Nicolas Cadet : un Réunionnais de Londres témoigne du Brexit (6)
Nicolas Cadet : « D’un point de vue professionnel, je m’attends à des changements et à de nouveaux défis économiques du fait de cette annonce majeure ».
Pouvez-vous vous présenter ?
Nicolas Cadet. J’ai 25 ans et viens de Sainte Suzanne. J’ai un diplôme universitaire de technologie en Génie Biologique et un diplôme d’ingénieur en Bâtiment et Energie. J’ai travaillé en tant que consultant en photovoltaïque et travaille maintenant en opérations de maintenance dans l’énergie éolienne.
Qu’est ce qui vous a amené en Angleterre ?
Je me suis installé pour la première fois à Brighton en septembre 2014 en tant que stagiaire. Ce stage a débouché sur un contrat professionel de six mois puis je suis venu travailler à Londres en novembre 2015. L’intégration à Londres est beaucoup plus difficile qu’à Brighton du fait du coût de la vie et de la culture qui est totalement différente de celle de la Réunion. Londres est une ville très active avec une pléthore d’activités et d’événements à tous les coins de rue. Mais les jounées de beau temps sont rares et la vie y est rude. Je déconseillerais à quiconque de venir sans avoir anticipé son installation.
Ce référendum a-t-il passionné les gens que vous côtoyez ?
La plupart des gens que je fréquente sont étrangers mais les Britanniques que je côtoie ont aussi manifesté leur repulsion quant à sortir de l’Union Européenne. Londres était grandement favorable à l’intégrité du Royaume-Uni dans l’Union Européenne. Les villes cosmopolites comme Bighton, Bristol, Exeter étaient aussi contre le Brexit.
Comment expliquez-vous ce résultat ?
Je ne saurais expliquer ce désir d’indépendance de la part des Britanniques. Il me semblait que l’UE leur apportait beaucoup sur bien des plans. Mais certains arguments en faveur du Brexit ont porté, comme l’argent versé à l’UE qui pourrait être reversé au NHS (système de santé britannique).
Les perspectives économiques de la Grande-Bretagne vous semblent-elles meilleures qu’en France ?
Je n’ai pas l’impression qu’on vit mieux en Angleterre qu’en France pour être tout à fait honnête. Mon salaire anglais ne me permet pas de faire des économies. Le loyer étant excessivement cher à Londres, plus de la moitié de mes dépenses passe en logement en zone 3 en colocation avec quatre personnes. Il est possible de très bien gagner sa vie ici si on se crée les bonnes opportunité mais je considère la qualité de vie bien plus appréciable en France. Sur le plan économique, il me semble que la France se porte au moins aussi bien que le Royaume-Uni. Un jugement purement subjectif...
Selon vous le référendum va-t-il laisser des traces ?
L’Ecosse et l’Irlande du Nord étaient clairement contre le Brexit. L’Ecosse a déjà "menacé" de quitter le Royaume-Uni une première fois ? Je ne serais pas étonné de voir cette volonté réapparaître dans les prochaines semaines par le biais d’un nouveau référendum. Mais le Brexit ne va pas laisser des traces seulement au Royaume-Uni. Je pense notamment aux Etats-Unis qui utilisaient le Royaume-Uni comme porte d’entrée pour échanger avec l’Europe. L’Union Européenne se doit aussi de réajuster son action et ses méthodes. L’incertitude est grande. Il est possible que l’UE comme le Royaume-Uni sortent plus forts et stables une fois les démarches terminées...
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