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Ile de la Réunion, kan moin lété encor lécole

Publié le 28 février 2010

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Pas si vieux étais tu dans cette vague...

Je me vois encore sur le banc de ma classe,
les doigts pleins d’encre, cachés dans le pupitre,
ces mêmes parties de mon corps servaient d’interface entre la table,
et la règle de métal du maître de ces lieux,
le maton des écoliers, celui qui a fait des études
pour nous brimer.

Je n’étais pas le cancre notoire du quartier,
on était tous une bande de gamins qui n’avaient
que nos yeux pour pleurer, une grappe d’enfants
à vouloir fuir ces lieux, la seul raison de pas le faire
la raison du ventre, la nourriture du midi,
l’économie de la famille, la gentillesse des cantinières,
surtout celles qui remplissaient bien nos assiettes.

Le soir à la sortie derrière le hangar qui servait le réfectoire,
on était tous là dans l’un de ses rôles, spectateurs acteurs avocats ou juges à règler nos différents sans la vision des grands. Le regard, l’intimidation première étape, avant la confrontation physique,
si le verdict n’était pas concluant, et décisif on remettait ça les jours suivant.

Après tout ça tu rentres chez toi, et commences la corvée du soir, chercher de l’herbe et du bois pour nourrir les bêtes,
alimenter la petite cuisinette, balayer la cour,
brûler les feuilles mortes, faire de la fumée, éloigner les insectes,
charrier de l’eau, remplir la réserve un bidon de 100l,
enfin la corvée terminée tu as le droit de jouer un peu
à la ronde et à la marelle avec les filles du voisinage,
jusqu’au dîner.

Avant d’apprendre tes leçons,
tu te laves juste les pieds pour éviter
de salir l’unique drap qui se trouve sur ta couche,
après quoi tu pouvais récupérer la lampe à pétrole
de la pièce principale, diminuer la hauteur de la mèche
pour éviter d’avoir trop de fumée dans les orifices du nez,
et tu essaies d’apprendre les points forts de la leçon
pour ne pas passer pour un couillon devant le reste de la classe.

Le matin au réveil il faut bien te moucher te décrasser le nez,
tu éteins la lampe tu vas au petit coin tu fermes les yeux
pour ne pas voir les habitants de ces lieux, les asticots les cafards, etc.
Le jour se lève le soleil est déjà là,
tu repars en mission comme les autres fois.

A. AMMANY

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