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Sandrine Ah-Fa, 24 ans, analyste financière à Shanghai en Chine

Publié le 24 janvier 2010

Après un Deug à la Réunion et un master de finances à Paris Dauphine, Sandrine a pris la direction Shanghaï, à la recherche d’une expérience à l’étranger, de ses origines chinoises et pour apprendre le mandarin. Elle y a aussi rapidement trouvé un poste à responsabilités dans une société de conseil : AST Consulting. « Si j’étais restée en France ou à La Réunion, en tant que jeune diplômée, je n’aurais jamais eu autant de responsabilités aussi vite ». Sandrine aura aussi la chance d’assister aux premières loges à l’Exposition Universelle de Shanghai en mai 2010.

Sandrine Ah-Fa

Racontez-nous votre parcours.

Je suis originaire du Tampon. Ma famille détient des commerces de vente de pièces détachées automobiles un peu partout sur l’ile. Après avoir obtenu un bac S, puis un DEUG d’économie gestion à la fac de Saint Denis, j’ai décidé de poursuivre mon cursus en métropole. J’ai quitté l’ile non pas par obligation mais parce que j’avais envie de voir autre chose. J’ai commencé par la France après mon DEUG, puis j’ai déménagé dans des villes de plus en plus grandes, bruyantes et animées ! De la Réunion à Montpellier, puis Paris, pour finir à Shanghai où je vis depuis un an maintenant.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

J’ai toujours emmené avec moi un calendrier de la Réunion, des photos de mes proches et un pot de safran !

Quelles ont été les étapes de votre périple ?

Première étape : Montpellier pour une licence de Sciences Eco, puis un Master Contrôle de gestion. J’ai ensuite réussi à intégrer le Master 2 Audit Contrôle Finance de l’université Paris Dauphine (spécialité Contrôle de gestion, promo 2007-2008). Après l’obtention de ce master professionnel, je ne me sentais pas prête à rentrer directement dans la vie active, j’avais envie de faire autre chose. J’avais surtout envie de connaitre l’effet que cela faisait d’aller à l’étranger, seule. Je voulais savoir si j’en étais capable. Pour moi, c’était le moment ou jamais de partir.

Qu’avez-vous fait ?

J’ai décidé de partir six mois à Shanghai pour apprendre le mandarin. Etant d’origine chinoise mais ne parlant pas un mot de chinois, j’ai pensé que c’était le pays le plus approprié pour une telle expérience ! Quel autre pays que la Chine, pays en pleine expansion et dont la culture est totalement opposée à la culture française ou réunionnaise, pour connaitre mes limites ?

Comment cela s’est-il passé ?

Je suis arrivée en février 2009 à Shanghai sans connaitre un seul mot de chinois... Et bizarrement tout s’est très bien passé ! J’ai très vite pris mes marques, rencontré du monde et je me suis fait de très bons amis ici. Pendant six mois, j’ai donc suivi le programme d’apprentissage du mandarin pour étranger à l’université de Jiao Tong. A la base je ne devais y rester qu’un semestre, mais au bout de cinq mois, j’adorais tellement cette ville, si moderne, si active, si animée, que je n’avais plus envie de partir.

Qu’avez-vous fait ?

J’ai pris la décision de trouver un travail ici... J’ai trouvé un poste en un mois en tant qu’analyste financière dans une société de conseil : AST Consulting. C’est une société de service aidant les étrangers à ouvrir leur business en Chine, tout en offrant des services de comptabilité, finance et gestion. C’est une formidable opportunité de travailler dans une société telle que celle ci car j’y apprends énormément et j’ai très vite eu beaucoup de responsabilités. Si j’étais restée en France ou à La Réunion, en tant que jeune diplômée, je n’aurais jamais eu autant de responsabilités aussi vite.

Quels sont vos projets ?

Pour l’instant je pense rester en Chine encore au minimum un an puisque mon contrat chez AST Consulting a été renouvelé. Et puis je ne voudrais pas rater l’exposition Universelle qui aura lieu à Shanghai à partir de Mai 2010. Cela va être un événement extraordinaire, qui permettra à la Chine de s’ouvrir encore plus au monde. Je pense que l’avenir économique est en Chine. C’est le pays qui connait la plus grande croissance économique au monde et je pense qu’il y a vraiment du business à faire ici. Dans quelques années, si mon expérience me le permet, pourquoi pas ouvrir une entreprise ici. L’avenir est ici plus qu’en France.

Sandrine Ah-Fa
Sandrine à Pudong, centre des affaires, devant la Pearl tower.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Cette expérience m’apporte beaucoup au niveau personnel. J’ai appris beaucoup sur moi. Maintenant je n’ai plus peur de rien ! Je suis arrivée à Shanghai sans parler chinois et sans connaitre une seule personne et j’ai réussi à faire ma vie ici : socialement et professionnellement. Je suis maintenant rassurée sur moi même et je peux me dire "J’en suis capable".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Pour mon parcours professionnel, venir de la Réunion n’a jamais été un inconvénient, au contraire ! Les gens sont toujours contents et curieux de rencontrer quelqu’un qui vient des îles. Souvent en entretien, les ressources humaines me posaient des questions sur la Réunion. En répondant avec "passion" sur mon île, je n’ai pu gagner que des points

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

J’ai rencontré quelques Réunionnais à Shanghai (3-4), mais je pense qu’il y en a bien plus. Nous nous sommes rencontrés en soirée et ça fait trop plaisir de pouvoir parler créole en Chine de temps en temps.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

La nourriture ! Sans hésiter ce sont toutes nos spécialités culinaires (et ma famille et mes amis aussi quand même !) J’adore manger alors parfois c’est dur. Je rêve de cari poulet, lentilles, le grain, rougail saucisse, rougail morue, pain bouchon gratiné, cabri massalé, samoussas... Ce qui me manque aussi beaucoup, c’est de ne pas voir la mer. Mais bon c’est le prix à payer pour vivre dans une ville excitante comme Shanghai.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

J’adore mon île mais je suis triste de voir qu’économiquement la situation n’est pas élogieuse. C’est le département dont le taux de chômage est le plus élevé. Pourtant je sais que la Réunion est riche de talents, de jeunes compétents, désireux de réussir. Mais ils n’osent pas ou bien ne se donnent pas toujours la peine de se démener pour y arriver.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Les chinois ne connaissent pas du tout la Réunion. Quand je leurs dis que je viens d’une ile française, ils me parlent tous de Paris. C’est la seule chose qu’ils connaissent de la France. Mes amis proches ici viennent de partout dans le monde, ils ne connaissaient pas la Réunion. Je leur ai tellement fait de la pub sur l’île qu’ils veulent tous venir et me jalousent même ! Ha ha.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Je vis dans cette ville incroyable qu’est Shanghai. Shanghai est devenu en quelques années un centre économique majeur. C’est une grande ville, moderne, qui ne s’arrête jamais, pleine de bitume et de pollution. Mais la vie ici est géniale dans le sens où on ne s’ennuie jamais. Il y a beaucoup d’expatriés, de toutes nationalités. C’est incroyable le nombre de français qu’on peut croiser ici. Shanghai est tellement moderne et la vie tellement occidentalisée que je n’ai jamais eu l’impression d’être vraiment en Chine ici.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Lancez vous ! Si vous avez un projet, n’hésitez pas plus longtemps. Ce n’est pas parce qu’on vient d’une petite île perdue de l’Océan Indien qu’on n’en est pas capable ! J’ai la certitude que nous, Réunionnais, de par notre culture, notre mixité et surtout notre ouverture d’esprit, on a toutes les ressources et compétences nécessaires pour réussir, que ce soit à la Réunion, en métropole ou à l’étranger. Et puis je veux aussi dire aux jeunes de tenter l’aventure à l’étranger pour qu’ils prennent conscience de leur capacité. Et sinon venez à Shanghai, vous ne serez pas déçus !

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Sandrine Ah-Fa
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