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Bruno Legros, responsable informatique du groupe Sapmer - Spécial Retour

Publié le 4 août 2016

Diplômé de l’école d’ingénieur EPITA, Bruno a exercé son métier de consultant en Système d’Information à Paris auprès de grands comptes français. Fort de cette expérience, il a décidé de se réinstaller à La Réunion, d’abord en tant qu’indépendant, puis embauché par la Sapmer, groupe en pleine expansion dans la zone Océan Indien. Il est coauteur du livre "Centreon - Maîtrisez la supervision de votre SI" aux éditions ENI.

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien de la Réunion - 4 août 2016


Qui je suis

Je suis un malbar-yab du sud de l’île ! J’ai eu une enfance très heureuse à l’Entre-Deux, Les Makes et Saint-Louis. Issus de milieux modestes, mes parents ont chacun réussi dans leur domaine et à leur façon. Ils sont mes modèles.

Mon départ de la Réunion

Passionné d’informatique depuis le plus jeune âge, je savais exactement ce que je voulais faire après le bac. Mais la Réunion n’offrait aucune ouverture dans ce domaine aux jeunes de ma génération. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais à l’époque j’ai été obligé de partir pour Paris pour progresser. Ceci dit, je n’étais pas mécontent : j’avais besoin de m’éloigner du cocon familial pour me construire...

L’arrivée à Paris

Quitter la chaleur tropicale et humaine pour la grisaille parisienne dans un studio minuscule est évidemment très dur. J’ai passé mes premiers mois suspendu au téléphone. La famille manque, la proximité des amis manque, le soleil manque. Petit à petit on s’adapte, on se déplace en métro, on connaît les coins sympa, on voyage et on se surprend même à comprendre les blagues des Parisiens !

Les acquis

J’ai exercé mon métier de conseil en informatique chez les plus grands comptes français : La Poste, Société Générale, Crédit-Agricole, AGF, SMABTP... Mon expérience va du management d’équipe à la gestion de projets en passant par l’architecture fonctionnelle et technique, MOA/MOE, schéma directeur, informatique de gestion, supervision d’infrastructure, direction technique à temps partagé…

La transformation

Etant né à La Réunion et ayant vécu mes dix-neuf premières années sur l’île, je me sens Réunionnais “véritable”. Mais en six ans de vie parisienne, j’ai été témoin d’une progressive transformation chez moi :
 Ma marche est plus rapide et mon regarde ne flâne plus (on fixe la porte du métro et on y va droit dessus !). 
 Mon comportement est plus agressif de manière générale. 
 Je suis passé d’une naïveté presqu’enfantine à une certaine méfiance des gens. 
 Je déteste ne rien faire, je suis toujours en recherche d’efficacité et pire, j’impose cet état d’esprit autour de moi.

Les raisons du retour

Paris m’a fait développer une carapace qui me permettait de vivre dans cette mégalopole et d’évoluer dans ce milieu concurrentiel fort. Mais à un moment je me suis posé la question : « Suis-je heureux ? » Amis parisiens, ne me jettez pas la pierre ! Avec le temps j’ai appris à comprendre Paris j’aime cette ville. Mais je ne me voyais pas à 50 ans dans la grisaille...

Le bilan

La mobilité est enrichissante à tous les points de vue. J’en citerai trois :
 Il est souvent indispensable de s’éloigner pour acquérir de l’expérience dans certains domaines et avoir l’opportunité de fréquenter les meilleurs du secteur. Il sera toujours temps de retourner sur l’île et y apporter son savoir-faire.
 La mobilité nous enrichit d’autres cultures, d’autres façons de penser, d’autres histoires et donne envie de voyager.
 Et enfin : il est malheureusement nécessaire de s’éloigner des choses que l’on aime pour se rendre compte de leur véritable valeur. Réunionnais, il faut avoir conscience que nous avons une île et un mode de vie très enviés partout dans le monde ! Sachons-le et profitons-en (et san fèr lo ver !).

Mon conseil

Jeunes réunionnais : bouz zot fess, allé en france, en angleterre, en australie, en sine, rencont do moune, mélanz zot kiltir, trape l’expériens et arviens ter la po fé profit a nou !

La morale de cette histoire

Dans l’informatique tout va très vite et si on n’est pas à 100% sur l’actualité, on est rapidement dépassé. De ce fait, les jeunes sont souvent arrogants envers les anciens. Plusieurs fois, ces « anciens » m’ont remercié pour la relation de respect et d’écoute que j’avais avec eux. Je pense sincèrement que c’est une qualité qui me vient de La Réunion : respect et tolérance i fo nou lé fier ! Aujourd’hui, c’est moi qui bascule tout doucement du côté des « anciens »...


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