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Laurent Dennemont, 27 ans, adjoint de la commune d’Ixelles (Belgique)

Publié le 24 décembre 2005

Prenez un sportif passionné, ajoutez-y un tempérament d’entrepreneur, et vous aurez le parcours de Laurent Dennemont, qui le conduit aujourd’hui au poste d’adjoint à la direction de la jeunesse et des sports de la commune d’Ixelles, dans l’agglomération de Bruxelles... après un long périple à travers plusieurs pays d’Europe. Tout commence par une Licence STAPS décrochée à l’Université du Tampon. Laurent passe avec succès les concours d’admission à l’IUFM. "C’est à ce moment que j’ai réalisé que j’allais certainement devenir professeur d’EPS, et ce, pour le restant de mes jours, confie-t-il. Ce si beau métier avec ses congés payés, ses horaires fixes et sa retraite assurée. Mon avenir était tout tracé, et paradoxalement je ressentais un grand vide. J’ai alors décidé de continuer mes études en m’inscrivant à l’Université de Montpellier, en maîtrise de management du sport. Cela m’a permis de me forger une expérience et de vivre ma vie comme je l’entendais". Laurent participera au 1er village de la diaspora réunionnaise du 14 au 16 octobre 2009 à Saint-Denis.

Laurent Dennemont
Laurent (avec les lunettes) lors de retrouvailles avec des dalons réunionnais à Bruxelles, pour le jour de l’an 2004.

Que s’est-il passé ensuite ?

"A mon arrivée à Montpellier, j’ai rencontré toutes les difficultés du monde pour m’inscrire, car même si la mobilité est prônée par tous, dans la réalité il faut se battre pour s’inscrire au sein d’une université qui dispense une formation disponible à la Réunion. Il a ensuite fallu trouver un logement, ouvrir un compte bancaire, et se confronter aux réalités d’une vie autonome et loin de ses proches. Je me suis intéressé à l’actualité nationale et internationale, et j’ai découvert un monde complexe en perpétuel mouvement, où tout va très vite. Moi qui n’avais connu que la stabilité, ayant grandi tranquillement au milieu de ma famille, j’étais confronté pour la première fois à la réalité. Loin de me laisser submerger, cela me fascinait et, curieux de nature, je me suis intéressé à la politique et à l’économie, notamment celle du sport".

C’est l’épisode "agent de joueurs" de votre parcours.

"Une fois la maîtrise en poche, nous avons décidé avec un ami de la Réunion de passer l’examen d’agent de joueurs, à Paris, auprès de la Fédération Française de Football. Fort de notre connaissance des nouveaux règlements de la FIFA et motivés comme jamais par cette nouvelle entreprise, nous avons décidé de nous lancer dans le football professionnel. Nous sommes restés sur la Grande Motte jusqu’en février 2002, date à laquelle nous avons décidé de nous installer à Londres, centre mondial du foot business. Je vous passe toutes les péripéties de notre installation dans un pays étranger -là encore il faut se battre pour faire valoir son statut d’Européen ! Nous y sommes restés le temps de créer notre société, International Football Agency Ltd, développer notre réseau, travailler sur différents dossiers, et finalement nous rendre compte au bout d’un an et demi de galère et de travail acharné, que ce monde fermé du football professionnel ne nous correspondait pas. Il est vrai que nous étions alors confrontés à des pratiques très douteuses et de mœurs auxquels nous ne souhaitions pas adhérer. Réussir oui, mais pas à n’importe quel prix !"

Et enfin la Belgique...

"Nous avons rejoint le frère de mon associé en Belgique, et nous nous sommes installés en collocation en 2003 dans un immense et lumineux appartement à Bruxelles. J’ai alors suivi un 3ème cycle en Sport Business Management à la Slovay Business School. Cette formation m’a permis de me constituer un réseau intéressant dans le domaine sportif en Belgique, ce qui m’a certainement aidé à décrocher mon boulot de responsable d’un service Sport, Jeunesse, Famille et Jumelage au sein de l’administration communale d’Ixelles, une commune dynamique de la région Bruxelles-Capitale. Je suis pleinement satisfait de ma situation actuelle, et me retrouve finalement fonctionnaire après un parcours quelques peu chaotique. La boucle est bouclée…Mais je reste attentif aux opportunités qui peuvent se présenter, notamment pour un retour à la Réunion".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Un regard nouveau sur le monde dans lequel on vit, et la conscience d’une responsabilité personnelle sur l’évolution des choses. Chacun doit apporter sa pierre pour construire « son » futur et il est futile, voir dangereux, de croire que certaines choses ne peuvent nous atteindre sous prétexte que l’on vit dans une île paradisiaque perdue au milieu de l’Océan Indien. Ainsi, la vie d’un coupeur de cannes peut être chamboulée par une simple décision de la Commission Européenne en matière d’aides financières. Nous vivons dans un monde global complexe, et la seule manière de ne pas le subir est de s’y intéresser afin de pouvoir faire valoir ses idées et ses valeurs".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?
"Je pense que l’île se trouve à un tournant, notamment vis-à-vis de sa dépendance des subventions européennes à la canne à sucre. Cette situation, même si les autorités européennes ont dernièrement voté un sursit, ne saurait être viable à long terme, notamment sous la pression de l’OMC et des pays comme le Brésil. La Réunion doit donc dès à présent préparer son avenir, diversifier son économie, et valoriser ses atouts (patrimoine, tourisme vert et d’aventure, etc.). Au niveau social, il faudrait multiplier les projets de mixité sociale et ne pas arriver à la situation métropolitaine des HLM-guettos… Nous avons la chance de vivre dans un contexte inédit de brassage social, culturel et religieux alors faisons tout pour conserver et préserver cette harmonie.
Au sein de la commune d’Ixelles, les échevins (conseillers communaux) seraient même partants pour un jumelage avec une ville sous les tropiques…A bon entendeur !"

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