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Quentin Hagen, lauréat du concours de la Maison de la Culture du Japon à Paris

Publié le 9 juin 2016

Originaire de Salazie, Quentin a quitté l’île après le Bac et a attrapé le virus du voyage. Il passera l’été 2016 au Japon à faire la promotion de la Réunion et de sa culture… encore trop peu connue : « On me demande si je suis brésilien, algérien, marocain, antillais, kanak, cambodgien, mais étrangement réunionnais ne semble pas être une option... »


Racontez-nous votre parcours.

J’ai 25 ans et je viens d’une famille modeste d’Îlet-à-Vidot à Salazie. J’ai quitté La Réunion à 17 ans, juste après le bac, pour entamer une formation universitaire à Strasbourg. Je m’y suis bien plu et j’y suis resté six ans, au-delà de ma Licence d’anglais ! Puis une nouvelle envie d’ailleurs m’a porté à Perth en Australie où j’ai enseigné le français pendant un an. J’ai également pu voyager en Allemagne, en Suisse, en Espagne, en Belgique, au Canada...

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

En poste jusqu’à peu à la Boutique Île de La Réunion, je suis lauréat du concours 2016 de la Maison de la Culture du Japon à Paris. J’ai remporté un billet aller-retour Paris-Tokyo que j’utiliserai cet été. Au fil des échanges il m’est venu l’idée de mettre à profit ce voyage pour faire la promotion de La Réunion auprès du public japonais par le biais de présentations et d’ateliers de cuisine créole. J’inviterai les Réunionnais à me suivre sur plusieurs plateformes de réseaux sociaux. Puis à la rentrée, j’envisage un Master communication internationale à Lyon, qui je l’espère me permettra de continuer à travailler sur les relations avec le Japon.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

C’est une expérience très épanouissante pour moi. Adolescent, j’étais très introverti, aujourd’hui j’ai beaucoup plus d’assurance. D’ailleurs quand je rentre à la Réunion, les gens qui m’ont connu à cette époque ont parfois du mal à me reconnaître. Nous Réunionnais sommes bien placés pour voyager. Le fait d’alterner régulièrement entre le créole et le français selon le contexte et l’interlocuteur, cette gymnastique à laquelle nous nous habituons dès l’enfance est je pense un atout indéniable dans l’apprentissage des langues étrangères.

Quels objets de La Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Du punch, des brèdes et de la charcuterie à offrir à ma tatie qui m’a accueilli lors de mon arrivée à Strasbourg. Ces derniers temps je déménage souvent donc j’essaie de ne pas trop m’encombrer mais j’ai toujours un ou deux T-shirts. J’ai également la chance de régulièrement recevoir un colis de ma famille, le piment la pâte que prépare mon père est terrible !


Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ma famille, les produits péï, le ciel étoilé les nuits d’été, le bruit de la pluie sur la tôle… Depuis mon arrivée à Paris je n’ai côtoyé pratiquement que des Réunionnais : collègues, clients ou copains de lycées. Sans tomber dans le communautarisme, ça fait un bien fou de pouvoir parler créole au quotidien, partager des repas sans se soucier de savoir si l’on a mis trop de piment, et rire à gorge déployée avec des gens qui vous rappellent toujours un tonton, un(e) cousin(e) ou une matante !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Je pense qu’il faut relativiser. Quand on écoute nos gramounes parler de la misère lontan, on se rend compte qu’on revient de loin. C’est facile de se focaliser sur les ladi-lafé et les polémiques, mais ce serait vite oublier tout ce qu’accomplissent au quotidien les Réunionnais sur l’île ou ailleurs pour le développement et le rayonnement de notre culture. Il y a encore du chemin à faire certes, mais La Réunion a un très fort potentiel qu’il ne tient qu’à nous de valoriser au mieux.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Très positive pour ceux qui connaissent l’île. Les autres prennent beaucoup de raccourcis. Bien souvent on nous confond avec les Antilles, pourtant situées dans un autre océan. On m’a souvent demandé de danser le zouk, par ailleurs je n’ai rencontré personne qui sache imiter un accent réunionnais crédible. On me demande si je suis brésilien, algérien, marocain, antillais, kanak, cambodgien, mais étrangement réunionnais ne semble pas être une option.

Vous-même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Au premier coup d’œil les Alsaciens peuvent paraître froids et distants, mais une fois qu’ils vous ont accepté, vous faites partie de la famille. Tout comme La Réunion c’est une partie de la France qui a une très forte identité locale. Difficile de dresser un portrait des Parisiens après seulement trois mois, je me contenterai de dire que c’est la ville de tous les possibles.

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