mettre ça en valeur.

Voir le profil de Danièle Lemayen

Lire aussi : Danièle Lemayen, créatrice d’une marque pour bébés à Montpellier

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