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Anne-Marie Gisèle Indiana, postière depuis 1975, vit à Marseille

Publié le 11 août 2007
Anne-Marie Gisèle Indiana
"Partir en métropole à l’époque, c’était un peu l’aventure. Le rêve aussi pour beaucoup de jeunes Réunionnais. Je suis arrivée à Paris à tout juste 18 ans, en sandales, après mon concours P.T.T. Direction un foyer pour jeunes filles dans le 15e arrondissement…"

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je suis née à Piton St leu, élevée par mes grands parents dans un milieu modeste jusqu’à l’age de 14 ans. J’ai ensuite été récupérée par ma mère qui vivait sur le port, où j’ai continué ma scolarité. Pas de lycée à l’époque dans cette ville : le déplacement se faisait sur St Paul".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"En 1975 par un concours des P.T.T., après la grande grève de 1974. C’était un peu l’aventure. Partir en métropole à l’époque, c’était le rêve pour les jeunes Réunionnais, de plus dans la fonction publique".

Racontez-nous vos débuts.

"Arrivée en automne avec des sandales et des pantalons bottes larges (ça caillait !), on nous attendait en car. Direction un foyer pour jeunes filles dans le 15e arrondissement à Paris. Le lendemain le groupe se dispatchait dans plusieurs bureaux de poste. J’ai atterri dans le 16e. Le métier de facteur à Paris, pour moi, pauvre petite créole avec un français pas parfait, c’était très difficile. Heureusement on restait entre Réunionnais et on se retrouvait le samedi soir en boite pour des soirées créoles".

Que vous a apporté la mobilité ?

"Personnellement je suis sortie de mon milieu très modeste. J’ai appris à communiquer sur tous les sujets, même tabous".

Anne-Marie Gisèle Indiana

Quels sont vos projets ?

"A mon âge plus de projets. J’attends de passer ma retraite à la Réunion".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"TOUT. Surtout la cuisine de ma mère et son civet tangue".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Dommage que la Réunion ne vive plus de ses ressources comme la canne à sucre ou encore l’or noir qu’est le café. On a une belle île ; il faut attirer plus de touristes en baissant le prix des hôtels".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Agréable, surtout pour notre gentillesse et notre métissage. On dit que les Réunionnais sont tolérants".

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Ici à Marseille on se retrouve avec un peuple aussi mélangé. Mais la différence se voit et s’entend. On n’a pas tous l’accent marseillais. Il fait bon y vivre quand même. Il y a la mer et le soleil, mais je préfère quand même mon océan !"

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Ne quittez pas la Réunion pour voir la métropole sur un coup de tête. Vous les jeunes vous avez plus de chance que ma génération de suivre des études. Blindez vous de diplômes, partez vers d’autres pays si vous parlez d’autres langues comme le chinois ou l’arabe".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"Super, très bonne idée. J’ai retrouvé deux personnes : une en Chine et une en Australie".

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