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7 Po : « Sept pou Inn » - chronique maloya de Benjamin Lagarde

Publié le 23 janvier 2010

Venu de La Possession, le groupe 7 Po, qui a choisi d’inverser la négativité contenu dans le proverbe « Kaf nana sèt po », nous livre une révélation de « maloya moderne » qui fait partie des albums incontournables de l’année 2007. Connu des abords des docks du Port jusqu’au sommet des montagnes mafataises depuis une dizaine d’années, ces gayar marronnent le maloya institutionnel pour lui donner des accents de rock,de jazz, d’afro-beat bref, de musique libre !

7 Po

Remerciements : Benjamin LAGARDE. Doctorant en anthropologie à L’Université de Provence – France, il a publié en collaboration avec G. Samson et C. Marimoutou "L’univers du maloya. Histoire, ethnographie, littérature en 2008" (Océan éditions, La Réunion). L’album « Sept pou Inn » de 7 Po est paru fin 2007 en autoproduction.

Les textes engagés d’Axel Sautron, soutenus par des mélodies accrocheuses, donnent le ton de ce groupe qui allie flûtes, conques, guitare, basse aux rouleur, kayamb, sati, triang, congas, djembe…

L’allégeance à Marianne et Cimendef, aux résistants de la culture kaf puis kréol, et donc aux maloyèr comme le Rwa kaf est répétée au long de ces 10 titres. D’un côté, l’Euro qui « wa mèt anou zéro » (chant que tous les ménages français pourraient reprendre en chœur), la politique des magots et des divisions (« Mèm si bana (i diviz anou) », morceau écrit à l’époque du projet de bidépartementalisation), de l’autre le ti moun, les ancêtres, les jeunes chômeurs, les buveurs « ralèr de trin » et entre les deux l’être Réunionnais qui appelle toujours plus de prise de conscience, de philosophie et de lutte pour la liberté.

Autour de l’énergie « oya », le groupe s’en est construit une qui, espérons-le, donnera d’autres fruits. Il reste à noter la très belle présentation et les photographies du livret ainsi qu’une astuce : forcez un peu les basses pour apprécier le son la peau de bœuf !

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Benjamin Lagarde nous livre une revue de quelques-uns des albums de maloya sortis fin 2007. La plupart sont facilement trouvables… à La Réunion ! Pour les Métropolitains ce sera un peu plus dur. L’année 2007 a été marquée par l’envol de Lindigo (avec « Alotika » qui s’écoute partout, des radios aux sonneries de portables, des boîtes de nuit aux cases en tôles) et de Davy Sicard, qui a fait un très beau show à Québec (février 2008). « Pèp maloya », le troisième opus de Kiltir s’est aussi fait une place de choix dans cette discographie. Mais ces représentants de la musique réunionnaise ne doivent pas pour autant faire oublier d’autres, tout autant dynamiques !

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