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Travailleur des Taaf : Simon Gutierrez, chef de mission à Tromelin

Installé à la Réunion depuis 15 ans, ce Colombien de 42 ans a effectué plusieurs missions dans les îles éparses et les terres australes. Il vient d’être envoyé à Tromelin, îlot perdu dans l’océan à 500 km au nord de la Réunion, également surnommé « l’île aux cyclones ».

Portrait 1 de la série « En mission dans les TAAF : Réunionnais (du bout) du monde »


Mon parcours

Je m’appelle Simon Gutierrez Martinez, j’ai 42 ans et je suis originaire de la ville de Palmira située au sud-ouest de la Colombie près de Cali. J’ai un bac pro dessinateur en bâtiment. Après mon service militaire en Colombie, j’ai déménagé au Costa Rica où j’ai travaillé pendant trois ans. C’est là-bas que j’ai rencontré mon épouse qui est réunionnaise. En 2000, nous avons décidé de nous installer à la Réunion où j’ai ouvert une entreprise spécialisée dans la pose de placoplâtre. Face aux graves difficultés économiques, j’ai cherché à me diversifier et par le biais d’un ami réunionnais, j’ai postulé aux TAAF. J’ai commencé par une mission de neuf mois dans l’archipel de Crozet. Depuis 2012, j’effectue des missions ponctuelles sur l’île de Tromelin.

Ma mission

A Tromelin, je suis chef de mission, en liaison permanente avec les services centraux des TAAF installés à Saint Pierre. J’assure, par délégation du préfet, des missions de souveraineté et de suivi de la bonne exécution des programmes logistiques, scientifiques et de préservation de l’environnement. Cela comprend entre autres la maintenance des bâtiments et du matériel et le damage de la piste d’atterrissage avec mes collègues. Nous sommes trois en permanence sur l’île, effectuant des missions de deux mois chacun : un chef de mission et deux manœuvres. Lors de missions spécifiques, scientifiques ou administratives, nous pouvons nous retrouver à quinze personnes voire plus sur l’île.

Le transport

Le transport vers Tromelin est assuré par les FAZSOI (Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien) depuis la base aérienne 181 située à La Réunion. Le jour du départ, nous embarquons avec toute la logistique et le ravitaillement nécessaires pour les deux mois de mission : produits alimentaires frais et surgelés, matériels de construction selon les besoins. Le vol dure environ 1h20. A notre arrivée sur l’île, nous déchargeons le transporteur à l’aide d’un tracteur et d’un chariot élévateur disponibles sur site. Une fois achevée cette étape, nous procédons au « passage de consignes » entre le chef sortant et le chef entrant.


Une journée type à Tromelin

- 5h45 : allumage du groupe électrogène
- 6h00 : petit déjeuner (chacun prépare le sien)
- 6h30 : comptage des tortues
- 7h30 : travail journalier correspondant au descriptif des fiches de tâches remises par le service technique des TAAF
- 11h00 : on « fait chauffer la marmite ». Les repas sont divers et variés, selon les denrées rapportées. Les menus tiennent compte des envies du personnel !
- 12h00 : déjeuner
- 13h30 : reprise du travail : nettoyage base, compactage piste, nettoyage cocoteraie, maintenance engins)
- 16h00 : fin de la journée de travail et quartier libre
- 22h00 : extinction du groupe électrogène


Les contacts avec l’extérieur

En tant que chef de mission, mes contacts sont les services techniques des TAAF et en cas d’urgence sanitaire, le SAMU. Mes moyens de communication :
- Un téléphone satellitaire iridium,
- Un service de messagerie par satellite
- Le V.H.F pour communiquer avec le CASA (avion militaire) afin de transmettre le point météo lors des atterrissages et des décollages.

Mon plus beau souvenir

Mon plus beau souvenir se situe beaucoup plus au sud, dans les eaux froides de Crozet : c’est d’avoir pu admirer un iceberg lors de mon expédition sur le Marion Dufresne et surtout d’avoir observé de très près la faune exceptionnelle des îles subantarctiques : orques, éléphants de mer, albatros, manchots… Assister au combat de deux éléphants de mer, entre un pacha mâle dominant et un intrus, restera gravé dans ma mémoire. Tout comme sur l’île de Tromelin, observer des requins rôder tout près du rivage !


Ma motivation

Une mission est toujours une nouvelle aventure, où l’on côtoie des personnes différentes et qui ont toutes un savoir et des compétences qui enrichissent les échanges. Ma motivation est là. J’ai des responsabilités et j’ai le sentiment de participer non seulement à la présence de la France, mon pays d’accueil, mais aussi à des enjeux scientifiques, politiques et économiques.

La place de La Réunion

Pour moi elle est essentielle et stratégique dans ce dispositif des îles Eparses : d’une part, parce qu’elle représente la France dans ces zones si éloignées, d’autre part, parce qu’elle contribue à la recherche scientifique et à la conservation du patrimoine naturel. Des liens sont tissés avec les autres îles et pays de la zone, qui se traduisent par une coopération régionale pour la préservation et le développement des richesses de l’Océan Indien.


Mes 3 conseils à ceux qui voudraient se lancer

- Travailler son mental pour pouvoir s’adapter à l’isolement, à l’éloignement et aux conditions parfois extrêmes. Dans les TAAF le climat et les changements de température sont radicaux : neige, vents à 120 km/h...
- Avoir un objectif en partant, qu’il soit économique ou qu’il s’agisse d’une envie d’aventure, de découverte...
- Dans les moments difficiles de la mission, ne pas perdre de vue ce pourquoi on a signé...

Pour aller plus loin...

Depuis sa création en 1954, la station météorologique de Tromelin s’est avérée d’un grand intérêt pour la détection des formations cycloniques dans le sud-ouest de l’océan Indien. En effet, la plupart des perturbations menaçant Madagascar ou les Mascareignes (île de La Réunion – île Maurice) se forment ou passent au voisinage de cette île.

L’histoire de l’île de Tromelin a été marquée par celle de ces esclaves malgaches naufragés, puis oubliés sur place pendant quinze ans (1761-1776). Les récentes campagnes archéologiques ont permis d’en savoir davantage sur leurs conditions de vie sur cet îlot balayé par les vents de l’océan Indien.

+ d’infos : www.taaf.fr / www.facebook.com/TAAFofficiel


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