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Sébastien Rougemont, réalisateur TV aux Seychelles

Publié le 16 novembre 2016

Diplômé de l’ILOI et d’Info-Com à la Réunion, ce passionné de cinéma de 31 ans a décroché un contrat CUI en tant que réalisateur et producteur à la SBC : Seychelles Broadcasting Corporation.


Racontez-nous votre parcours.

Natif de Saint-Louis, j’ai habité un peu partout sur l’île : Saint-Pierre, Les Avirons, Saint-Denis, Le Tampon, La Possession… Je suis passionné de cinéma depuis l’âge de 8 ans. J’ai réalisé des courts métrages et plusieurs clips. Le film "Rouleur de journaux", tourné en 2011 avec La Fouine et Yaëlle Trulès, m’a ouvert les portes de plusieurs festivals (dont Cannes). J’espère que c’est un pas vers la réalisation de mon rêve : tourner un long métrage.

Comment avez-vous atterri aux Seychelles ?

En 2012, après ma participation au Festival de Cannes avec la sélection de mon film « ROULEUR DE JOURNAUX » (www.rdjfilm.fr), j’ai recu des courriers et des félicitations de bon nombre de personnalités à la Réunion, dont une de Nassimah Dindar. Nous sommes restés en relation via son cabinet. En 2015, j’ai eu une sorte de "saturation", un sentiment bizarre, comme si je voulais tout arrêter après 10 ans de métier dans l’audiovisuel. Je voulais quitter l’île définitivement ou passer à autre chose. C’est à ce moment que je reçois un courrier de Madame La Présidente du Conseil Départemental qui m’informe de ce poste aux Seychelles dans le cadre de la coopération régionale. Je n’ai pas pu refuser cette opportunité… Je suis parti en tant que CUI.

Qu’avez-vous fait ici ?

J’ai réalisé et produit des programmes TV, par exemple le nouveau clip de l’artiste Angie, avec des partenaires privés. Je me suis constitué un réseau sur place. En tant que formateur et intervenant audiovisuel, je suis intervenu dans des écoles de milieux défavorisés et des prisons, avec un public toujours intéressé et captivé.


En tant que Réunionnais(e) qu’est ce qui vous paraît le plus proche / le plus éloigné aux Seychelles par rapport à notre île ?

Tout est à la fois différent et en même temps proche, c’est un sentiment étrange parfois. Nos deux créoles sont très différents mais nous sommes créoles pareils ! A la Réunion, il y a plus de montagnes et c’est plus grand ; ici il y a plus de plages et les montagnes sont plus basses. Les Seychelles sont en retard sur la modernité et les infrastructures mais en même temps, ils ont une dimension internationale plus forte que nous...

Quel bilan tirez-vous de cette année ?

Les Seychelles ont un énorme potentiel et je suis content d’avoir été là cette année, pendant ce tournant historique qu’a été la victoire du parti d’opposition après 39 ans du même parti au pouvoir, et la démission du président James Michel. Un pays pour se développer a besoin de changement, et de culture aussi. Je trouve que les Seychellois n’ont pas assez accès à la culture en général, que ce soit le cinéma, la peinture, la littérature, la mode, la musique… Le système éducatif est aussi à améliorer (je remarque la chance que nous avons à la Réunion !). On m’a conseillé de revenir aux Seychelles dans un an, le temps que le train des changements se mette en place. Je reviendrai avec plaisir si une autre chaîne de télévision ou une boîte de production se met en place.

Quels sont vos projets ?

Je rentre à la Réunion en novembre 2016 et je m’envole juste après pour le Nigéria. J’ai eu la bonne nouvelle : mon film « Rouleur de journaux » a été sélectionné au 6e Festival International du Film D’Afrique. J’en suis très heureux et très fier !


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Beaucoup de choses. J’avais déjà eu des expériences à l’étranger mais pas aussi longues. Si vous êtes un aventurier et ouvert d’esprit, vous découvrez d’autres choses sur la vie, les gens, et vous même. Les inconvénients, c’est que malgré tout, vos amis, votre famille et votre ancien équilibre vous manque. On a parfois des moments où on craque ; on pleure tout seul dans sa chambre, sans savoir pourquoi… La Réunion représente une force car on vient de loin dans tous les sens du terme ; on a cette soif en nous d’apprendre plus, plus vite et de réussir coûte que coûte. Elle peut aussi être une faiblesse si on pense trop à sa famille, son île et son rougay morue (dans mon cas) !

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Mon rougay morue ! Plus sérieusement : ma famille, même si on se voyait peu. Mais quand tu es sur l’île, tu sais qu’ils sont là et que tu peux les voir quand tu veux. Quand tu es loin, tu veux les voir tout le temps, mais tu ne peux pas. Au moment où j’écris ça, forcément j’y pense et mes yeux rougissent, lo kèr lé gro. Mes parents, mon frère, mes neveux, nièces, ma mémé, mon pépé, mes taties, tontons, Les Makes, courir dans la forêt de l’Etang Salé, piquer une tête juste après dans le bassin pirogue... Ici la mer est superbe mais parfois difficile d’accès en bus. Donc ma voiture aussi me manque, et mes revues de cinéma car il y a peu de librairies et de presse ici...

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

J’ai un regard critique et en même temps admiratif : critique car je pense qu’on est trop divisé entre nous. Admiratif car on a une tonne de talents au mètre carré.


www.reunionnaisdumonde.com/r/14/Ocean-Indien-hors-Reunion


Bio Express - Réalisateur réunionnais

Né à la Réunion en 1985, Sébastien Rougemont est passionné de cinéma depuis l’âge de 8 ans. Après un baccalauréat en Economie à l’âge de 16 ans, il se dirige vers des études dans le même secteur à la faculté du Tampon, tout en enchaînant les petits boulots. En 2005, il intègre l’ I.L.O.I et obtient une licence d’INFO-COM en 2008, pour ensuite travailler comme journaliste, agent administratif et photographe, pour entre autres, les mairies de Saint-Louis, Saint-Benoît et Saint-Denis, et comme formateur vidéo et intervenant cinéma dans les milieux scolaires et défavorisés. Depuis, sa vie s’articule toujours autour du cinéma et des métiers de l’audiovisuel et de la communication, et il réalise et produit des œuvres audiovisuelles (commandes ou personnelles), se rapprochant ainsi pas à pas, de son but qui est la réalisation de films de cinéma.
 

Tournages aux Seychelles :



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