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Au nom du Père… et de l’Art, une exposition de Joël et d’Alice Pèlerin

Publié le 29 décembre 2016

Véritable collaboration entre époux, « Au nom du Père... et de l’Art » mêle 62 photographies de nu artistique de Joël et 35 poèmes tous rédigés par Alice Pèlerin, la femme du photographe. Une exposition dont la trame narrative retrace la vie mouvementée d’un homme : de la naissance à la paternité en passant par la vie de couple et les moments de crise, chaque étape cruciale est dépeinte.

Un article d’Alice Pèlerin et d’Alyssa Mariapin


Dès les premiers instants de sa vie, idéalement, l’homme est aimé par ses parents et grandit sous le regard affectueux de ces derniers. Vient ensuite l’adolescence, où le jeune, désireux de plaire à autrui accorde une attention particulière à son physique. Il rencontre la femme et soumis aux lois de l’attraction, se sent attiré par elle. Ils entament une liaison. C’est la découverte des plaisirs sensuels.

Les sentiments s’intensifient entre eux et la femme crée l’homme par son amour (clin d’oeil à “la création d’Adam” de Michel Ange) et lui confère ensuite le statut de père. Premiers regards remplis d’amour entre l’homme et son enfant : il vit pleinement sa paternité. Désillusion amoureuse : l’amour est éphémère. L’homme et la femme se séparent. En proie à une grande souffrance, l’homme apparaît comme un tissu de contradiction : à la fois furieux et fragile. Il parvient tout de même à se reconstruire et aime à nouveau. Il est alors serein : l’enfant qu’il était et le père qu’il est devenu sont tous les deux heureux, de même que son enfant.


Des artistes-médecins qui mettent en lumière le parcours de l’Homme

Doctorante en anthropologie, Alice Pèlerin rédige actuellement une thèse intitulée « Soigner avec la quête de sens ». C’est à travers leur sensibilité d’artistes et de médecins que les époux Pèlerin attirent le regard de la société sur la place du masculin et du père. Selon les artistes, il ne s’agit pas d’opposer l’homme à la femme ; au contraire ils sont complémentaires et équivalents. Cette exposition de nu artistique dévoile l’homme ; un homme parfois fragile et en proie à une grande souffrance, à qui la société demande d’être fort.

« Nous sommes tous les deux médecins et artistes, et dans l’intimité de notre pratique de soignants, nous sommes confrontés à toutes sortes de souffrances humaines, dont la souffrance masculine et les dégâts qu’elle peut engendrer. Nous constatons souvent que dans une situation de violence, il y a deux souffrances qui se parlent, et nous nous intéressons aux deux. Elles ne doivent servir ni d’excuse ni de justification, mais comme éléments pour comprendre quelle en est l’origine, et permettre une démarche pour s’en débarrasser, et en arrêter la transmission », expliquent les époux Pèlerin.


Une exposition, deux conférences

Censuré à deux reprises sur l’île, Joël a été soutenu par René-Louis Pestel, délégué à la Culture et au Patrimoine de la ville de Saint-Denis, pour cette exposition intitulée « Au nom du Père… et de l’Art ». Du 16 au 29 novembre 2016, bon nombre de visiteurs ont pu contempler les douze panneaux installés dans l’espace Banyan de la Cité des Arts.

Une exposition pleine de sens et de messages, qui célèbre pour la 1ère fois à La Réunion, la Journée Internationale de l’Homme, qui a lieu le 19 novembre et qui est célébrée dans plus de 60 pays. Pionnière sur l’île, cette initiative a intéressé un large public et a coïncidé de manière fortuite avec la tenue des États Généraux sur la violence faite aux femmes, organisés par le Département pendant deux jours.


Loin de rivaliser avec la Journée Internationale des droits de la Femme, le 8 mars, la Journée Internationale de l’Homme est vue comme un tremplin pour mieux faire connaître le masculin et évoquer des questions que l’on se pose rarement, notamment sur le rôle de père, de compagnon de la femme, et donc sur la relation homme-femme, ainsi que sur l’aspect historique des violences soulevées par ces États Généraux. « Le but est de comprendre, essayer de prévenir et de soigner, et surtout pas d’excuser ni justifier la violence », précisent les époux Pèlerin. Selon les deux artistes, cette dimension de soin fait parfois défaut dans la prise en charge sociale de la violence, qui est plus souvent dans la répression.

Deux conférences ont également été organisées dans le cadre de cette exposition : une sur le thème du Nu artistique, à l’initiative de Raphaël Buhot, directeur de la Cité des Arts, et une autre, sur la place de l’homme dans la société, organisée par les époux Pèlerin, avec un regard pluridisciplinaire.

Lors de la première, donnée le 17 novembre, par Yves Michel Bernard, professeur d’histoire de l’Art, le conférencier a rappelé l’ancienneté de l’art du nu en remontant au Vénus de Willendorf, art gravettien remontant de 30 000 à 25 000 ans avant Jésus-Christ, ou encore l’art cycladique ou égyptien, respectivement de 3000 ans et 1550 ans avant Jésus-Christ. Durant sa conférence, il a mis en lumière les canons de beauté de l’antiquité qui se retrouvent également dans les œuvres de Joël Pèlerin.


La photographie « à la fontaine » (ci-dessus) avait, en effet, de grandes similitudes avec « l’Aphrodite de Cnide » de Praxitèle, premier sculpteur grec à oser représenter un nu féminin (400 ans avant J.C). De même, il a mis en parallèle la photo « à l’origine » de Joël Pèlerin qui a un air de famille avec « le Diadumène de Polyclète » 5ème siècle avant J.C, ainsi que d’autres photos qui faisaient écho à d’autres œuvres célèbres, de diverses époques.

La seconde conférence sur la place de l’homme dans la société, a été modérée par Dominique Picardo, acteur culturel, et animée par Edwige Roberval, analyste transgénérationnelle, Danielle Braud ancienne juge d’instruction, ainsi que les deux artistes. Tous ont fait part de leurs expériences. L’assemblée a participé au débat tout au long de la soirée, avec l’intervention de femmes et d’hommes qui ont partagé leur vécu et celui de leurs pères.

L’héritage des diverses situations historiques de La Réunion, dont l’esclavage, pouvant éclairer sur les violences actuelles, a été longuement évoqué, avec l’aspect psycho-traumatologique qu’il faut savoir rechercher, pour faire de la prévention, du point de vue de la victimologie. Le colonel Jean Vincent Berte commandant le RSMA-R a insisté sur l’importance de la confiance, des repères et de l’autorité posés par le père, censé incarner la loi. Selon lui, le père a un rôle fondamental d’ouverture du lien mère-enfant, sans oublier celui de « rampe de lancement » de l’enfant vers le monde extérieur. Le colonel a repris une citation de Jean Vanier, créateur de l’Arche en 1964 : « maman dit « je t’aime », papa dit « j’ai confiance en toi ».


AMOUR

Au-delà de tout conflit,
Marier nos différences,
Ouvrir nos cœurs,
Unir leur essence,
Réveiller la vie…

Alice Ranorojaona-Pélerin

CARENCE ET ABSENCE

Carence et absence
Synonyme de souffrance
Plombent l’avenir
Jusqu’à la descendance…

Alice Ranorojaona-Pélerin


PÈRE

Indicibles émotions :
Amour, joie, appréhension,
Pouvant aller jusqu’à la peur,
Mais aussi du bonheur…
Par cette transmission,
Passer à la postérité
Avec une immense fierté
Chargée de responsabilité.
Et au nom de l’amour,
Balayer tous les doutes
Pour avancer coûte que coûte,
Faire au mieux tous les jours…

Alice Ranorojaona-Pélerin


« EQUI-LIBRES »

Rester dans l’équivalence,
En gardant les différences.
Être complémentaires
Devenir solidaires,
Savoir se compléter
Dans un total respect.
Oser être libres
Dans un parfait équilibre…

Alice Ranorojaona-Pélerin


VOYAGE VERS LA VIE

Toi tu as la carte,
Moi j’ai la boussole.
Ecrivons notre charte,
Pour tenir chacun son rôle.
Nous voilà en chemin,
La main dans la main
Sur la route de la vie,
Où l’amour peut être infini…

Alice Ranorojaona-Pélerin


À LA RACINE DE LA VIOLENCE

C’est une réalité,
Nous avons tous, défauts et qualités.
La personne que l’on aime
Qui présente un problème.
Est comme cette feuille de papier
Avec l’endroit et l’envers,
Que l’on ne peut séparer.
Nous devons la prendre en entier.
S’il s’agit de ton père,
Avant que tu ne le juges,
Tu devrais chercher plus loin,
Tu trouveras le chagrin,
Et tu peux briser ce lien,
Car c’est lui le vrai coupable.
Ni justification,
Ni excuse,
Mais simple explication.
Avec la liberté
Que tu y auras gagnée,
Trace ton propre chemin.
Quand il y a de la violence,
Cherche toujours la souffrance
Qui est à son origine,
Pour qu’on l’élimine.

Alice Ranorojaona-Pélerin


LE MOT DU PERE

Donner un sens
A ce passage sur terre,
En une seule danse
Nous avons su faire…
En toute dignité,
Prolonger l’humanité,
Comment réussir
Un tel défi ?
Pourrons-nous tenir,
Chacun par une main,
L’enfant en ton sein,
Jusqu’à son autonomie ?
Garde-moi ma place
Entre toi et lui,
Laisse perdurer ma trace,
Même en mon absence.
Ne me mets pas de côté,
Dans ta toute puissance
A donner la vie,
Ne ternis pas mon image
Dès le moindre conflit,
Et nous lui laisserons un message
D’amour et de respect.
Pour célébrer l’œuvre
De nos deux vies,
En toute harmonie,
Je me sens de faire preuve
D’un véritable génie :
A apprendre l’écoute,
A virer mes doutes,
Reconnaître mes torts,
Pour que toutes nos épreuves
Nous rendent plus forts !

Alice Ranorojaona-Pélerin



Photos du vernissage (15 novembre 2016)




www.joel-pelerin.com


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