Rassine Monmon, Papa… le film en intégral (3 parties)

Publié le 18 avril 2024

C’est l’histoire de toute une génération de Réunionnais, arrivés dans l’Hexagone entre les années 60 et 80 sous l’impulsion de l’état français. Michaël Gence, lui-même né en métropole de parents expatriés, a réalisé sur plusieurs années ce documentaire en trois parties où il part à la rencontre de ses origines. Un travail sensible et passionnant qu’il partage avec les Réunionnais du monde.

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1963, le tout jeune département français de la Réunion atteint les 400 000 habitants, dont la moitié a moins de 20 ans. Le taux de pauvreté et la précarité battent tous les records. Dans ce contexte, l’État décide de prendre les choses en main sous l’impulsion du député de la Réunion Michel Debré, ancien premier ministre du Général De Gaulle. Il met en place un dispositif de migration pour les jeunes de l’île et crée le Bumidom : Bureau pour le développement des migrations intéressant les départements d’outre-mer.

: Michael Gence, lors d’une projection du film à Lyon en 2017

Michaël Gence, réalisateur : « Dans le projet documentaire documentaire Rassine Monmon, Papa…que j’ai porté pendant plus de 15 ans avec le Kollectif Nawak, je suis allé à la rencontre de plusieurs de ces migrants Réunionnais qui, comme mes parents, ont franchi l’océan entre les années 60 et 80. Un travail qui a soulevé en moi autant de réponses que de questions. Existe-t-il une identité réunionnaise à laquelle je peux me lier tout en habitant en France ? Pour tourner la page, faudrait-il qu’elle soit écrite... »

Le site du film : https://rassinemonmonpapa.jimdo.com / www.youtube.com/@kollectifnawak2619

Michaël Gence : Ce 1er tome pose le contexte dans lequel mes parents ont « désoté la mer » pour un aller sans retour pour l’hexagone, à la fin des années 60. Depuis 2007, en prenant le temps, j’ai pu recueillir des récits évoquant l’enfance de ma mère à la Réunion jusqu’à sa venue en France (hexagonale).

Comment aborder les tabous qui empêchent la parole de nos aînés et pointer la lumière sur ce qui a été rangé dans l’obscurité durant des années ? Comment se compléter quand on a toujours eu l’impression d’être à moitié, morcelé, jamais entier ? Il m’a fallut poser des questions et insister. Recueillir des récits et les digérer. De nouveau, questionner. Et au fur à mesure, accepter. Accepter que ce silence a ses raisons que la raison ignore.

Michaël Gence : Ce 2ème tome se déroule en France (hexagonale), où je suis né et où j’ai vécu ma jeunesse en demi teinte et alourdi par une brume épaisse d’ignorance. De ce travail commencé en 2007, s’imposera la nécessité de suivre cette lueur nouvelle. Celle qui m’indique la direction que j’ai toujours esquivée, par gêne et complexe : retourner voir le pays de mes parents, l’île de la Réunion.

Michaël Gence : Dans ce 3ème tome, j’ai pris le parti de me confronter à une gêne avec laquelle je faisais corps depuis tout petit : ma difficulté à aller sur l’île de la Réunion. Au cours de ce "pèlerinage", j’appréhende la notion d’identité et la questionne. "Même ici, à la Réunion, l’identité réunionnaise n’est pas très bien définie." m’avouera Pierrot Vidot, auteur et chansonnier.

Au fil de mes rencontres et de mes échanges, je perçois des balbutiements, des contradictions et des évidences. Plusieurs interrogations me tenaillent. Que faire de ce complexe concernant la langue de mes parents, le créole réunionnais ? Existe-t-il une identité réunionnaise à laquelle je peux me lier tout en habitant en France ? Et à présent, que plusieurs pages de notre livre familial ont pu être écrites, allons nous prolonger ces liens avec la terre de nos aînés ?